En 2016, Saint-Sulpice-la-Forêt (Ille-et-Vilaine) se présentait déjà comme « la plus petite smart city du monde » pour le pilotage énergétique intelligent de ses équipements publics. Dix ans plus tard, la dynamique de transition environnementale engagée par cette commune rurale de 1 500 habitants ne se dément pas.
Lauréate en 2022 de l'appel à manifestation d'intérêt Démonstrateurs de la ville durable, la collectivité vient de défendre son projet de développement devant la Banque des territoires, opérateur pour l'Etat du programme d'investissements d'avenir 4 (PIA 4), cofinancé par France Relance. Si elle convainc le comité d'engagement, Saint-Sulpice-la-Forêt pourra bénéficier d'un financement important -après la phase d'incubation dont le montant s'est élevé à 310 000 euros HT, partagé entre la commune et l'Etat - afin de poursuivre la transformation du bourg, poussée dans ses ambitions environnementales comme participatives. « Dès notre premier mandat, nous avons interrogé l'avenir de la commune avec les habitants, face au contexte climatique, social, économique toujours plus complexe », résume le maire (DVG), Yann Huaumé.
Se transformer, adapter, accueillir de nouveaux logements et des habitants s'avérait vital pour ce bourg alors quelque peu figé à l'ombre de la métropole rennaise. En 2021, un dossier de réalisation de la ZAC L'Orée de la Forêt a été constitué avec l'appui de l'agence d'urbanisme angevine Johanne San et piloté par l'aménageur Territoires. Déployée sur huit sites dont le centre-bourg, la future ZAC prévoit environ 350 nouveaux logements sur une surface globale de 18,8 ha, dont 5,1 ha en renouvellement urbain.
Expérimenter la terre crue porteuse
La phase d'incubation a donné un souffle financier à l'expérimentation autour de la terre crue porteuse en fédérant un consortium d'acteurs : la Fédération bretonne des biosourcés, le collectif des Terreux armoricains, des architectes spécialisés (Atelier Belenfant-Daubas), le promoteur Secib, le réseau de collectivités Bruded et l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de Rennes (IAUR) déjà engagé sur ce sujet. « La construction d'immeubles de logements en R + 2 en terre crue porteuse à coût abordable fait partie des axes d'innovation majeurs, poursuit Thomas Prigent, chargé d'opérations chez Territoires. La dimension sociale et participative menée au long cours par l'association Anime et Tisse a embarqué les habitants mais aussi tous les acteurs du projet. » Différentes études de faisabilité ont déjà été réalisées : sur le potentiel d'une boucle d'autoconsommation d'électricité photo voltaïque, sur la dynamique commerciale en centre-bourg, sur les rez-de-chaussée actifs notamment. Sans oublier l'actualisation des documents réglementaires, comme l'étude environnementale qui, dans sa version réactualisée, a eu pour conséquence de resserrer le périmètre de la ZAC en raison de la présence d'une zone humide à protéger, ce qui implique moins de logements et un nouvel équilibre financier à trouver.
Tout est prêt pour passer de l'expérimentation à l'opérationnel. L'achèvement de la ZAC est prévu à l'horizon 2045.