Cet été, Thibault SAS, une discrète entreprise générale implantée à Foucarmont (1060 habitants), aux confins de la Seine-Maritime et de la Picardie, réunissait son personnel (67 salariés, 6,6 millions d'euros de chiffre d'affaires) pour une fête conviviale baptisée « Cent ans et plus ». En fait, la préparation de cette manifestation a permis de retrouver, gravé dans le torchis d'un bâtiment communal, le nom d'un aïeul « maître maçon ». L'inscription datait de 1800 ! Plusieurs raisons expliquent cette longévité.
Service et fidélité
« Nous avons eu nos années pavillonnaires puis nos années remises aux normes des bâtiments agricoles. Pour nous, il est capital de trouver en permanence de nouvelles niches », évoque Alain Thibault (56 ans), associé à son frère Philippe (58 ans). En s'exprimant ainsi, l'entrepreneur souligne l'adaptabilité et la polyvalence de la PME qui a su ainsi passer le cap difficile du milieu des années 90. Autre atout relevé par Philippe Thibault : la notion de service et de fidélité à certains industriels de ce pays « entre Bray et Bresle ». « Ils nous appellent pour tout et n'importe quoi, parfois très en amont de leurs projets. Pour certains d'entre eux, de l'industrie laitière ou verrière, nous travaillons depuis plus de 40 ans et de plus en plus en tous corps d'état », commente-t-il. Paradoxalement, l'isolement géographique de l'entreprise - « Pour beaucoup de Normands, nous sommes en Sibérie » - lui a servi à renforcer son indépendance, notamment par l'achat de matériel (grues, pelles) et à éviter de se mesurer frontalement aux majors du BTP quand ils s'aventurent dans ces contrées reculées. « Environ 80 % des entreprises de notre taille ont disparu. Nous résistons parce que nous sommes atypiques », sourit Alain Thibault. Derniers exemples en date : une intervention au pied levé sur le château de Mesnières-en-Bray, monument classé et lieu d'enseignement, victime d'un incendie au printemps, et encore la construction d'une usine à Val-de-Reuil (Eure), grâce à un partenariat avec Naessens, spécialiste belge du béton préfabriqué, une nouvelle « niche » pour Thibault SAS. Pour perpétuer la tradition familiale, Alain Thibault « se donne encore quelques années » avant de transmettre le flambeau à son fils Benoît et sa fille Elise.
PHOTO : Alain, Benoît et Philippe Thibault (de g. à dr.) devant le château de Mesnières-en-Bray où est intervenue Thibault SAS.
