Lors de sa 46e conférence à Berlin le 11 décembre, Euroconstruct a estimé à + 1,6 % le taux de croissance du BTP ouest-européen en 1998. Sa progression l'an prochain ( + 2,4 %) dépassera - enfin ! - à nouveau celle du produit intérieur brut (PIB) de la zone, mais sa part dans l'ensemble de l'économie continue de baisser : 10,3 % en 1997 ; 10 % en 2000. En dépit d'une conjoncture assez favorable au secteur (croissance économique supérieure à 2,3 %, baisse du chômage, hausse des revenus et profits, faibles taux d'inflation et d'intérêt), « sa progression devrait ralentir dès l'an 2000 ( + 2,1 %) » indique Volker Russig, de l'Ifo (2), notamment en raison des soubresauts de l'économie mondiale.
Globalement, tous les pays de la zone Euroconstruct contribueront à une « croissance modérée » du secteur entre 1998 et 2000, surtout la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne et la France. Ce qui ne fera que renforcer le poids déjà considérable des « Big Five » : 72,5 % de la production dont 26,8 % en Allemagne. La ligne de partage est nette : Espagne, Italie et Royaume-Uni font partie des pays où la croissance du BTP sera supérieure à celle du PIB ; Allemagne, Pays-Bas et France, de ceux où elle reste inférieure.
Entretien-réhabilitation : premier segment d'activité avec 35 % du total BTP, il est toujours la locomotive de la reprise ( + 8,5 % pour 1998-2000 en cumulé). La progression sera sensible pour l'Italie en 1999 et l'Espagne (rattrapage).
Logement neuf : ce marché paraît affaibli ( + 0,7 % en 1999 ; + 2,1 % pour 2000) mais le marché allemand - de loin le plus important - y pèse très lourd. Il est suivi du groupe Espagne-Portugal, au bord de la surchauffe, et enfin de l'Italie et la Grande-Bretagne, en crise. A noter l'évolution structurelle du marché, selon Patrick de la Morvonnais du Bipe, vers l'accession individuelle.
Non-résidentiel : ce plus petit sous-secteur devrait aussi afficher une croissance rapide pour 1998-2000 ( + 7,7 % en cumulé). Le privé en est le principal moteur et sa croissance sera, encore en 1999, plus rapide que celle du PIB.
Génie civil : il voit ses prévisions de croissance révisées par rapport à juin («Le Moniteur» du 3 juillet 1998, p. 16) : + 2 % en 1999 ; + 2,1 % en l'an 2000. Une modération qui s'explique par la faiblesse des investissements publics (pacte de stabilité européen oblige) et par un dynamisme qui reste le fait des petits pays (Belgique, Portugal, Irlande), alors que les trois quarts des marchés se situent dans les grands.
Europe de l'Est : un eldorado relatif
Sur la base d'une croissance économique de 4 à 5 % par an dès 1999 en Europe de l'Est (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie), les prévisions pour la construction - difficiles à établir - sont enviables : après avoir progressé de 5,1 % entre 1995 et 1997, son volume d'activité devrait progresser de 6,3 % sur 1997-2000 (+ 9 % en Hongrie et Pologne). Les plus fortes hausses concernent : le résidentiel (le plus petit segment : 13 % du total, rénovation comprise, le génie civil, sauf en Slovaquie, et le non-résidentiel (premier segment) surtout privé. En revanche, le non-résidentiel public et l'entretien stagneront, sauf en Hongrie. Mais ces chiffres sont à relativiser car l'intensité de travaux - volume de construction par habitant - reste moitié moins importante qu'à l'Ouest.
(1) Euroconstruct est un réseau d'instituts de conjoncture européens issus des quinze pays membres de l'Union européenne, sauf le Luxembourg et la Grèce, ainsi que Norvège et Suisse. IFO, Postfach 86 04 60, 91631 Munich ; tél. : (49-89) 92.24.0 ; fax : 92.24.14.60.
TABLEAUX :
- par pays Allemagne,Italie,Royaume-Uni,Espagne,Pays-Bas et Europe de l'Est : chiffre d'affaires total, logement neuf, non-résidentiel, réhabilitation, génie-civil pour 98 et évolution 1998/99 et 1999/2000 (Source Eurosconstruct)
