Tempête Alex : les travaux d’urgence avant la reconstruction

Près d’un mois après le passage de la tempête Alex, deux vallées sur trois sont accessibles par la route après des travaux d’urgence. Les entreprises du BTP sont mobilisées grâce à l’activation de marchés à bons de commande ou des marchés négociés en procédure d’urgence.

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Chantier sur la RM2205, qui relie Nice aux stations de ski dans la vallée de la Tinée, suite au passage de la tempête Alex
Après des travaux provisoires, la RM2205, qui relie Nice aux stations de ski dans la vallée de la Tinée, est ouverte aux véhicules.

Près d’un mois après le passage de la tempête Alex qui a dévasté les vallées de la Tinée, de la Roya, de la Vésubie et de l’Estéron, à l’est de Alpes-Maritimes, les travaux d’urgence battent leur plein pour rétablir les communications et les circulations grâce au recours à des marchés négociés en procédure d’urgence jusqu’au 31 décembre raccourcissant ainsi les délais administratifs ou en activant des marchés à bons de commande. Cela en attendant la reconstruction qui coûtera plus d’1 milliard d’euros.

20 millions d’euros pour les travaux d’urgence

Si l’accès à la vallée de la Roya, au-dessus de Menton, est encore impossible par la route, les villages de l’arrière-pays niçois sont aujourd’hui accessibles grâce au renforcement d’anciennes voiries remises en service ou à la construction de pistes. La métropole Nice-Côte d’Azur, qui a inscrit une enveloppe de 20 millions d’euros pour ces travaux d’urgence, peut compter sur un tissu d’entreprises locales. « Nous avons eu de la chance. Nos installations n’ont pas été impactées par la tempête. Dès le 3 octobre, à l’aube, nous avons mobilisé nos hommes et nos engins pour nettoyer les axes envahis de cailloux, de troncs d’arbres et autre détritus », témoigne Pierre Mario, président de Valtinée, entreprise de travaux publics de Saint-Sauveur-la-Tinée.

Connaissance du terrain

Endossant son costume de vice-président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics des Alpes-Maritimes (FBTP06), ce dernier insiste sur l’importance de ce tissu local de TPE-PME de BTP qui connaissent le terrain. Elles ont pu rapidement intervenir grâce à des marchés à bon de commande pluriannuels dont elles étaient titulaires pour des travaux divers : entretien des ouvrages d’art et des vallons, nettoyage après des éboulements ou des avalanches, travaux et entretien des réseaux d’eau potable et d’assainissement. Différents marchés qui font vivre ces TPE, pour certaines, installées dans le pays haut depuis une centaine d’années.

Travaux provisoires

Activant ces mêmes marchés, la métropole a pu, par exemple, mobiliser le groupement de quatre entreprises, conduites par Valtinée. Leurs équipes sont actuellement occupées à réparer un tronçon d’une longueur d’environ 3 500 mètres linéaires de la route métropolitaine 2205 (RM2205) au niveau de Bancairon. Ce sont des travaux provisoires avant une réparation définitive selon les contraintes fixées par la métropole. Sortie de son lit dans la nuit du 2 au 3 octobre, la rivière a repris ses droits et envahi la 2x2 voies sur plus de 500 mètres. « Nous avons dévié l’eau dans le nouveau chenal que nous avons creusé. Cela nous permettra ensuite de travailler à sec pour refaire la chaussée de la route provisoire. Nous souhaitons, si cela est autorisé, pouvoir utiliser les matériaux charriés par la rivière. Nous allons la protéger avec des enrochements et peut-être devoir la relever », détaille Thierry, chef de chantier et conducteur d’engin chez Valtinée.

Défaut d’entretien

Ce dernier constate le défaut d’entretien régulier de certains cours d’eau qui aurait renforcé l’impact déjà violent de la tempête Alex. « Nous n’avons plus le droit de curer les lits de rivière et les Vallons Or, j’estime qu’il serait souhaitable de régulièrement enlever les graviers charriés par les cours d’eau des vallons voisins de la Tinée. Faute d’entretien, le lit des rivières continue à s’engraver, à monter et, par conséquent, il a un niveau largement au-dessus de celui qu’il avait il y a une dizaine d’années », affirme-t-il.

La question de l’entretien des cours d’eau, déléguée au Smiage est une préoccupation. Pour l’heure, la priorité de la métropole Nice-Côte d’Azur est de remettre en service, début décembre, la RM2205 pour desservir en toute sécurité les stations de ski de la Tinée qui emploient 250 personnes. Car à la catastrophe naturelle ne doit pas s’ajouter une catastrophe économique.

Step mobile

Outre la réparation des routes principales et secondaires, dont une trentaine de kilomètres ont été emportés dans la Vésubie et la Tinée, l’autre priorité est la reconstruction provisoire des réseaux d’eau et d’assainissement. « Dans la Tinée et la Vésubie, six stations d’épuration des eaux usées (Step) ont été totalement détruites. Compte tenu de l’ampleur des dégâts sur les réseaux, il faudra en construire huit à neuf pour reproduire ce qui a été fourni à ce jour par les six Step disparues », a précisé au Moniteur Lauriano Azinheirinha, directeur général des services à la métropole. En attendant, des solutions intermédiaires ont été adoptées telles la mise en place de huit unités mobiles de traitement des eaux usées (avec filtres, sans risques pour les milieux) : Saint-Martin-Vésubie, Roquebillière, Lantosque et Clans. A cet effet, la métropole a passé des contrats avec Veolia.

Ponts provisoires

Pour les ouvrages d’art frappés par la brusque montée des eaux et des glissements de terrains, différentes solutions sont à l’étude dont celles d’installer des ponts provisoires du centre national des ponts de secours (CNPS). Mais cela ne sera pas possible partout. La portée de 30 à 40 mètres des ponts du CNPS est en effet insuffisante pour enjamber les rivières dont la largeur du lit a doublé dans certains cas.

A Saint-Martin-Vésubie, très fortement impactée par les crues avec la destruction de deux ponts, dont celui de la Maïssa, la métropole a donc choisi de relier deux hameaux par une piste dans le lit de la rivière (passage à gué). Elle sera créée en utilisant le sable et le gravier comme sous-couche de la chaussée et des buses en métal. Un autre exemple de solutions provisoires en attendant la reconstruction qui sera longue et difficile.

Vue sur la Vésubie, à Saint Martin-Vésubie, quinze jours après le passage de la tempête Alex
Vue sur la Vésubie, à Saint Martin-Vésubie, quinze jours après le passage de la tempête Alex Vue sur la Vésubie, à Saint Martin-Vésubie, quinze jours après le passage de la tempête Alex

Pour relier les hameaux, la métropole Nice Côte d’Azur va créer une piste dans le lit de la rivière. © C.W.

Coordination

Compte tenu de l’ampleur des travaux à venir, Enedis, qui a vu disparaître des parties entières de son réseau, milite pour une coordination pour profiter des travaux routiers pour faire passer les câbles.

Dans cette même logique, Laure Carladous, présidente de la Fédération du bâtiment et des travaux publics (FBTP06), veut profiter les services de l’office du BTP qui regroupe entreprises et maîtres d’œuvre, pour « que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice ».

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