Saint-Malo : un navire amiral pour les collections municipales

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Côté ville, l'entrée du musée donnera sur une cour intérieure qui distribuera les différentes entités du site et dont le sol sera abaissé afin de dégager les vues sur la mer.

En Ille-et-Vilaine, dans la cité corsaire, l'idée d'un musée d'histoire maritime est un vieux serpent de mer. Lancé dans les années 2000, il vise à regrouper les collections, qui étaient dispersées entre le musée d'histoire de la ville (donjon du château) et le musée international du Long Cours cap-hornier (tour Solidor), tous deux peu adaptés à l'accueil d'un large public, ni à la conservation des pièces et qui ont fermé en 2019.

Après plusieurs études de programmation et de faisabilité afin de définir les contours et le site du futur musée, l'architecte Kengo Kuma est choisi en 2017 pour réaliser un signal sur le port. Le projet, qui devait être livré en 2022, sera finalement abandonné en 2021 par le maire, Gilles Lurton (DVD). Une décision motivée par une augmentation significative des coûts. Mais l'idée d'un grand musée maritime n'est pas abandonnée. Dès 2021, de nouvelles études sont lancées avec l'agence de programmation Kantara, et, en 2023, Gilles Lurton annonce l'emplacement du lieu du futur musée sur l'ancien site de l'Ecole nationale supérieure maritime (ENSM), l'Hydro. Porteur de sens pour le futur musée, ce bâtiment conçu par Louis Arretche et Roger Hummel et construit en 1958 est labellisé en 2023 « Architecture contemporaine remarquable ».

Dans la foulée, la Ville vote le nouveau projet scientifique et culturel porté par Philippe Sartori, conservateur des musées de Saint-Malo, puis la première pierre du centre d'étude et de conservation, un bâtiment de 1 000 m2 conçu par Hugues Fontenas Architectes qui accueille les réserves, est posée en décembre 2023.

Le projet de musée d'histoire maritime tient cette fois le bon cap et vise une ouverture fin 2028. Un concours international d'architecture, qui a rassemblé 90 agences, a été lancé en 2024 et c'est l'architecte Philippe Prost qui est choisi, à l'unanimité, devant Construire, Kaan et Wilmotte & Associés. « L'esquisse présentée par l'agence Prost a séduit le jury par sa bonne compréhension du dossier, sa sobriété, sa volonté d'intégration du site dans son environnement, sa mise en valeur du bâtiment dessiné par Arretche et, chose à laquelle je veillerai comme le lait sur le feu, le respect des coûts [budget prévisionnel : 32,7 M€ TTC, NDLR] », livre Gilles Lurton.

« Place formidable face à la mer ». Le site de l'ENSM ne pouvait qu'inspirer Philippe Prost, qui a débuté sa carrière par des interventions sur la citadelle de Belle-Ile-en-Mer et dont la réflexion architecturale est fondée sur les liens étroits entre mémoire et création. « Ce bâtiment est un fragment de ville, avec une place formidable face à la mer. C'est certainement une des plus belles réalisations de Louis Arretche car il a réussi à conserver l'âme de l'Intra-Muros sans être dans une logique de pastiche », estime l'architecte.

Elaboré dans une économie de moyens et de conception frugale, le projet limite les démolitions et vise à recréer du lien entre la vieille ville et la mer, à travers une continuité d'espaces publics via le percement d'une faille pour créer un accès depuis les remparts. Les seuls ajouts sont une passerelle reliant deux bâtiments afin de refermer la boucle du parcours scénographique et une vigie en porte-à-faux sur les remparts dessinée par Arretche, mais jamais réalisée.

Côté ville, l'entrée donnera sur une cour intérieure qui distribuera les différentes entités du site et dont le sol sera abaissé afin de dégager les vues sur la mer. Elle sera végétalisée par Michel Desvigne, qui a rejoint l'équipe après le concours qui n'imposait pas de paysagiste, et signera ici sa première réalisation en Bretagne. « Ça nous semblait très important qu'une touche végétale s'installe dans cette cour qui sera le cœur battant du site », explique Philippe Prost.

Un mois pour découvrir le projet

  • Exposition « De l'esquisse au projet »

La chapelle de la Victoire, un des bâtiments situés dans l'ancienne ENSM, accueille une exposition dédiée au projet architectural et muséal à travers des plans, des maquettes, des projections ainsi que des vues des collections. Elle présente aussi les spécificités du bâtiment de l'école conçu par Louis Arretche et Roger Hummel.

Du 5 avril au 4 mai Chapelle de la Victoire (4, rue de la Victoire, Intra-Muros)

  • Conférence de Philippe Prost, architecte, et David Lebreton, scénographe

Ce rendez-vous à ne pas manquer inaugure « Les acteurs du projet », un cycle de rencontres qui proposera de suivre l'évolution du projet jusqu'à sa livraison à travers la découverte des métiers de ceux qui le font.

Mardi 22 avril à 18 h 30 Théâtre Chateaubriand

  • Inauguration du Centre d'étude et de conservation

Ce bâtiment, qui abrite les réserves du musée, soit un fond de 13 000 œuvres et objets, a été conçu par Hugues Fontenas Architectes. Sa construction a été la première étape du nouveau projet.

Vendredi 25 avril

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