Ce 17 janvier, après une nouvelle après-midi de « discussions intenses » avec les concessionnaires autoroutiers (lire ci-dessous), la ministre des Transports Elisabeth Borne recevait la presse au ministère de la Transition écologique et solidaire. L’occasion de présenter les habituels vœux qui vont avec la période, et d’évoquer les dossiers qui rythmeront cette nouvelle année. Parmi eux, le vote attendu de la loi mobilités, ou encore la publication des derniers décrets et ordonnances de la réforme ferroviaire, en deux « paquets ».
Ces dossiers vont s’inscrire dans un contexte particulier, alors que l’on entre dans la dixième semaine de mobilisation des gilets jaunes. « Nous sommes à un moment de vérité, estime la ministre. Vérité qui est d’abord celle des constats : l’assignation à résidence qui frappe beaucoup de nos concitoyens crée un sentiment d’injustice. »
Un constat partagé
Ce diagnostic « exprimé de façon inédite » par le mouvement actuel, Elisabeth Borne le partage. « C’est un constat que je n’ai pas exprimé avec un gilet jaune, mais que je porte depuis longtemps, ajoute-t-elle. Il rappelle que la question des mobilités n’est pas un simple enjeu de grandes infrastructures, mais un défi pour notre société. »
Il implique non seulement de « répondre aux urgences légitimes, poursuit-elle, mais aussi d’assurer la réussite des grandes transformations dont notre pays a besoin. Elles ont sans doute été repoussées pendant trop longtemps, ce qui explique aussi les difficultés qui s’expriment ces dernières semaines. »
La LOM, le « socle de la réponse » à la crise
Pense-t-elle à la loi d’orientation des mobilités (LOM) ? Ce texte qu’elle porte, reporté à plusieurs reprises, et qu'elle souhaite voir voter avant l’été, soit un an et demi après la fin des Assise de la mobilité. Sans doute.
La ministre est en tout cas certaine que 2019 sera « une année décisive pour notre pays ». Et notamment pour les domaines dont elle a la charge, puisque la LOM « constitue le socle de la réponse » aux préoccupations actuelles.
Grand débat et financement
L’examen au Sénat de la LOM a été repoussé d’un mois : elle sera débattu en séance durant la deuxième quinzaine de mars, « en accord avec le président du Sénat », Gérard Larcher. Un nouveau report nécessaire cependant, pour prendre en compte les éventuelles remontées du Grand Débat national, qui s’achèvera peu avant. Cependant, « comme l’a rappelé le Premier ministre, il ne s’agit pas de refaire les Assises de la mobilité, mais de voir comment nous pouvons affiner certains dispositifs », assure Elisabeth Borne.
La ministre évoque notamment la prime à la conversion ou le forfait mobilité. Quid des financements ? Car pour pouvoir tenir la trajectoire inscrite dans la programmation des infrastructures, il manque toujours une ressource nouvelle pour apporter les 500M€ manquants aux calculs actuels.
« Nous n’avons pas mené ces discussions ces dernières semaines, reconnaît la ministre des Transports. Et nous avons des idées sur le sujet. » Ainsi, elle ne semble pas avoir fermé la porte à une contribution des transporteurs routiers. « Mais ils font partie de ceux qui ont été en première ligne avec la crise des gilets jaunes, certains ayant perdu jusqu’à 70% de leur chiffre d’affaires. » La ministre souhaite donc « reprendre les discussions » prochainement. Lorsque le contexte sera redevenu plus serein.