Zones franches urbaines Des aides pour doper l’entreprise

Les entreprises installées en zones franches urbaines bénéficient d’exonérations de charges conséquentes. Des économies dont les dirigeants tirent profit pour donner de l’élan à leur société.

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PHOTO - 5347 ZFU Rheinert.eps

Les termes du marché sont relativement clairs : aux entreprises qui acceptent de s’installer – qu’il s’agisse de création ou de transfert – dans des zones dites « sensibles », le gouvernement propose des exonérations de charges très importantes, sur cinq années. Instauré en 1996, relancé en 2003, le dispositif devrait encore s’étendre et porter à 100 le nombre de zones franches urbaines (ZFU).

A écouter les chefs d’entreprise, un constat s’impose : s’installer en ZFU, c’est se donner les moyens de voir « plus grand » : plus de place, plus de matériel, plus de personnel. « Ces zones constituent effectivement une étape importante dans le parcours d’une entreprise, un bon levier de développement économique », analyse Laurent Pignol, délégué de l’association « Entreprendre Villes et Quartiers ».

La plupart des dirigeants qui ont fait ce choix de s’implanter en zone franche urbaine reconnaissent qu’ils n’ont pas « une belle adresse », mais tous soulignent leur désir de faire primer l’intérêt de l’entreprise. « En 2000, j’ai trouvé, sur la ZFU Croix Rouge de Reims, des locaux de 80 m2 correspondant à nos besoins, pour un loyer modéré, explique Jean-Paul Lemoine, créateur éponyme du cabinet de coordination SPS. Lorsque l’appartement du dessus s’est libéré, l’Opac a accepté son changement d’affectation pour que j’en fasse un duplex de 150 m2. » Aujourd’hui, alors qu’il sort du dispositif, Jean-Paul Lemoine sait qu’il ne quittera pas ses locaux « beaux et pas chers », situés au pied de l’immeuble. « Mon activité n’aurait pas pu se développer ailleurs, conclut-il, car je n’aurais pas eu l’opportunité de trouver des locaux de cette valeur-là. »

Effet positif sur l’embauche. Les exonérations ont un effet positif sur l’embauche de personnel. Ainsi, les entreprises de BTP semblent s’accommoder de la contrainte qui pèse sur qui souhaite s’implanter en ZFU : embaucher un tiers de son personnel sur la zone urbaine sensible, dont le périmètre comprend la zone de revitalisation urbaine et la zone franche urbaine.

Pierre Blanc, dirigeant d’une entreprise de ravalement de façade à Clermont-Ferrand, a pu trouver « assez facilement » des ouvriers professionnels d’exécution. Toutefois, la pénurie de personnel dans le BTP se ressent forcément davantage, lorsque le choix est restreint à un périmètre géographique. Aussi, des acteurs locaux s’impliquent pour fournir des CV aux entreprises installées sur place. « Des services emplois-jeunes viennent à nous avec des CV, et nous voyons ensuite si nous pouvons mettre en place des postes adéquats », avance Marylise Rocha, installée sur la ZFU d’Amiens, qui reconnaît avoir embauché « un peu plus » du fait des exonérations. « Les entreprises installées en ZFU ont effectivement plus de facilité à embaucher, développe Joël Mezailles, responsable du territoire Adie Midi-Pyrénées. Grâce à ce personnel, le dirigeant parvient à prendre de nouveaux chantiers et ainsi pérenniser son entreprise. Ces sociétés peuvent, en outre, travailler en sous-traitance et supporter les délais de paiements, car leur besoin de trésorerie est moins important. » Certaines vont même jusqu’à baisser leurs prix. « Le fait d’avoir moins de charges, nous a amenés à prendre moins de marge », reconnaît Rose-Marie Geraldes (entreprise générale de peinture ACM, neuf personnes, Les Mureaux). Une attitude que certains clients « réclament », parfois, à ces entreprises avantagées par les exonérations…

Si beaucoup voient leur installation en ZFU comme « un facteur de chance » pour développer leur entreprise, d’autres temporisent davantage. Denis Steinberg, géomètre-expert, a pu constater que le loyer de son agence installée en zone franche urbaine, à Béziers, était plus important que celui de son agence montpelliéraine, sise hors zone franche.

Ce que confirme Joël Mezailles, de l’Adie, « Deux raisons majeures à cela : les exonérations incitent les propriétaires de foncier à faire payer un peu plus, et la pénurie de locaux commerciaux est bien réelle sur certaines ZFU. »

Autre risque : les contrôles du fisc ou des Urssaf. Ils sont fréquents en zone franche, compte tenu de l’importance des exonérations, et imposent un strict respect des critères – critères difficiles à appréhender pour les entreprises de bâtiment et travaux publics (voir interview, ci-dessous).

Les contrôles intervenant a posteriori, l’entreprise, bien souvent, ne dispose plus suffisamment de trésorerie pour y faire face. Ce fut le cas pour Danielle Pradier, dirigeante d’une entreprise de ravalement, installée à Lormont, en Gironde : « Tout ce que je ne payais pas en impôts, je l’ai investi dans l’entreprise en outillage, véhicules, personnel. Et, quelques années plus tard, lorsque le fisc m’a envoyé la facture, je ne pouvais plus payer. »

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