Ventilation : à Paul-Boncour, il est libre l'air

A Bordeaux, des logements sociaux neufs seront dépourvus de VMC. Le bâtiment est orienté pour profiter des vents dominants.

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L'immeuble est dépourvu de VMC, et les flux d'air ont été étudiés soigneusement pour assurer une ventilation naturelle efficace.

Si les équipes d'Aquitanis, OPH de Bordeaux Métropole, et les architectes d'Associer (ex- (APM) & Associés) attendent encore la validation officielle du ministère de la Santé pour réaliser un bâtiment de logements basé sur le principe de la ventilation naturelle - et donc sans VMC -, la construction est déjà bien avancée. Situé au sein de la résidence Paul-Boncour, dans le quartier de la Bastide, sur la rive droite bordelaise, cet immeuble de neuf logements, fait partie de la deuxième tranche de l'opération, qui compte huit bâtiments et 49 logements sociaux au total.

Alors que le gros œuvre est achevé, peu d'éléments différencient le bâtiment F de ses voisins : tous disposent de murs à ossature bois, de logements traversants et de façades exposées sud-est. Pourtant, c'est celui-ci qui a été choisi par Associer et le bureau d'études environnemental Tribu pour relever le défi de l'expérimentation low-tech. « Nous souhaitions faire un projet innovant avec une démarche durable et pérenne, et surtout ne pas entrer dans une logique de “sur-équipementation” (sic), que ce soit en investissement ou en coûts de maintenance », précise Jean-Benoît Joséphine, chargé du projet pour Aquitanis.

Capacité à ouvrir les fenêtres

Si un bâtiment sans chauffage et un autre sans VMC avaient été initialement proposés, seul le second projet a vu le jour. « Nous avons choisi l'immeuble qui présentait le moins de masques par rapport aux vents dominants [le plus exposé, NDLR] », détaille Géraldine Samé, cheffe de projet qualité environnementale chez Tribu. Pour assurer le renouvellement de l'air, l'immeuble a dû être équipé d'entrées d'air autoréglables sur les menuiseries des séjours et des chambres, ainsi que dans les sanitaires. Toutes les portes sont détalonnées, sauf celles qui séparent les espaces de vie des cuisines et des salles de bains.

L'intelligence qui ne se retrouve pas dans la technique est reportée sur le locataire et sa capacité à ouvrir les fenêtres. Elle constitue l'élément-clé du succès de cette expérimentation. Pour gérer au mieux les apports d'air, les menuiseries seront oscillo-battantes ou équipées d'entrebâilleurs. « Les habitants seront par ailleurs assistés par des capteurs qui transmettront des alertes sur le besoin d'ouverture en cas de trop forte concentration de CO et/ ou d'humidité dans les salles de bains », précise Géraldine Samé.

« Il faudra donc aérer… C'est basique, mais aujourd'hui, nous sommes quasiment hors la loi en ne proposant pas de VMC », indique Irène Sabarots, directrice générale adjointe d'Aquitanis. Pour compenser un usage qui ne serait pas efficient, les plaques de plâtre choisies pour les salles de bains sont plus résistantes et le système est réversible, grâce à la présence des gaines qui pourraient être équipées ultérieurement.

Pour autant, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre n'ont aucun doute sur cette démarche unique en France, sur laquelle ils travaillent depuis dix ans, en particulier sur le principe du low-tech dans l'adaptation au réchauffement climatique. Et Géraldine Samé de résumer l'impact de cette opération : « Nous consommons moins d'énergie car l'immeuble est dépourvu de VMC qui fonctionnent en permanence. In fine, la maintenance sera également réduite. » Avec, en prime, la responsabilisation du locataire, qui se retrouve ainsi maître de son confort et de la qualité de son air.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Aquitanis, OPH de Bordeaux Métropole.

Maîtrise d'œuvre : Associer (ex- (APM) & associés), architectes. Artelia (TCE et VRD), Eckea Acoustique, Atelier NDF (paysage), Tribu (environnement et développement durable).

Entreprises : Cari Aquitaine (gros œuvre, charpente-couverture, structure bois, ossature, bardage), Rebecchi (étanchéité), DSA Aquitaine (ravalement ITE).

Livraison : octobre 2025 et avril 2026.

Coût des travaux de la tranche 2 : 14,2 M€ HT.

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