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En projet depuis 90 ans, la rocade L2, la plus célèbre et la plus attendue des voies rapides marseillaises, est intégralement ouverte à la circulation dans les deux sens depuis ce 25 octobre. A l’issue d’un chantier de quatre ans, les automobilistes peuvent désormais contourner la cité phocéenne du Nord à l’Est, et inversement.
A terme, plus de 100 000 véhicules devraient circuler chaque jour sur l’autoroute urbaine de 9,7 kilomètres et devraient accéder plus facilement aux autoroutes A7 et A50. Le temps de parcours annoncé est de 10 minutes. Un gain de temps précieux dans une agglomération engorgée.
Sa mise en service a été échelonnée dans le temps. Fin 2016, la section Est, un tronçon de 5,5 kilomètres entre l’échangeur de Florian et celui de Frais-Vallon, a d’abord été ouverte. Ensuite, est intervenue celle de la section Nord. Tronçon de 4,5 kilomètres entre les échangeurs Frais-Vallon et Arnavaux, elle a été ouverte à la circulation dans le sens A7-A50, le 17 octobre, puis dans le sens A50-A7, le 25 octobre.
La L2 a vocation à sortir le trafic de transit du centre-ville. Mais elle doit aussi contribuer à apaiser le cadre de vie. Enterré à 60 %, l’axe de contournement comporte sept points d’échange et huit tranchées couvertes, illustrant le parti de libérer le maximum d’espace en surface.
Le chantier va d’ailleurs se poursuivre pendant un an encore par des projets d’aménagement urbain notamment, sous maîtrise d’ouvrage de la métropole Aix Marseille Provence, pour permettre les déplacements des piétons et des cyclistes sur un axe transversal nord-sud.
De son côté, la société de la rocade L2 (SRL2) doit terminer des travaux de surface.
PPP
Dans les cartons depuis les années 1930, le projet de contournement a connu de nombreux soubresauts. En 1993, l’Etat avait réalisé et mis en service un premier ouvrage. Puis, il avait mis en stand-by le projet faute de financements. La situation a été débloquée en 2007 avec la décision du gouvernement d’examiner la procédure du partenariat public-privé (PPP). Six ans plus tard, le 7 octobre 2013, l’Etat signait un contrat de partenariat avec la SRL2. Conduite par le groupe Bouygues, la société de projet est titulaire du marché de PPP sur trente ans : quatre ans de conception-construction et 26 ans de maintenance.
Depuis la réception officielle de l’autoroute en août dernier, l’Etat verse à la société un loyer annuel de 28,5 millions d’euros sur une durée de 26 ans pour couvrir le montant global de 743 millions d’euros en valeur courante.
Pour réaliser l’infrastructure, la SRL2 s’est appuyée sur le groupement d’intérêt économique L2 construction composé de Bouygues Construction, Colas et Spie Batignolles, ainsi que sur l’équipe de maîtrise d’œuvre conduite par Egis.
Innovante
En tant qu’autoroute urbaine, la L2 a fait l’objet du plus grand soin pour être sécurisée et surtout minimiser son impact sur les riverains par la pose, par exemple, de murs de soutènement de grande hauteur, d’écrans et de murs anti-bruit.
L’infrastructure est ensuite équipée, pour la première fois en France, d’un nouveau système de maintenance baptisé « Main courante informatique maintenance » (MCIM). Il permet une remontée automatique des demandes d’intervention de l’exploitant à la SRL2, qui assure la maintenance. Chaque demande doit obtenir une réponse et donner lieu à une intervention dans un délai contractuel. Ce système permet de garantir le niveau de disponibilité et de qualité de l’infrastructure pendant toute la durée du contrat.
L’amélioration de la qualité de l’air est l’autre préoccupation avec la pose de capteurs à différents endroits de la portion par un organisme indépendant AtmoSud, également chargé des relevés de mesures et analyses.
« Le prix de revient de la L2 est de près de 100 millions d’euros au kilomètre. Elle est trois fois plus cher qu’une autoroute classique, mais c’est une autoroute en site urbain, à 60 % enterrée et réalisée en site occupé. Le maintien de la circulation pendant toute la durée du chantier a nécessité beaucoup de moyens et demandé un phasage précis. Là a résidé la principale complexité du chantier », rappelle Inouk Moncorgé, directeur général de la société de la rocade L2.
Le financement
Les collectivités (la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le département des Bouches-du-Rhône, la métropole Aix-Marseille-Provence) et l’Etat portent les 2/3 tiers du coût d’investissement établi à 620 millions d’euros. Le reste l’est par la Société de la rocade L2 dont le groupe Bouygues est l’actionnaire principal, via l’emprunt obligataire. S’y ajoutent 80 millions d’euros pour des opérations connexes financées par le contrat de plan Etat-région : aménagement du secteur du MIN (marché d’intérêt national), travaux de parachèvement de la L2, relogement suite à des opérations de démolition.
La SRL2 est composée de Meridiam (35 %) Caisse des dépôts et consignations (35 %) Bouygues Construction (13 %) Spie batignolles (7 %) Colas Midi-Méditerranée (5 %)et Egis (5 %).
La rocade L2 en chiffres
• une autoroute sans péage à 2x3 voies (A507)
• longue de 9,7 kilomètres
• sept points d’échanges
• huit tranchées couvertes, une de plus d’un kilomètre sur le tronçon nord (tranchée couverte de Sainte-Marthe)
• cinq bassins de rétention des eaux dont trois enterrés, construits sous les voies de la L2
• sept bassins de traitement des eaux et deux bassins de rétention
Les équipements
• 214 caméras vidéo et détection automatique d’incident dont 146 sur la section L2 Est
• 5 550 luminaires
• 800 kilomètres de câbles, 39 kilomètres de chemins de câbles
• huit postes de transformation, 11 TGBT et 73 tableaux divisionnaires
• Ventilation avec 180 accélérateurs (ventilateurs de tunnels) et sept extracteurs de fumées
• 120 poteaux et bouches incendie, 13,5 kilomètres de réseau incendie et trois kilomètres de colonnes sèches
• 156 postes d’appel d’urgence
• 614 panneaux de signalisation dynamique
• une salle d’exploitation de 200 m² avec un mur d’image de 13,5 m²
Le chantier
• 180 000 m3 de béton
• 900 000 m3 de terrassement
• 250 000 tonnes d’enrobés
• 15 700 tonnes d’acier dont 3 000 pour les fondations profondes
• 300 000 tonnes de couche de forme