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« Une gestion de l’eau 100 % publique rendra aux élus et aux citoyens leur liberté », Jean-Luc Mélenchon (LFI)

Logement, énergie, urbanisme... Le candidat insoumis à l'élection présidentielle a répondu aux questions du Moniteur.

Jean-Luc Melenchon
Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France Insoumise à l'élection présidentielle de 2022.

Vous prévoyez de rouvrir des petites lignes ferroviaires. Comptez-vous, en parallèle, poursuivre la construction des grandes lignes (Bordeaux-Toulouse, Provence-Côte d'Azur…) ?

Nous interdirons toute fermeture de ligne ou de gare et rouvrirons des milliers de kilomètres de liaisons : toutes les préfectures et sous-préfectures de France seront desservies par le ferroviaire. Nous investirons dans la réhabilitation complète en 10 ans de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse comme l’ensemble des lignes transversales.

La construction de lignes ferroviaires à grande vitesse (LGV) ne doit pas se faire au détriment de la rénovation. Nous réaliserons un audit pour évaluer la pertinence des LGV Bordeaux-Toulouse et frontière espagnole.

Comment comptez-vous raccourcir les délais de mise en œuvre des projets d'éolien offshore que vous ambitionnez de développer ?

La France a les moyens de développer de tels projets. Il existe d’ores et déjà des prototypes, par exemple dans les laboratoires de l’École Centrale à Nantes, spécialisée dans le génie maritime, l’hydrodynamique et les énergies marines renouvelables. Il faut d’abord que l’État investisse massivement dans la recherche. Aujourd’hui, les moyens consacrés sont très faibles, surtout comparés au nucléaire. Il faut aussi reprendre le contrôle du pilotage : nous nationaliserons la branche énergies marines d’Alstom, cédée à General Electric, et celle éolienne offshore d’Areva, cédée à Siemens. Enfin, il faut former massivement. Nous implanterons des lycées maritimes dans chaque département littoral qui n’en compte pas aujourd’hui.

Vous souhaitez organiser une gestion 100% publique de l'eau. Pourquoi ne pas laisser aux élus locaux, dont c’est la compétence, la liberté de choisir leur mode de gestion?

La gestion de l’eau par le privé est un échec. 20 % de l’eau est gâchée dans les fuites. Le prix de de l’eau est en moyenne 25 % plus cher lorsque la gestion est privée.

L’eau est un bien commun qui doit être géré démocratiquement. Rendre sa gestion 100 % publique rendra aux élus et aux citoyens leur liberté de gestion, les libérant du lobbying et de la dépendance aux distributeurs. Un haut-commissariat à l’eau organisera la solidarité entre territoires, en dialogue avec les régies, les agences de l’eau, les associations, les usagers et les syndicats.

Les communes seront en première ligne de notre plan de renouvellement des canalisations de 2 milliards par an, dont 500 millions pour les Outre-mer. En outre, le passage à l'eau publique engagera des économies d'échelle profitables aux collectivités.

Dans toute construction neuve, vous voulez imposer 30% - voire 40% en zone tendue - de logements sociaux diffus. Ce ne sera donc plus aux bailleurs sociaux de construire les HLM ?

La maîtrise d’ouvrage publique doit être le cœur de la production de logements sociaux. Pour atteindre très rapidement 200 000 logements sociaux nouveaux par an, il faudra en parallèle imposer 30 à 40 % de logements sociaux dans toutes les constructions neuves, en particulier dans les zones tendues. C’est un moyen essentiel pour lutter contre la ségrégation sociale et spatiale.

De telles obligations existent déjà dans de nombreuses villes, dotées de chartes promoteurs. Les bailleurs sociaux géreront ces logements comme ceux qu’ils ont produit eux même. Il en sera de même pour les logements préemptés dans l’ancien par les collectivités pour les confier à des bailleurs sociaux ou à des associations d’insertion par le logement.

Près de la moitié des logements neufs sont vendus à des particuliers investisseurs. La fin des aides fiscales à l’investissement locatif que vous prônez ne risque-t-elle pas de freiner la construction ?

Les dispositifs type loi Pinel encouragent la spéculation sans pour autant répondre aux besoins de logement des Français. Comme le montrent les chiffres de construction des dernières années, en constante diminution, ils ne parviennent même pas à stimuler la construction neuve.

En consacrant les aides fiscales aujourd’hui consacrées aux investisseurs-bailleurs à la construction de logements sociaux, ce sont davantage de logements qui seront construits, et à des prix plus accessibles. C’est une utilisation plus efficace de l’argent public.

Notre série d’interviews des candidats

 

A l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, « Le Moniteur » a sollicité les six candidats les mieux placés dans les sondages afin de les questionner sur les thématiques du logement, de l’énergie et de l’aménagement du territoire. Nous les avons interrogés sur des points précis de leur programme, afin qu’ils détaillent leurs propositions. Ces réponses nous sont parvenues par écrit.

L’équipe de Marine Le Pen a répondu ne « pas pouvoir prendre le temps de répondre à [nos] questions ». Celle d’Eric Zemmour n’a jamais donné suite malgré nos relances.

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