Vitrine urbaine franc-comtoise pour Agrosolutions

Un géant de l’agro-industrie entre dans l’éco-urbanisme avec l’appui d’une municipalité verte. Dévoilée au salon des maires, l’histoire se passe à Besançon. Elle met en scène Agrosolutions, filiale d’In Vivo, première coopérative agricole de France, dans un projet nominé au prix national de l’Art urbain, à quelques jours de la révélation de son palmarès, le 29 novembre prochain à l’occasion d’une journée d’échanges organisée en partenariat avec Le Moniteur.

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Besançon agriculture urbaine
Les parties prenantes de la reconversion d'une friche horlogère de Besançon en quartier d'habitation et d'agriculture ont présenté leur projet, le 23 novembre au salon des maires.

« L’agriculture structure le projet ». Pour se plier aux exigences d’une exploitation maraîchère rationnelle sur un carré d’1,3 ha, l’architecte Silvio d’Ascia a décalé deux bâtiments, dans l’ensemble de 200 logements qu’il développe aux côtés de son confrère Louis Moutard, pour le compte du promoteur SMCI, sur une friche horlogère de Besançon.

Rentabilité maraîchère

Porteur du volet agricole du programme, Agrosolutions applaudit : « Les architectes nous font rêver. Nous apportons le bon sens paysan pour créer les conditions d’une production rentable », étaye Camille Rannou, responsable de l’agriculture urbaine dans la filiale d’InVivo, major français de l’agro-industrie avec 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 13 000 salariés. Ses échanges avec la chambre d’agriculture du Doubs ont conforté les études économiques préalables : le seuil de rentabilité d’une exploitation maraîchère se situe à 1 ha, dans ce département.

Spécialité de Louis Moutard, ancien associé de l’Arep (filiale de maîtrise d’œuvre de la SNCF), la gestion urbaine des flux facilitera la vie de l’exploitant : à une hauteur compatible avec le passage des tracteurs, deux passerelles Est Ouest relieront le parking silo aux 10 immeubles d’habitation répartis sur 15 000 m2 et couverts de panneaux photovoltaïques. L’optimisation des surfaces agricoles résultera aussi de bâtiments conçus comme des champignons, avec des assises au sol réduites aux noyaux verticaux.

Moins de profit, plus longtemps

La cohabitation entre logement et production ne concerne pas seulement l’agriculture : après la réduction de son emprise qui libère le terrain aménagé par le promoteur, l’horloger américain Fralsen poursuit son activité industrielle. Le parking silo servira de tampon entre les fonctions.

Incompatible avec une logique de maximisation du profit à court terme, la faisabilité repose sur un maître d’ouvrage atypique : SMCI assume la division de la valeur du m2 d’un facteur 200, sous l’effet de son passage en statut agricole. « Je pourrais gagner plus et plus vite. Je choisis de gagner moins et plus longtemps. Le temps travaille pour nous, sur un foncier amorti par les loyers », raisonne Fabrice Jeannot, président de SMCI, qui prévoit au moins 20 % de logements sociaux.

Désenclavement du campus

Désireuse de montrer sa capacité à travailler en bonne intelligence avec le secteur privé, la ville de Besançon ne se prive pas de profiter de l’opportunité. En 2023, une modification du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) déclenchera les études d’avant-projet, en vue d’un engagement du chantier avant la fin du mandat municipal.

Ce préalable règlementaire contribuera au programme alimentaire territorial, en sécurisant le statut agricole du champ central. Le PLUI permettra aux architectes de construire jusqu’à huit étages, selon une disposition qui évitera d’ombrager le champ. Cerise sur le gâteau pour la ville : une liaison verte nord sud traversera le site, pour créer le lien direct qui manque, entre le campus universitaire et le centre historique.

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