Vous avez répondu au questionnaire adressé par la FRTP Paca en décembre dernier à une cinquantaine d’adhérents pour mesurer l’impact de la fin de l’avantage fiscal sur le GNR. Quel est-il ?
Il y a six mois, en effet, j’ai calculé ma consommation annuelle de GNR à l’occasion du questionnaire. BTPGA-EPF consomme 60 000 litres par an. Le prix du GNR au litre va passer de 0,70 euro HT à 1,20 euro HT. Cela revient à 30 000 euros HT de dépenses supplémentaires, soit à 0,8 % du chiffre d’affaires de BTPGA-EGPF.
Il est à noter que les entreprises, dans les TP, ont entre 1 et 2 % de résultat. En enlevant le 0,8 % du surcoût entraîné par la fin de l’allégement des taxes, cela deviendra difficile pour celles qui ont 1 % de marge. La seule solution serait d’obliger les maîtres d’ouvrage publics et privés à mettre en place un index supplémentaire sur les marchés.
Vous êtes représentant régional des recycleurs TP. A ce titre, vous militez pour le recyclage des matériaux.
En effet, je promeus le recyclage. J’ai d’ailleurs créé en 2014 une plate-forme de valorisation baptisée 3AG Recyclage à La Seyne-sur-Mer (Var). Elle emploie six salariés et a réalisé, en 2018, un chiffre d’affaires de 1 million d’euros. Je consomme 70 000 litres de GNR et accueille 60 000 tonnes de matériaux par an avec un taux de valorisation de plus de 98 %.
Avec l’augmentation de 0,50 euro HT/litre du GNR, je vais dépenser 35 000 euros de plus par an. Cela correspond à 3,5 % du chiffre d’affaires de 3AG Recyclage. Il sera impossible d’amortir ce surcoût. Il faudrait augmenter de 5 % les prix d’entrée et de sortie pour le compenser. Nous ne serons plus compétitifs surtout dans une région comme la nôtre où il y a encore beaucoup de ressources naturelles.
"Il faudrait maintenir provisoirement l’avantage fiscal du GNR"
Craignez-vous de mettre en danger la filière du recyclage ?
Oui. Nous allons déséquilibrer le marché de l’économie circulaire qui a déjà du mal à prendre. Dans certains cas, la matière secondaire peut être moins chère qu’une matière issue directement d’une carrière. Dans d’autres, le coût de production est identique voire même supérieur. Cela dépend en effet du lieu de production et de la distance en transport.
Reste que le principal avantage des matériaux secondaires que nous produisons est celui de préserver la ressource naturelle. Cela ne va pas faciliter l’émergence de bonnes pratiques en matière d’utilisation de matériaux recyclés. Cela va à l’encontre des préconisations de la loi sur la transition énergétique (la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte). Pour continuer à valoriser la filière du recyclage, il faudrait maintenir provisoirement l’avantage fiscal du GNR, en attendant la mise sur le marché d’engins plus économes, hybrides voire ou à 100 % électriques.