A deux pas de la plage de Villès-Martin, sur le boulevard Albert-1er de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le chantier de la résidence Le Panorama est à l'arrêt. Ce programme comprenant 32 logements en accession dont 10 logements sociaux et la réhabilitation d'une maison existante a en effet été stoppé par un arrêté interruptif de travaux de la mairie le 9 septembre. En cause : le rez-de-chaussée du bâtiment le plus proche du boulevard est trop encaissé par rapport à la voirie, d'où un risque élevé de ruissellement et de submersion marine.
L'opération est pourtant très avancée : le gros œuvre est terminé, les vitrages posés et les travaux de second œuvre (pose des carrelages notamment) en cours. « Les logements devaient tous être livrés à la fin de cette année. C'est à la fois une catastrophe pour les personnes qui devaient emménager et pour les entreprises qui doivent retrouver des contrats le temps que la situation se règle », regrette Benjamin Gernigon, directeur général de Promocéan, le promoteur du Panorama. La Fédération française du bâtiment (FFB) de Loire-Atlantique confirme avoir été en contact avec une partie des entreprises concernées, qui se disent très inquiètes et craignent des retards de paiement préjudiciables.
1,30 m sous le niveau de la voirie. Tout a commencé le 3 juillet 2024. Alertée par des riverains ayant investi dans le programme, la Ville constate une non-conformité avec le permis de construire. Un arbre remarquable aurait été abattu par erreur et, surtout, les bâtiments construits au
bord du boulevard Albert-1er se retrouvent à 1,30 m sous le niveau de la voirie, soit un écart de 76 cm par rapport au permis de construire qui autorisait 54 cm de décaissement. « Nous n'avons pas pu intervenir plus en amont car des palissades opaques nous empêchaient de nous rendre compte de la situation », précise David Samzun, maire (PS) de Saint-Nazaire.
Divers géomètres-experts ont été missionnés par le promoteur afin de vérifier les chiffres. Un bras de fer s'est alors engagé entre Promocéan et la Ville. Yves Pérouze, l'architecte du projet, estime pour sa part que le projet est bien conforme si on se base sur le terrain naturel et non sur le trottoir surélevé en raison d'un arrêt de bus contigu à l'immeuble. Le promoteur, de son côté, a déposé une demande de permis de construire modificatif afin de régulariser la construction et de reprendre les travaux. La Ville a indiqué avoir accepté une différence de 15 cm avec le projet initial pour l'isolation, la chape et le revêtement de sol mais estime que l'écart reste trop important pour valider le projet en l'état.
Deux options sont cependant possibles pour qu'un permis modificatif soit accepté : la démolition totale ou la trans-formation des logements du rez-de-chaussée en locaux communs. Des solutions que Promocéan ne veut pas envisager. Le promoteur a donc déposé un recours en référé auprès du tribunal administratif pour contester l'arrêté interruptif de travaux, mais il faudra attendre au moins un mois avant de connaître les premières conclusions.