ne nouvelle médiathèque, des programmes de logements privés, une école maternelle flambant neuve, des groupes scolaires rénovés… Val-de-Reuil se reconstruit. Cette ville nouvelle décidée en 1968 et construite dès 1974 à partir de rien fait figure aujourd'hui d'Ovni, atterri au kilomètre 100 de l'autoroute Paris-Rouen en toute ignorance du paysage, de la Seine toute proche et même du sol. La ville est en effet posée sur une rue surélevée à plus de 5 mètres de hauteur à laquelle sont accrochés les immeubles de logements. Cette plateforme artificielle fut baptisée le « germe de ville » par ses concepteurs, les urbanistes de l'Atelier de Montrouge. Il encadrait le centre-ville qui n’a pas éclos comme espéré. Conçue pour 140 000 personnes, la commune en compte à peine 15 000, la plupart logées par des bailleurs sociaux. Le schéma ne surprend personne : au centre, des familles captives de leur HLM, des commerces dégradés ou fermés. A l'extérieur, des quartiers pavillonnaires où vivent des familles propriétaires qui bénéficient des nombreux équipements de la ville (groupes scolaires, complexes sportifs et culturels) mais travaillent et consomment ailleurs
Attirer les entreprises et les promoteurs privés.
Arrivé à la mairie en 2001, Marc-Antoine Jamet, par ailleurs secrétaire général du groupe LVMH, a changé les habitudes et lancé plusieurs projets quil supervise très directement. Son carnet d'adresse n'est pas étranger à l'intérêt soudain de certaines entreprises comme Aventis-Pasteur, Digital Valley ou Pharmalog qui ont souhaité s’installer dans cette ville de l'Eure dont il a su vanter le potentiel. Il a également réussi à convaincre des promoteurs de venir y construire et y vendre des logements privés. Alors que la production annuelle n'atteignait pas 20 logements par an depuis 1990, le groupe 4 M a réussi à en vendre 110 en un mois et demi à des investisseurs. Le groupe Constructa associé au fonds américain Morgan Stanley sous le nom de Propria devrait lancer une première tranche de 130 logements sur 250 et Meunier (groupe BNP Paribas Immobilier) envisage d’en construire 400.
Après une première mission d’urbanisme confiée à l’agence Sarea dirigée par Alain Sarfati, la ville qui compte encore plus de 80 % de logements sociaux a signé une première opération de renouvellement urbain portant sur huit kilomètres d’espaces publics et 32 000 m de dalle. A son bilan, une intervention sur 528 logements (144 démolitions, 343 réhabilitations et 41 constructions). La convention Anru signée en 2005 pour trois ans porte, elle, sur 946 logements (73 démolitions, 552 réhabilitations et plus de 300 constructions dont les deux tiers confiés à des promoteurs privés). Les opérations se succèdent et modifient peu à peu le visage de cette ville. Les plus visibles étant un jardin sportif qui a remplacé un no man’s land en plein centre et la rénovation de la médiathèque par l’architecte Jean-Baptiste Piétri achevée en décembre 2005. L'agence RVA de Philippe Vignaud travaille depuis 2003 à une programmation globale sur quatre secteurs d’intervention. Une partie du travail est aujourd’hui achevée.
De grandes signatures d'architectes
Le projet de Philippe Vignaud prévoit premièrement de résidentialiser une partie de l’espace public le long des rues Traversières et Septentrion, deux des parallèles du quadrilatère qui forme le « germe de ville ». La deuxième intervention concerne la rue du Pas-des-Heures. « Elle est beaucoup plus délicate à traiter, car elle est située relativement loin des équipements et ses immeubles très dégradés ont dû être démolis en partie, explique Philippe Vignaud. Heureusement la densité assez faible des constructions permet de miser sur le paysage et de retrouver au détour d’une rue un petit parc urbain. » Troisième intervention, le traitement de l’entrée de ville, la place des Quatre-Saisons, que se disputent les voitures et les étals des maraîchers : le projet recommande de relier la rue Grande (en hauteur) au sol naturel par une rampe qui gommerait un peu la différence de niveau. Sur la place même, le cabinet Jean-Jacques Ory a réorganisé les flux et les fonctions en ajoutant au programme une galerie couverte de 1 000 m scindée en son centre pour accueillir une vraie place de marché protégée des voitures. Enfin, quatrième intervention, le « renouvellement » envisageait un nouveau quartier d’habitat mixte. Il sera finalement occupé par un village commercial dont le promoteur sera Immochan, alors que les logements prévus pousseront dans la ZAC des Coteaux, entre la rue de Louviers et la chaussée de Ritterhude.
Jean-Michel Wilmotte, Jean- Jacques Ory, Architecture Studio Jakob Mac Farlane… viennent parfois en personne vérifier la qualité du béton sur leurs chantiers de Val-de-Reuil. Bientôt Patrick Mauger et Patrick Bouchain devraient venir allonger la liste. Même si Marc-Antoine Jamet n’est pas avare de compliments envers les équipes plus jeunes et moins connues, ce sont ces stars qu’il aime à mettre en avant.
Leur présence et leur signature peut-elle changer l’image de la ville ? Le maire fait ce pari pour rendre d’abord leur fierté aux habitants, renouer avec les idées des pères fondateurs dont il ne rejette ni l’audace ni la modernité

