Ecoles, logements : les premières orientations de la nouvelle équipe municipale de Marseille

La Ville de Marseille a voté, ce lundi 27 juillet, des crédits de 50 millions d’euros pour mettre en sécurité les écoles et lutter contre l’habitat insalubre.

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Projet de restructuration-surélévation de l’école Sainte-Marguerite à Marseille 9e conçue par l’agence 28.04 Architecture pour un coût de 1,3 million d’euros HT. Le chantier démarre. La livraison est prévue à la rentrée 2021.

« C’était le temps d’avant ». C’est avec ces mots que Michèle Rubirola, la nouvelle maire de Marseille, a introduit, ce lundi 27 juillet, le débat sur le budget primitif 2020 rappelant que ce n’était pas le sien car préparé avant le confinement par l’ancienne municipalité

Ainsi, « faute de temps », il ne comprendra que quelques réajustements de crédits traduits dans la décision modificative n° 2. Mais ils ont une valeur symbolique puisqu’ils consistent à « mettre en place les premières orientations de la nouvelle équipe municipale sur le logement et les écoles. Cela est possible grâce à un emprunt redirigé selon nos priorités sans toucher l’équilibre budgétaire », a affirmé au Moniteur Joël Canicave, adjoint en charge des Finances, des Moyens généraux et des Budgets participatifs.

Mise en sécurité des écoles

Aux 60 millions d’euros par an consacrés au bâti des écoles vont donc s’ajouter 30 millions d’euros qui seront immédiatement mobilisés pour améliorer la sécurité, dès cet été, des établissements dans un état préoccupant. « Deux audits techniques ont été réalisés, l’un par l’ancienne municipalité, l’autre par le rectorat. Nous allons les étudier et établir des priorités. Les 30 millions ne vont pas tout régler. Il faut bâtir un plan Ecoles et une stratégie. Au 1er janvier 2021, nous espérons avoir réglé les problèmes les plus évidents de sécurité des écoles concernées », a précisé au Moniteur Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du plan Ecoles.

« La mise en sécurité va notamment passer par des aménagements extérieurs : signalisations, ralentisseurs devant les écoles, etc. », a-t-il poursuivi. A cet effet, il a écrit à la métropole Aix-Marseille-Provence, compétente en matière de voirie.

Lutte contre l’habitat insalubre

L’autre priorité est la lutte contre l’habitat insalubre. Pour cela, Patrick Amico, adjoint à la ville de Marseille en charge de la Politique du logement et de la Lutte contre l’habitat indigne, prévoit une enveloppe de 20 millions d’euros avec une moitié réservée aux travaux d’office dans le bâti privé et l’autre pour la rénovation du patrimoine municipal dont de nombreux immeubles sont frappés d’un arrêté de péril. Une cinquantaine d’immeubles auraient déjà été identifiés. « 20 millions d’euros, c’est insuffisant compte tenu de la situation à laquelle nous sommes confrontés, à savoir 40 000 logements déclarés indignes. Mais c’est une marque de notre volonté de travailler sur le sujet. C’est le début d’une action forte », a-t-il déclaré au Moniteur.

Fort de sa connaissance du sujet et de l’écosystème marseillais, l’ancien président du directoire d’ICF Habitat Sud-Est espère pouvoir collaborer avec la métropole Aix-Marseille-Provence, véritable pilote en la matière, et l’Etat, notamment, pour mettre en œuvre au sein de la SPLA-IN (voir encadré ci-dessous) le projet partenarial d’aménagement (PPA).

Audit financier

Le Printemps marseillais a fait campagne sur les écoles et le logement. L’adjoint en charge du plan Ecoles, Pierre-Marie Ganozzi, a fait partie du collectif qui s’est battu pour faire annuler les marchés de partenariat destinés à démolir une trentaine d’écoles GEEP et à les remplacer par des constructions correspondant aux nouvelles normes.

La nouvelle équipe municipale est très attendue sur le sujet. Ses membres le savent. C’est donc en septembre, lors du prochain conseil municipal, que sera présentée une stratégie. Pour l’heure, il faut répondre à l’urgence et lancer l’audit financier qui permettra de dresser un état des lieux de la « situation financière, patrimoniale et administrative ». Cette étude sera financée grâce aux économies réalisées sur les charges à caractère général : cérémonies, réception et relations publiques.

Rationaliser

« La ville s’est désendettée et cela s’est fait aux dépens des investissements. Nous recherchons la qualité du service public. Il faut investir. Pour trouver des nouvelles marges de manœuvre, il y a des économies à faire en termes de fonctionnement. Cela passe par la rationalisation, notamment de la commande publique, gérée par plusieurs services éparpillés », a déclaré au Moniteur Joël Canicave, adjoint en charge des Finances, des Moyens généraux et des Budgets participatifs.

« Toute seule, la ville de Marseille n’y arrivera pas. On a besoin de nouer des partenariats avec le département, la métropole Aix-Marseille-Provence », a-t-il poursuivi. Ces deux dernières collectivités sont tenues par Martine Vassal. Candidate aux municipales, l’élue LR et dauphine du maire sortant Jean-Claude Gaudin a perdu face à Michèle Rubirola.

Main tendue de la région

Renaud Muselier, président de la région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur, a déjà promis son aide. Dans un entretien accordée au quotidien La Marseillaise le 20 juillet, il a déclaré vouloir « tendre la main à la ville de Marseille » pour des opérations répondant aux objectifs de sa « COP d’avance », un programme régional visant notamment à réduire les pollutions et à lutter contre les îlots de chaleur. « Puisque j’ai cru comprendre que Madame Rubirola voulait tout verdir, je suis prêt à lui payer 80 % des arbres à condition qu’elle finance 20 %, qu’elle les plante et les arrose. Ce ne sont pas des paroles en l’air, sur la région, je planterai en octobre mon millionième arbre », rapporte La Marseillaise.

Chiffres clés du budget primitif de la Ville de Marseille

1,5 milliard d’euros de budget
1,042 milliard d’euros en fonctionnement
444 millions d’euros en fonctionnement
1,576 milliard d’euros d’encours de la dette au budget principal
1,634 milliard d’euros de dette consolidée
28,56 % de taux de la taxe d’habitation
24,02 % de taux de taxe foncière sur les propriétés bâties
24,99 % de taux de taxe foncière sur les propriétés non bâties.

La SPLA-IN est née

Il fallait que la société publique locale d’intérêt national (SPLA-IN) chargée de piloter la rénovation urbaine du centre-ville de Marseille (1 000 ha) soit opérationnelle en septembre. Les partenaires de la lutte contre l’habitat indigne, l’Etat, la métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille ont donc décidé de ne pas attendre le second tour des élections municipales. Le 17 juin, ils étaient tous réunis pour installer la SPLA-IN lors d’une assemblée générale constitutive. A cette occasion, a été validée la composition de son capital social de 14,290 millions d’euros détenu par la métropole Aix-Marseille-Provence (59 %), l’Etat, représenté par l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée (35 %) et la Ville de Marseille (6 %).
Il a également été décidé que la SPLA-IN s’installera dans l’immeuble Eko-Active au cœur du quartier d’affaires Euroméditerranée à Marseille.
Ce 31 juillet, la métropole Aix Marseille Provence va délibérer pour désigner ses 10 représentants au sein de la SPLA-IN. La ville de Marseille devra faire pareil pour nommer le sien. Du côté de l’Etat, la liste des six membres est déjà connue (Marie Aubert, préfète déléguée à l’égalité des chances; Jean-Baptiste Butlen, sous-directeur de l’aménagement durable du ministère de la cohésion des territoires; Rémi Costantino, secrétaire général de l’EPA Euroméditerranée; Jean-Philippe d’Issernio, directeur départemental des territoires et de la mer des Bouches-du-Rhône (DDTM13); Pascal Lefèvre, chef du bureau du ministère du Budget et Hugues Parant, directeur général de l’EPA Euroméditerranée).
Par ailleurs, en attendant le recrutement par arrêté du directeur général, Didier Kruger, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et membre du Commissariat général du développement durable, est DG de manière transitoire jusqu’en novembre.
Rappelons que cette SPLA-IN aura notamment comme vocation de traduire sur le plan opérationnel les ambitions définies dans le contrat de projet partenarial d’aménagement (PPA) : à savoir, la requalification de l’habitat privé dégradé intégrant l’ensemble des aménagements induits, la réalisation ou la poursuite des études aidant à la définition du projet urbain du centre-ville, et la mise en œuvre des opérations d’aménagement prévues dans les quatre îlots de la première phase.
Il est à noter que le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) du territoire Marseille-Provence a retenu 53 emplacements (environ 500 logements) destinés à intégrer le parc HLM.

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