Engagée dans la décarbonation de son territoire au même titre que les autres régions françaises, la région Provence Alpes Côte d’Azur verra sa consommation électrique passer de 5 à 8 GW par an d’ici 2030. Pour répondre à cette demande supplémentaire, en complément des travaux d’optimisation et de renforcement du réseau électrique actuel, RTE prévoit de créer, d’ici 2028, une nouvelle ligne électrique aérienne à 400 000 volts d’environ 65 km, entre les postes électriques existants à Feuillane sur la commune de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et de Jonquières-Saint-Vincent (Gard).
La future autoroute électrique, qui complètera un réseau déjà composé de deux artères principales, mobilisera un investissement de 300 millions d’euros.
Avant des premiers coups de pioche en 2027, le transporteur a lancé, ce 12 février en présence de représentants du Grand Port Maritime Marseille-Fos, de la région et d’industriels implantés sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, une concertation du public organisée sous l’égide du préfet des Bouches-du-Rhône pour définir, avant l’été, le fuseau de moindre impact et l’implantation des pylônes.
Huit possibilités de tracés à l’étude
D’une durée de huit semaines, cette consultation sera émaillée de deux réunions publiques et de quatre ateliers thématiques où seront abordés, en présence d’experts, tous les sujets pour la meilleure insertion de l’ouvrage : « Nous aborderons les questions de l’agriculture, de l’environnement, de l’économie pour voir comment elles interagissent entre elles », a précisé Pascale Henaff, directrice du projet. Pour une bonne connaissance du territoire et une garantie « d’un travail dans la dentelle appréhendant les enjeux », RTE a demandé à Egis et Biotope de l’accompagner.
A ce stade, les études ont retenu huit possibilités de tracés pour le futur fuseau qui devra être large de 100 m et traversera le Rhône. Déjà, RTE a lancé un concours d’architecture pour réfléchir à de nouvelles formes de pylônes.

Lors des huit semaines de concertation, le public pourra étudier les différents scénarios proposés par RTE pour déployer la ligne électrique. © RTE
Mutation de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer
Dans une région où le réseau électrique datant des années 1970 est saturé, l’investissement est stratégique. Il accompagne le développement des véhicules électriques, des nouveaux modes de chauffage, de l’électrification des navires à quai des grands ports. Mais surtout, cela aidera la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, la 2e plus émettrice de gaz à effet de serre après Dunkerque, à engager sa mutation qui vise à remplacer l’utilisation des énergies fossiles par d’autres formes d’énergie. Avec Le Havre et Dunkerque, elle fait partie des zones en tension identifiées par RTE. Les besoins de raccordement dépasseraient déjà les 5 GW.
Aux industriels déjà présents et engagés dans la décarbonation de leur activité tels ArcelorMittal s’ajoutent de nouveaux entrants comme H2V qui portent un projet de production d’hydrogène « bas carbone » pour l’industrie, ou bien encore Carbon qui prévoit de mettre en service une mégafactory de panneaux photovoltaïques dès 2025.