ADDUCTION L'aqueduc du Rhône à la Catalogne est écologiquement neutre

Ce projet, estimé à 7 milliards de francs environ, jouerait un rôle structurant pour la sécurisation de l'alimentation en eau de la Catalogne. Son impact sur l'écologie du fleuve et l'environnement serait, selon les études menées, négligeable.

Actuellement, les Catalans (4,5 millions d'habitants) disposent de trois fois moins d'eau que les habitants de Madrid. Et, en Espagne, les perspectives climatiques sont pour le moins pessimistes, avec en point de mire le spectre d'une désertification croissante (1). De l'autre côté de la frontière, la SEM BRL (2), concessionnaire de l'Etat français depuis 1955 (détenue à 64 % par les collectivités locales de Languedoc-Roussillon), gère le Rhône, fleuve qui dispose d'un débit moyen de 1 700 m3 par seconde.

D'où le projet de BRL, soutenu par les Catalans, d'un aqueduc de 316 km de long (coût estimé : entre 6 et 8 milliards de francs) qui, au départ de Montpellier, apporterait l'eau du Rhône au sud de Planta del Ter, en suivant la mer et les autoroutes A9 et A7, pour alimenter la Catalogne.

Le plus difficile : le montage juridico-financier

Mais un débat est ouvert depuis l'origine du projet : quelles conséquences des prélèvements de 15 m3/seconde auraient-ils sur l'équilibre écologique du Rhône ? C'est à cette question qu'a répondu, le 28 juin, le professeur Desbordes, au nom de la Sepa LRC (3), société d'experts créée le 27 novembre 1997, sur l'initiative de BRL. « Sept études ont été conduites, y compris par des cabinets indépendants. Elles concluent qu'avec un prélèvement de 15 m3/seconde sur un débit moyen annuel de 1 700 m3/seconde, soit 1 % des apports du Rhône, il n'aurait qu'un impact très secondaire sur le Rhône, ce fleuve étant la dernière grande ressource en eau sous-utilisée en Europe », a-t-il expliqué à Paris.

Le transport de matière solide passerait de 7 à 13 millions de tonnes par an. L'impact serait également insignifiant sur les étiages et l'évolution du « coin salé » ; la conduite étant enterrée de la frontière à Barcelone (voir schéma). Enfin, il est prévu que quand le débit chute à 4 000 m3/seconde (ce qui se produit quatorze jours par an), la prise sera fermée afin de préserver la qualité de l'eau (elle passera du niveau A2 au niveau A3, ce qui reste très bon). Quant au canal, il est prévu de la curer tous les trois ans.

Mais le plus dur reste encore à faire : à savoir le montage juridique et financier, avec une prise de risque financier sur vingt ans. S'agissant d'une concession, un traité entre l'Espagne et la France serait nécessaire. « L'apport de BRL ne représenterait que 1,5 % de l'eau utilisée en Espagne et, au prix où sera vendu le mètre-cube (+ 15 % à + 20 % de plus que le prix actuel), les agriculteurs français n'ont rien à craindre en matière d'irrigation », conclut un dirigeant de BRL.

(1) La région de Barcelone dispose de faibles ressources naturelles : 265 m3/habitant et par an, alors que le seuil considéré comme critique est de 1 500 m3/hab./an. Soit un déficit de 175 millions de m3/an, qui passera à 325 millions de m3 en 2010. (2) Société d'économie mixte Bas-Rhône-Languedoc. (3) Sepa LRC : Société d'études et de promotion pour l'aqueduc Languedoc-Roussillon/Catalogne.

GRAPHIQUE : Profil hydraulique de l'aqueduc - 320 kilomètres enterrés

L'ouvrage permettra d'assurer en Languedoc-Roussillon et dans la province de Gérone des dessertes en eau pour les collectivités.

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