Quarante-cinq sites naturels ou architecturaux sont en lice cette année pour l'inscription au Patrimoine mondial de l'Unesco, pour une session qui débute samedi et devrait aussi prononcer -une première- des radiations de la liste, comme celle de la ville allemande de Dresde.
Le Comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), composé d'experts et de représentants de 21 pays élus par les Etats parties, se réunit à Christchurch (Nouvelle-Zélande) du 23 juin au 2 juillet pour choisir parmi les sites proposés ceux qui méritent d'être distingués pour leur "valeur universelle exceptionnelle".
L'Unesco ne divulgue pas la liste des sites présentés par les Etats pour éviter une "politisation" des débats, mais chaque pays est libre de le faire.
La France, qui réserve les candidatures de ses forts de Vauban (XVIIe siècle) et des lagons de Nouvelle-Calédonie pour le millésime 2008, a ainsi présenté cette année la ville de Bordeaux (sud-ouest).
Parmi les autres sites présentés cette année figurent l'Opéra de Sydney, la vieille ville de Corfou (Grèce), la place forte romaine de Gamzigrad-Romuliana (Serbie), le parc national de Teide (Espagne) ou l'île volcanique de Jeju (Corée du Sud).
"Chaque site proposé est visité par une équipe d'experts qui évalue aussi le plan de gestion présenté par les autorités", avant d'être soumis au Comité du patrimoine mondial, explique Sue Williams, du service de presse de l'Unesco.
Le Comité inscrit chaque année au maximum une trentaine de nouveaux sites à la liste créée à partir de la Convention de l'Unesco de 1972 sur la protection du patrimoine mondial.
Cette liste compte à ce jour 830 sites dans 139 pays, dont 644 sites culturels, 162 naturels et 24 mixtes.
En 2006, 28 sites avaient été ajoutés, comme les paysages miniers des Cornouailles ou le site archéologique de Behistun en Iran.
Pour la première fois, le Comité du patrimoine mondial devrait aussi prononcer cette année quelques radiations de sa liste prestigieuse, notamment celle de la Vallée de l'Elbe (Allemagne) qui risque d'être "déclassée" en raison de la construction controversée d'un pont dans la ville de Dresde, indique Mme Williams.
Ce site, inscrit en 2004 sur la liste du Patrimoine mondial, a été placé l'année dernière sur celle du Patrimoine en péril en raison du projet de la municipalité, validé par référendum.
Plusieurs autres sites figurant déjà sur la liste du Patrimoine mondial, devraient par ailleurs glisser sur celle du Patrimoine en péril.
Il s'agit des îles Galapagos (Equateur), menacées par "l'introduction d'espèces étrangères, le tourisme de masse et la surpêche", de la cité inca de Machu Picchu (Pérou) victime du développement urbain et touristique, et de la Tour de Londres, elle aussi mise en péril par un projet de gratte-ciel de 310 mètres de haut.
Enfin, le Comité du patrimoine mondial devrait donner son avis lors de la réunion de Christchurch sur la question ultrasensible des fouilles archéologiques et des travaux de réfection par Israël de la rampe d'accès à la porte des Maghrébins, une des entrées de l'Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam.
Une mission a été dépêchée sur place au début de l'année, et Israéliens et Palestiniens "se sont mis d'accord pour déplacer le problème devant les experts de l'Unesco pour le traiter comme une question technique", souligne-t-on à l'organisation.
Le Conseil exécutif de l'Unesco a réaffirmé en avril la nécessité de "protéger et sauvegarder" la vieille ville de Jérusalem, qui figure sur la liste du Patrimoine mondial et une mission d'experts a recommandé qu'Israël "cesse immédiatement" ses travaux.
Luc Perrot (AFP)