Considérée comme une énergie noble, l’électricité présente a contrario un vilain défaut, celui d’être difficilement stockable. Un biais qui jusqu’à aujourd’hui façonne notre modèle énergétique national, reposant essentiellement sur le nucléaire pour la production électrique de base. Les défenseurs de l’énergie nucléaire comme les détracteurs des énergies renouvelables (quand ce ne sont pas les mêmes) pointent cette nécessaire continuité de la production de base, du fait de l’incapacité de stocker l’énergie produite. Il apparaît donc que des énergies « intermittentes », telles que le solaire ou l’éolien, feraient un saut qualitatif si elles étaient assorties de capacités de stockage. Techniquement possible, le stockage d’électricité à l’aide de batteries reste toutefois trop onéreux pour accéder à une diffusion de masse. Bien souvent, il se cantonne aux sites isolés.
Mais la donne pourrait changer à plus ou moins brève échéance. Comme souvent, l’Allemagne fait figure de modèle, pour avoir fait preuve d’un réel volontarisme politique quant à la généralisation de l’auto-consommation d’électricité. Dès 2009 a été instauré outre-Rhin un barème tarifaire dans le cadre duquel les usagers ne vendent que l’électricité produite en surplus. Selon Hamid Batoul, chef du département solaire de Schüco, l’Allemagne va encore plus loin, en ouvrant la voie au stockage, en « [soutenant] les fabricants et les développeurs. Il est vrai qu’en Allemagne, le coût du kWh électrique est de l’ordre de 24 centimes d’euros, contre 13 centimes d’euros en France. » À ce titre, la fameuse « parité réseau », point de croisement des courbes des prix du kWh de marché et celui produit par des Enr, s’avère plus accessible à plus brève échéance en Allemagne qu’en France.
Photovoltaïque : stockage et injection gérés en temps réel
Schüco fait partie de ces fabricants qui font le pari de l’autoconsommation. Ce spécialiste des baies vitrées et du PV développe le concept « Energy 3 », consistant en un kit solaire piloté par une unité centrale, elle-même composée de plusieurs organes : onduleurs ; batteries de stockage et régulation. Pour le stockage, le choix du fabricant s’est porté sur des batteries lithium/ion, option qui, semble-t-il, fait consensus : « Cette technologie est privilégiée en Allemagne comme partout ailleurs dans le monde pour le stockage de moyenne capacité », explique Hamid Batoul. La « tour » du concept Energy 3 devrait être proposée en deux options, l’une avec une capacité de stockage de 4 kWh, l’autre de 8 kWh. L’organe de régulation est chargé de déterminer en temps réel le meilleur usage de l’électricité - vente ou stockage - produite par les modules PV, en intégrant les coûts de l’électricité et le prix d’achat pour une réinjection sur le réseau.
Si Schüco a déjà communiqué sur cette solution, la phase de développement n’en est qu’à ses prémices : « Deux installations pilotes sont actuellement "monitorées" en Allemagne, indique Hamid Batoul. Nous-même [au niveau de la filiale française - ndlr] travaillons à la réalisation d’un site pilote d’ici à la fin de l’année. »
Outre, le PV, l’éolien domestique, encore appelé « petit éolien », voire « micro-éolien », est un autre choix possible pour une production d’énergie décentralisée. Souvent préconisé en site isolé au même titre que le PV, il est fréquemment associé à des batteries de stockage.
Éolien : aux champs plus qu’à la ville
Les allées du récent Salon des énergies renouvelables à Paris (3-5 avril dernier) regorgeaient d’exposants proposant des éoliennes domestiques. Au premier abord, les plombiers-chauffagistes y sont les bienvenus, au même titre que les électriciens, les installateurs « EnR », voire les couvreurs ! Mais attention au miroir aux alouettes : il semble peu probable de voir de petites éoliennes fleurir sur tous les toits de France.
La première raison en est que les conditions d’achat de l’électricité produite par une éolienne ne sont pas suffisamment attractives pour susciter un engouement de masse, comme cela a pu être observé, jusqu’à l’excès, pour le PV. La deuxième raison est d’ordre technique : « J’observe souvent des hauteurs de mâts ne dépassant pas les 12 m (limite pour laquelle un permis de construire n’est pas requis), note Julien tauler, installateur électricien (voir par ailleurs). C’est une aberration ! Selon moi, une éolienne fonctionne de façon optimale à partir de 24 m de hauteur. J’observe également de nombreuses installations d’éoliennes verticales : elles sont moins efficaces que les éoliennes horizontales. De fait, il s’agit là plus d’un souci d’affichage ou de communication que d’efficacité. » Le troisième frein au petit éolien est d’ordre urbanistique : « Le micro-éolien a du mal à s’imposer en agglomération, constate Pierre Ulliac, chargé de mission bâtiments durables au sein de l’Agence locale de l’énergie de Lyon. Les Plans locaux d’urbanisme empêchent souvent leur implantation. De plus, la typologie des villes n’est pas favorable : les vents y sont inconstants en fréquence et en vitesse. »
Au vu de tous ces éléments, le petit éolien semble cantonné aux sites non desservis par un réseau de distribution, ruraux et bien dégagés. Dans ce cas de figure, il a toute sa pertinence, associé à du PV et à des batteries de stockage.
Les plombiers-chaffagistes purs et durs se tourneront plus volontiers vers les chaudières électrogènes, censées préfigurer l’avenir. Sauf que, depuis plusieurs années déjà, leur commercialisation de masse est régulièrement différée, les fabricants misant à court terme sur les produits hybrides (chaudière et PAC). Annoncée pour ce printemps, la chaudière Viessmann à moteur Stirling, n’a pas pointé le bout de son nez… Idem chez De Dietrich, dont le prototype a pourtant fait l’objet de tests en situation sur l’ensemble du territoire. Ces produits sont dimensionnés pour favoriser la consommation d’électricité in situ, le surplus pouvant être injecté et acheté par EDF au tarif bleu.
À noter également que ÖkoFEN France développe actuellement deux prototypes de chaudière électrogène à pellets, l’une à moteur Stirling, l’autre reposant sur un cycle de Rankine (voir JDC n° 190, p. 56).








