Pierre-Louis Faloci, Grand prix national d’architecture, choisi pour rénover l’école nationale d’architecture de Toulouse, un bâti remarquable, hérité de Candilis disciple de Le Corbusier. C’était le scénario prometteur annoncé en 2020, par l’Etat et la région Occitanie - maître d’ouvrage -, co-financeurs du projet avec le conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole.
Pourtant, depuis, rien ne s’est passé comme prévu. « Je dirais même que tout est parti de travers, et aujourd’hui, nous tous, enseignants et étudiants, subissons une situation devenue intenable », résume avec résignation Jean-François Marti, enseignant chercheur dans l’établissement et co-signataire d’une pétition lancée il y a quelques semaines pour sauver le projet. En effet, l’école construite dans les années 1970 avait été conçue pour accueillir 300 étudiants. Ils sont aujourd’hui 700, ne disposent d’aucun amphithéâtre et doivent se contenter de constructions modulaires pour suivre certains cours.
Des travaux plombés par la loi des séries
Pour expliquer cette situation, il décrit une succession d’évènements malheureux. « L’équipe de maîtrise d’œuvre a été choisie en février 2020, quelques jours avant le Covid, mettant immédiatement le projet en stand-by, une première fois. Il a ensuite redémarré au moment de la guerre en Ukraine qui avait totalement fait flamber les coûts des matériaux de construction, rendant l’enveloppe financière de départ (coût global de 26 millions d’euros HT) intenable. »
En effet, en 2021, un premier appel d’offres a été déclaré infructueux. « Nous avons entièrement retravaillé le projet pendant des mois et mis en œuvre des solutions qui ont fait baisser le coût des travaux pour atteindre 20 millions d’euros », raconte aujourd’hui Pierre-Louis Faloci. « Un second appel d’offres bouclé en avril 2024, était lui, fructueux à 90 %, assure l’architecte. Tous les lots majeurs passaient, et nous étions prêts à démarrer les travaux dans les deux mois. Pourtant, depuis cette date, nous n’avons plus reçu aucune nouvelle du maître d’ouvrage. C’est totalement incompréhensible pour nous. » Les offres, prorogées deux fois depuis, ont expiré le 7 mars 2025.
A la recherche d’un nouveau plan de financement
Du côté des financeurs, malgré des coûts de travaux revus à la baisse, on dénonce toujours une facture globale trop élevée (33,5 millions d’euros, au-delà donc des 26 millions d’euros initiaux), dont 4 millions auraient déjà été dépensés en différentes études à ce jour. En 2020, l’Etat s’était engagé à financer à hauteur de 10,6 millions d’euros, la région 11,4 millions d’euros, le conseil départemental de la Haute-Garonne, 2 millions d’euros, et Toulouse Métropole, 1,5 millions d’euros. Contactés par Le Moniteur, le conseil départemental de Haute-Garonne n’a pas souhaité s’exprimer, de même que la région Occitanie qui assure cependant que l’on discute activement en coulisses. Concernant Toulouse Métropole, son président Jean-Luc Moudenc assure de son côté « maintenir son financement d’1,5 million d’euros et s’étonner que le plan discuté le 19 février dernier lors d’une réunion extraordinaire organisée par le préfet d’Occitanie Pierre-André Durand n’ait pas débloqué la situation ». Dans une réponse écrite, la préfecture précise que « ce projet, programmé en 2018, a été fortement impacté par l’inflation au point de devoir revoir le plan de financement et que l’Etat, sous la houlette de Pierre André Durand, mène la concertation des partenaires qui devrait permettre d’arrêter un plan de financement et d’aboutir à la réalisation du projet. »