Quarante après sa mise en service, le réseau de chaleur de Cernay (68) est entré dans une nouvelle ère: une chaufferie automatique au bois assure désormais l’essentiel des besoins en chauffage et ECS, en substitution d’équipements fonctionnant au gaz. «L’objectif était d’abord économique: nous voulions diminuer de 20 à 40% la facture de chauffage de nos concitoyens en améliorant la performance de nos installations, indique le maire Michel Sordi. Nous avons ensuite considéré les avantages écologiques de cette solution, qui repose sur les importantes réserves de bois de la région plutôt que sur des importations d’énergies fossiles, et soutient la création d’emplois locaux.» Toujours au plan environnemental, le recours au bois-énergie permettrait d’émettre 6400 tonnes de CO² par an, soit l’équivalent de 4100 véhicules.
Une utilisation tout au long de l’année
La chaudière est alimentée par un silo de 600 m3 correspondant à cinq jours de consommation. Le bois – en majorité des déchets, assure l’exploitant – est issu de forêts comprises dans un rayon de 50 à 80 km, avec des besoins annuels estimés à 6500 tonnes. La puissance de la chaudière atteint 4,2 MW auxquels il faut ajouter les 800 kW fournis par le condenseur récupérant la chaleur des fumées. «Une autre spécificité technique est la présence de trois ballons d’hydro-accumulation qui permettent de lisser la production durant les mois les plus chauds, ce qui autorise une utilisation de la chaudière tout au long de l’année», souligne Damien Siess, directeur adjoint à la direction Productions et énergies durables de l’Ademe. L’agence a subventionné 32% des 4,8 millions d’euros engagés pour l’équipement bois-énergie, le coût total des travaux atteignant 6,2 millions d’euros (extension de 5 kilomètres du réseau de chaleur, doublement du nombre d’abonnés dont un ensemble de 300 logements sociaux). L’investissement a été supporté par Cofely Services dans le cadre d’une délégation de service public de 18 ans.
Le gaz en complément l’hiver
Si la chaudière bois assure un taux de couverture de 85%, les équipements gaz restent un complément appréciable en hiver. «L’expérience nous montre que le recours au gaz s’enclenche quand les températures descendent sous les -5°C», rapporte Mathieu Albertus, responsable du département travaux pour Cofély Services en Alsace. Le réseau urbain est également doté d’une centrale de cogénération d’une puissance de 2,6 MW pour l’électricité, utilisée sur demande de l’opérateur public.