A Strasbourg, le quartier Deux-Rives prend de la hauteur dans sa concertation

Des tours, il y en aura bien au bord du Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin). Mais la municipalité l’assure, elle en a suffisamment bien préparé le terrain, grâce à une concertation de plusieurs mois qu’elle estime renouvelée, pour que ce sujet sensible rencontre l’acceptation des riverains.

Réservé aux abonnés
Concertation Port-du-Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin)
La concertation prend des formes multiples d’ateliers, forums et visites de terrain, depuis début octobre.

Dans le cadre de la réalisation de la ZAC des Deux-Rives reliant la bordure sud-est du centre-ville au Rhin, le secteur « Rives du Rhin », directement collé au fleuve, concentre les débats et les principales remises en question par la nouvelle municipalité EELV de la programmation urbaine élaborée lors des précédentes mandatures socialistes.

C’est ce morceau de ZAC qui interagit le plus avec le quartier populaire du Port-du-Rhin, l’un des plus pauvres de la ville, dont les 1 500 habitants craignent une gentrification par l’effet des futures constructions. La hauteur de celles-ci suscite aussi leur inquiétude. « Ce point est revenu régulièrement lors de la concertation de cet automne. Les habitants ne veulent pas que des tours viennent leur boucher la vue sur le fleuve », relate Yasmina Chadli, l’élue municipale référente du quartier.

Or, « il ne faut pas se le cacher : il y aura de la hauteur », rappelle Jean Werlen, autre conseiller municipal et président de la SPL Deux-Rives aménageuse de la ZAC du même nom. Les grandes lignes sont déjà fixées : six tours sont prévues jusqu’à 50 mètres de hauteur. Une gradation sera instaurée, d’une hauteur d’environ 20 mètres correspondant au « sommet » des immeubles actuels de logements du quartier vers les nouvelles cimes de 13 étages qui s’installeront directement au bord du Rhin. Mais ces tours seront « fines » de sorte à garder la vue des immeubles actuels sur le Rhin, assure Jean Werlen. « La relation est apaisée sur cette question avec les riverains, de sorte à ce que le projet soit accepté », estime Yasmina Chadli.

Maquettes démontables

Ceci grâce à la concertation telle que mise en place et qui renouvelle le genre de l’exercice, selon les élus strasbourgeois. Depuis début octobre, ateliers de travail, balades urbaines à vélo, rencontre « forum », exposition « interactive » et journal « participatif » se sont accumulés, avec l’accompagnement de l’agence Ville ouverte. Egalement relatifs aux trois autres secteurs de la ZAC (Citadelle, Starlette et Coop), ces rendez-vous se sont déroulés à un stade de projet suffisamment en amont pour viser une co-construction effective avec une centaine d’habitants actuels et futurs volontaires, selon les élus. Ils se sont notamment tenus au centre socioculturel de quartier, lieu bien connu et fréquenté de la population, de façon à la mettre à l’aise. « On a travaillé avec des maquettes démontables et remontables par les habitants, ce qui les rend participants actifs et leur montre que les projets ne sont pas arrêtés », signale Jean Werlen. « En réponse à une préoccupation récurrente, nous avons clairement affirmé le maintien d’une promenade le long du Rhin. Dans le précédent mandat, la réponse à cette question avait été perçue comme ambiguë », ajoute-t-il. Le dernier atelier se déroule ce mercredi 8 décembre. Et hier mardi, est parue la première édition du journal participatif – une périodicité de quatre numéros par an est visée - rédigé avec un groupe d’habitants qui y décrivent la réalité du quartier dont ses difficultés, ainsi que leurs attentes.

Concertation Port-du-Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin)
Concertation Port-du-Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin) Concertation Port-du-Rhin à Strasbourg (Bas-Rhin)

Les habitants contribuent à la rédaction d’un « journal participatif » exprimant leur regard sur le quartier du Port-du-Rhin et leurs attentes quant à son futur. © Christophe Urbain pour la SPL Deux-Rives

Des révisions « de fond en comble »

Le secteur « Rives du Rhin » accueillera en outre deux écoles, l’une neuve et l’autre restructurée en profondeur. Quant au programme de la « Cour des douanes » à la frontière franco-allemande qui avait été attribué sur plus de 30 000 m2 à Bouygues Immobilier et Linkcity peu avant les élections municipales en décembre 2019, « il sera revu de fond en comble », confirme Jean Werlen.

Les élus n’ignorent pas que les prochains mois, marquant le début de concrétisation de la nouvelle approche du secteur, seront décisifs. Yasmina Chadli et Jean Werlen le concèdent de concert : « On s’est donné les outils pour réussir. Réussira-t-on pour autant ? Ce qui le dira, c’est la perception qu’exprimeront les habitants ».

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !