C’est le projet emblématique de la métropole. Le Grand Stade de Lille, d’une capacité de 50 000 places, permettra de mettre un terme au paradoxe lillois : un club de football en Ligue 1 sans stade à sa mesure. Il faut trop souvent jouer à Bollaert, chez les cousins lensois, voire au Stade de France pour les grandes occasions. Les élus de Lille Métropole ont donc fait le choix d’un stade audacieux financé grâce à un partenariat public privé conclu avec le groupe Eiffage. Une petite révolution dans les terres socialistes du Nord. Mais le coût de construction du stade, 282 millions, et le coût de fonctionnement pendant 31 ans ne prendra que 10 millions d’euros par an à la collectivité. « Voire moins, grâce à une conception dynamique de la redevance », espère Jean-Marc Germain, directeur de cabinet de Martine Aubry, qui négocia les termes financiers avec le club résident, le Losc, et Eiffage, jusqu’au 15 octobre, date de la signature du contrat.
Livraison prévue en 2012
L’équipe d’Eiffage concessions, pilotée par Gilles Malavallon, est aux commandes. Un an sera nécessaire pour l’obtention de toutes les autorisations avec en ligne de mire la livraison en 2012. Le chantier sera mené par un groupement de conception construction composé de toutes les filiales d’Eiffage associées aux architectes Denis Valode et Pierre Ferret, et aux BET Iosis, Arcora et Casso.
Le stade sera composé d’une arène en béton enveloppée d’une structure métallique en acier. Un habillage de tubes de polycarbonates translucides permet de jouer sur les lumières et donne au stade, qui s’élèvera à 31 mètres, une dimension aérienne renforcée par un écran lumineux hors normes. Cet habillage fait également fonction de séparation entre l’espace public et l’enceinte du stade. Aucune grille ne sera nécessaire.
Le projet se caractérise aussi par un toit mobile composé de deux demi-toitures rigides qui peuvent couvrir la totalité de l’aire de jeu en 30 minutes. Il permettra d’assurer le spectacle par tous les temps. Car le stade n’est pas seulement dédié au football. Il est multifonctions, avec une innovation de taille : une aire de jeu divisible. La moitié de la pelouse pourra ainsi être soulevée de cinq mètres pour riper au-dessus de la seconde et découvrir une « boîte à spectacle » faisant office de palais de sports ou de salle de spectacle de 5 000 à 30 000 places. Un atout de taille pour rentabiliser l’équipement.
Mais avant de couler le béton, les constructeurs devront purger le site des catiches, ces puits évasés de 10 à 12 mètres de profondeur qui quadrillent cette zone d’anciennes carrières de craie. « Le stade, ainsi rabaissé, sera plus discret pour les Villeneuvois », estime Stéphane Coudert, directeur des services techniques de Lille métropole. Estimé à 10 millions d’euros, ce travail de purge permet aussi de viabiliser le terrain qui accueillera dans le cadre du PPP près de 20 000 m2 de bâtiments tertiaires dédiés aux services et à l’hôtellerie. La métropole y tient : « Nous sommes en cœur urbain, à quelques centaines de mètres du centre de Villeneuve-d’Ascq. Le projet doit donc être utile au quotidien des riverains », insiste Stéphane Coudert.
Pour améliorer l’accessibilité, la métropole prévoit 200 millions d’euros de travaux routiers et paysagers. Le boulevard de Tournai, par lequel les usagers du métro arriveront au stade, bénéficiera d’une restructuration complète. Un pont routier devra être doublé, une passerelle piétonne d’une centaine de mètres créée, et des parkings relais seront renforcés. Surtout, une nouvelle bretelle autoroutière sera construite sur l’A22 pour améliorer l’accès au site et éviter une saturation pour les riverains. Son coût, 48 millions d’euros, doit être assuré par l’Etat.
