La forteresse urbaine finit de s'ouvrir sur la ville. En février, la Manufacture des tabacs de Strasbourg (Bas-Rhin) a entamé la dernière étape de sa transformation, celle de ses abords. L'Eurométropole déclenche en effet des travaux d'aménagement d'un montant de 2,1 M€ dans les rues qui longent le site de 1,5 ha, créé au milieu du XIXe siècle, où des cigares étaient fabriqués jusqu'en 2010. « Cette phase ultime répond à l'enjeu fort de l'intégration dans le quartier d'un lieu recevant quelque 2 000 usagers. Elle en fera redécouvrir des espaces ignorés, car évoluant jusqu'alors en milieu clos, comme la rue de la Manufacture, à l'arrière, qui sera piétonnisée », décrit Alain Jund, vice-président de l'Eurométropole en charge des déplacements.
Réalisés sous la maîtrise d'œuvre interne du service de la conduite des projets de l'Eurométropole, les travaux comprennent la végétalisation, la création d'un parvis devant l'entrée, la pose de revêtements en pavés recyclés (5 300 m2 ), l'élargissement à 5 m des trottoirs, le raccordement au réseau des pistes cyclables du centre-ville, ou encore l'instauration de voies à sens unique. L'aménagement s'inscrit dans la continuité des quais voisins, en lisière de l'hyper-centre historique, et il structurera les déplacements autour des mobilités douces. « Ce sera un changement de taille pour un quartier qui était très contraint par la voiture », ajoute Sophie Dupressoir, conseillère municipale déléguée à la ville marchable et cyclable.
Le chantier, qui doit s'achever cet été, vient prolonger les dernières interventions sur les espaces intérieurs de la Manufacture opérées par la Sers (Société d'aménagement et d'équipement du Rhin supérieur), pilote de la reconversion. Epaulée par la maîtrise d'œuvre urbaine de Linder Paysage et Lollier Ingénierie, la SEM locale aura consacré 30,2 M€ HT d'investissements au site, principalement pour restructurer les 21 500 m2 de bâtiments.
Usages multiples. La mutation s'opère vers un lieu d'usages multiples, autour de quelques fils rouges : la création d'entreprises, avec l'incubateur alsacien Semia, l'animation culturelle, un magasin de producteurs locaux et ses offres de restauration, le coworking et la jeunesse, avec un concept d'hébergement touristique « Hostel » dédié et l'arrivée de trois établissements de formation supérieure. L'antenne de la Haute Ecole des arts du Rhin sera la dernière à s'implanter, à la rentrée prochaine. Elle rejoindra l'Ecole et observatoire des sciences de la terre et l'Ecole nationale du génie de l'eau et de l'environnement (Engees) venues du centre-ville.
Ces deux établissements de l'université de Strasbourg forment, depuis un an, un pôle commun - GE2I - qui concentre à lui seul 10 000 m2 , conçus par Vurpas Architectes. « La réimplantation facilite les synergies avec le monde de la recherche. Le laboratoire I-Cube a d'ailleurs installé sa halle technologique pour l'hydraulique dans l'ex-manufacture », met en avant Jean-Marc Willer, directeur de l'Engees.