Depuis l’été 2024, le marché des véhicules industriels - VI de plus de 5 tonnes dégringole jusqu’à chuter de 14 % en décembre. Grâce à un premier semestre en hausse, il finit l’exercice écoulé au même niveau qu’en 2023 néanmoins, soit autour de 49 000 immatriculations. Cette résistance fera long feu selon l’Observatoire du véhicule industriel (OVI) toutefois. Sa prévision, présentée le 9 janvier à Paris, table surun volume de 41 000 à 44 500 ventes en 2025, soit une chute de 9 % à plus de 16 %. Dans ses pires projections, les tracteurs reculeraient jusqu’à 10 % et les porteurs jusqu’à 23 %.
Segment TP en difficulté
Pour le directeur de l’OVI, Arnaud Villéger, la faible demande des principaux clients de camions explique cette tendance. « Pour le BTP, deux indicateurs apportent une vision à moyen et court termes du besoin en poids lourds : la production de granulats et de béton prêt à l’emploi. En 2024, la première a reculé de 6 % et la deuxième de 12 % ». La hausse de 2,4 % des facturations TP relevée à fin octobre 2024 est tempérée par l’analyste « en raison d’un effet de base 2023 favorable et de l’inflation ».
Les perspectives 2025 de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) semblent croiser les constats de l’Observatoire : « La FNTP prévoit un repli de l’activité de 2,6 % en volume et de 0,8 % en valeur », rapporte Arnaud Villéger. Cette contraction serait due « aux coupes budgétaires annoncées et l'instabilité politique actuelle. La baisse des investissements publics a été évoquée d’ailleurs lors du dernier Salon des maires. En 2024, ils auraient diminué de 12 Mds€, soit de 16 % ».
Bennes & plateaux
Le statuquo des immatriculations en 2024 cache de fortes variations. D’un côté, les tracteurs enregistrent un repli de 10,2 % (25 548 unités d'après l'OVI). De l’autre, les porteurs augmentent de 14,7 % (23 398 unités). Sur le segment des porteurs, les modèles carrossés progressent de plus de 16 %. Les porteurs bennes et carrossés pour les filières TP et Bâtiment progressent de 2,8 %, tandis que les plateaux bondissent de 38 %. Sur le marché des remorques et semi-remorques en repli de 17,1 %, les bennes résistent à – 7,7 % alors que les plateaux dévissent de 18,7 %. L’OVI estime que les utilitaires, porteurs, tracteurs, remorques et semi-remorques de la gamme BTP totaliseraient près de 43 700 véhicules en recul de 6,8 % en 2024.
Prix en baisse
Le bilan de l’OVI montre une amélioration sensible des délais de livraison des constructeurs. A la signature (de la commande), ils sont de 87 jours à fin 2024. Ceux des carrossiers demeurent élevés à plus de 110 jours en revanche. S’agissant des prix, l’inflation de ces dernières années a laissé la place à une baisse de 2,4 % pour les tracteurs et de 2,2 % pour les porteurs. Une tendance identique mais plus prononcée est observée sur le marché des véhicules d’occasion avec des baisses de prix comprises entre 11 et 14 %.
Percée du B100 et aides pour l’électrique
Sur les 49 300 immatriculations de camions neufs de 6 tonnes et plus recensées en 2024 dans la base de données 3A-DATA, 90 % fonctionnaient au diesel contre plus de 99 % il y a 10 ans. Le biocarburant B100 se classe en deuxième position avec 5,5 % de parts de marché. Les véhicules roulant avec cette énergie, produite à partir de colza, bénéficient de la vignette Crit’Air 1 si ils l’utilisent de façon exclusive. Suivent ensuite les motorisations au gaz et biogaz avec plus de 3,5 %, puis électriques à 1,4 %. Avec 5 unités, l’hydrogène reste marginal tout comme l’éthanol ED95 (0,1 % de parts de marché). La « dédiélisation » du parc poids lourds français s’accélère depuis 2022 et l’arrivée du B100.
Les appels d’offres lancés par l’ADEME ces deux dernières années devraient booster également les immatriculations de camions électriques en 2025 et au-delà. Sous la forme de certificats d’économies d’énergie, de nouvelles aides sont disponibles depuis le 1er janvier pour soutenir ce marché. Avec des montants supérieurs à celles de 2023 et 2024, elles peuvent s’élever à 35 000 € pour un porteur 19 tonnes, 53 000 € plus les plus de 26 tonnes et les tracteurs, entre 2 600 et 3 200 € pour un utilitaire.