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« Villes vivantes. Ré-imaginer des architectures en prenant soin des milieux habités », voici le thème choisi par l’association Europan pour la 17e édition de son concours d’idées qui invite depuis près de vingt ans des professionnels, qu’ils soient architectes, urbanistes, paysagistes, artistes, géographes, écologues, etc., de moins de 40 ans à plancher sur des sites en transition proposés à la réflexion par des collectivités et aménageurs.
Le 2 juin, à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, Brice Huet, directeur par intérim de la direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature, Hélène Fernandez, directrice adjointe au directeur général des patrimoines et de l’architecture, chargée de l’architecture, Catherine Chevillot, présidente de la Cité de l’architecture et du patrimoine, et Alain Maugard, président d’Europan France, vont réunir les collectivités et aménageurs, porteurs de projets des dix sites français retenus pour une journée d’échanges.
Celle-ci permettra notamment de prendre la mesure du périmètre de réflexion d’une quinzaine d’hectares, situé aux franges de l’opération d’intérêt national (OIN) Euroméditerranée à Marseille, proposé par la Métropole Aix-Marseille-Provence, la Ville de Marseille et l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée (EPAEM).
La géographie au-delà des limites
Pour sa cinquième participation à Europan, la métropole a choisi de s’associer à la Ville de Marseille et à l’Etablissement public d’aménagement Euroméditerranée (EPAEM) et construit un projet commun baptisé « La géographie au-delà des limites » avec comme ambition la prise en compte « des interstices fertiles de la ville, l’échelle du corps dans l’espace public et dans le grand paysage, le vivant et la nature à l’œuvre ». Désireux de s’affranchir des limites géographiques et administratives, les trois partenaires invitent les candidats à imaginer des « continuités écologiques et humaines » est-ouest mais aussi nord-sud entre plusieurs espaces verts, existants ou à venir, à l’intérieur du périmètre de réflexion. « Nous ne souhaitons pas opposer l’environnement et l’humain d’où notre parti de penser à hauteur d’homme », a déclaré Aurélie Cousi, directrice générale d’Euroméditerranée, en introduction à la visite de site organisée le 25 mai à Marseille par l’association Europan pour présenter à la dizaine de candidats les enjeux et les attendus sur les trois sites de projets intégrés dans le périmètre de réflexion : « Le délaissé ferroviaire », « Le boulevard Moretti et les balcons du Canet », « Plombières/Aygalades »
Connexions
L’idée de la candidature marseillaise est née de la Métropole Aix-Marseille-Provence qui se préoccupe de la destination d’un délaissé ferroviaire qui doit normalement lui revenir. Situé au nord de l’opération d’intérêt national (OIN) Euroméditerranée, la collectivité aimerait le valoriser dans le sillage de la dynamique de renouvellement urbain du village des Crottes et du quartier de la Cabucelle.
La question de la destination de ce foncier a conduit à s’en poser d’autres, notamment celles du traitement des lisières d’Euroméditerranée et des connexions « à hauteur d’homme » du futur parc des Aygalades de 19 ha avec les quartiers environnants. Aménagé sur le faisceau ferroviaire du Canet, il aura plusieurs vertus. Imaginé par l’agence Leclercq Associés, auteur du plan-guide de l’extension au nord de l’OIN, il permettra de mettre à nu une partie du fleuve côtier des Aygalades, au sein d’un poumon vert qui servira à la fois de zone d’expansion des crues et apportera de la nature dans cette partie arrière-portuaire largement minéralisé et soumise à un risque majeur d’inondations. « Le ruisseau n’est pas seulement le sujet d’aménagement en soi pour les candidats, mais il devra constituer le socle de réflexion et le révélateur de la géographie au-delà des limites », a expliqué Franck Geiling, directeur de la mission Projets urbains à la Ville de Marseille.
« Tiers-paysage »
L’enjeu principal, dans cette partie nord de Marseille située sur un fragment du bassin versant des Aygalades, est de corriger les effets d’une urbanisation massive qui a entaillé par de multiples infrastructures le vallon dans lequel s’écoule le ruisseau des Aygalades.
« L’objectif est de rendre ces espaces mieux parcourus et mieux pratiqués : plus vivants. Comment ? Par exemple, en facilitant l’accès à pied du futur parc des Aygalades aux habitants du village du Canet, situé à 1,5 km à l’est. Comment créer un réseau de paysages par-delà ses limites », renchérit Pierre David, expert de site pour Europan 17.
Une des pistes proposées à la réflexion des candidats à Europan 17 est, par exemple, la création d’une armature de « tiers-paysage » à partir des nombreux délaissés s’étendant le long de l’infrastructure autoroutière A7. Le parc de l’Espérance, aménagé sur une ancienne propriété bastidaire, et le cimetière du Canet, qui forme un belvédère, sont les autres sites à enjeux qui mériteraient d’être valorisés.
Rare axe urbain est-ouest du secteur mais comprimé dans son passage sous l’autoroute A7, le boulevard Moretti pourrait être un axe d’accès à pied au futur parc des Aygalades après son réaménagement en boulevard urbain apaisé. Il en est de même pour un tronçon de l’autoroute A7, situé entre l’échangeur de Plombières et son terminus.
Regard neuf et pertinent
In fine, la volonté commune des trois partenaires est de bénéficier d’un regard neuf et pertinent sur ces trois territoires morcelés qui se sont développé en totale indépendance. Les candidats ont jusqu’au mois de juillet pour s’inscrire puis fournir des propositions qui pourront être transformées en études. Le succès du concours, porteur d’une émulation stimulante, tient aussi largement à l’espoir, réel si l’on est lauréat, d’obtenir une première commande. « D’ailleurs, 80 % des projets lauréats lors des dernières éditions d’Europan sont entrés en phase opérationnelle », conclut Isabelle Moulin, secrétaire générale d’Europan France.
Calendrier
Lancement européen du concours et ouverture des inscriptions : 27 mars 2023
Visites des sites en France : d’avril à mai 2023
Date limite du rendu des projets en Europe : 31 juillet 2023
Expertises des projets et jurys ; d’août à novembre 2023
Forum européen des villes et des jurys : début novembre 2023 à Vienne en Autriche
Annonce des résultats européens : 5 décembre 2023
Mise en œuvre des suites du concours : à partir de janvier 2024
Dix sites français sur les 51 retenus à travers l’Europe
- Fleurance (Gers) ; site de réflexion, 37 ha ; site de projet, 4 ha
- Grenoble (Isère) ; site de réflexion, 1 650 ha ; sites de projet, 9,8 ha et 0,7 ha
- Guérande (Loire-Atlantique) ; site de réflexion, 266 hectares ; site de projet, 77,5 hectares
- Le Palais, Belle-Ile-en-Mer (Morbihan) ; site de réflexion, 17,43 km2 (échelle de la commune) et 112 ha (échelle du centre-ville) ; site de projet, 5,3 ha et 13 ha d’espaces publics
- Rennes (Ile-et-Villaine) ; site de réflexion, 160 ha ; site de projet, 7 ha
- Courcy (Marne) ; site de réflexion, 3 000 hectares ; site de projet, 65 hectares
- Nantes (Loire-Atlantique) ; site de réflexion, 80 ha ; site de projet, 18,4 ha
- Intercommunalité Bernay-Terres de Normandie (Eure) ; site de réflexion, 56 km2 ; sites de projet, Brionne (2,7 ha), Nassandres-sur-Risle (7 ha), Serquigny (3,7 ha), Fontaine l’Abbé (2,6 ha)
- Métropole de Rouen Normandie (Seine-Maritime) ; site de réflexion, 780 hectares ; site de projet, 180 hectares
- Marseille (Bouches-du-Rhône) ; site de réflexion, 400 ha ; site de projet, 25 ha chacun