La modification n° 4 du plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi) de Strasbourg (Bas-Rhin), entrée en vigueur le 10 juillet, attribue un rôle décisif dans la planification à une centenaire : la ceinture verte se voit en effet dotée d'une orientation d'aménagement et de programmation (OAP) spécifique. Née d'une loi de 1922 qui lui a ôté sa fonction de protection militaire, cette succession d'espaces naturels qui entoure d'une bande de 20 km le centre historique obéit désormais à un ensemble de préceptes opposables. « Ils sont rassemblés pour la première fois dans un seul document, non plus comme une somme de dispositions localisées, et avec une force juridique supérieure à une charte d'engagements », relève Stéphane Hamm, chargé d'études principal à l'agence d'urbanisme strasbourgeoise Adeus qui a rédigé l'OAP avec les services de la métropole.
De surcroît, ce changement s'applique sur une superficie augmentée : la ceinture verte passe de 900 à 1 500 ha, en gagnant des espaces dans les faubourgs strasbourgeois, à l'entrée de communes environnantes et dans le nouveau quartier en cours d'urbanisation des Deux-Rives, proche du Rhin. « La modification n° 4 ancre le principe de préservation dans le PLUi. Elle encadre les constructions dans la ceinture verte, les limite parfois, mais ne pose pas d'interdiction générale », souligne Suzanne Brolly, adjointe à la maire en charge de la ville résiliente, en référence à la loi de 1990 actualisant celle de 1922, qui plafonne à 20 % l'emprise au sol que chaque bâti peut occuper sur sa parcelle d'accueil.
Zéro imperméabilisation nette. L'OAP ajoute, pour les projets de construction et d'aménagement, des règles visant à accentuer les « services environnementaux, de lien social et de santé publique » que la ceinture verte rend, dont la protection de la biodiversité ou les vues vers les monuments remarquables du centre-ville. Elle instaure quatre orientations générales (OG), précisées par des orientations détaillées. La préservation et le renforcement des corridors écologiques (OG 1) imposent ainsi de veiller à protéger les berges et à utiliser des matériaux perméables pour les cheminements piétons et cyclables, voire à augmenter la végétation ou à créer des continuités aujourd'hui absentes par endroits. Les projets devront aussi contribuer à créer une promenade métropolitaine autour de l'eau et d'un réseau de parcs (OG 2), à compléter les liaisons cyclables (OG 3) et à valoriser le patrimoine (OG 4) à travers des promenades piétonnes, la désimperméablisation- végétalisation d'axes comme celui du canal des Remparts à la place de Haguenau où des espaces à l'avant d'immeubles devront rester non bâtis, etc.
En complément de l'OAP et dans le périmètre historique de 900 ha, l'Eurométropole fait aussi de la ceinture verte son terrain d'expérimentation du « zéro imperméabilisation nette ». Toute imperméabilisation devra être compensée selon la règle du 1 pour 1. Celle-ci s'applique au regard de la nature des interventions (conservation d'arbres, plantation nouvelle, aménagement en pleine terre…) qui se voient attribuer des « coefficients de valeur écologique » et, pour certaines, des bonus.