Promenades piétonnes et cyclables, pergolas, longues banquettes en bois face à l’Océan, nouveaux espaces conviviaux, Saint-Jean-de-Monts se transforme avec pertinence et assiduité. Ici, il s’agit de transformer les voies rapides pour permettre le stationnement de 2 500 véhicules face à l’Océan et le paysage surréaliste tracé d’un coup de crayon et de béton dans les années cinquante par l’architecte Debarre et une multitude de promoteurs, sur 2,5 km de dunes rasées pour créer 2 500 logements.
Un concours d’idées international. « Médiocrité architecturale, vieillissement, inconfort, monotonie, linéarité, minéralité, austérité et absence de cachet… La baisse de fréquentation de ce pôle d’urbanisation touristique et balnéaire, créé dans l’euphorie des grandes missions d’aménagement, a donné le signal d’alarme » explique Xavier Druhen, directeur de la station, chargé de son renouveau. Comment penser et agir globalement, donner du sens à ce grand site urbain et son front de mer, privilégier les circulations douces pour les piétons, cyclistes, rollers et même les chiens avec des « stations canines » ? Comment favoriser la liaison entre l’immense plage et les voies perpendiculaires et sécuriser les 120 000 estivants qui les traversent quotidiennement ? Comment trouver des alternatives végétales pour paysager 15 ha et valoriser les bâtiments ? Après ce diagnostic sévère, le concours international d’idées lancé en 1993 avec le soutien du ministère de l’Équipement passionne 93 équipes pluridisciplinaires par sa démesure et sa complexité. « Un cas d’école qui pourrait s’appliquer sur bien d’autres sites » précise Jean-Claude Bouthellau, directeur des services techniques, mais surtout un vaste programme pour les finances d’un pittoresque bourg vendéen de 7 600 âmes, blotti prudemment entre 800 ha de forêts et 4 000 ha de marais en zone Natura 2000, à l’abri des tempêtes. « L’autre visage de Saint-Jean-de-Monts, derrière sa muraille de béton » souligne Véronique Launay, conseillère municipale, vice-présidente de la Commission environnementale avec Bruno Leroy, attentive à la bonne application de la certification Iso 14001, renouvelée récemment.
Un plan lumière pour tous les quartiers. Depuis une dizaine d’années, l’esplanade de la Mer, au bord de l’immense plage, retrouve une raison d’être sous le regard des estivants des années 80 qui découvrent désormais sa version verte et pacifiée. La métamorphose se déroule par phases, selon le schéma directeur de l’agence Site et Cité de Toulouse qui, depuis 15 ans, assure une mission de conseil et d’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès de la commune. Nouveau plan de circulation, zones 30, « agrafes » au droit des voies médianes, définition d’un profil courant d’environ 300 m autour des aires de stationnement figurent au programme. « Les petits giratoires existants ont permis d’arrondir les angles et d’adoucir les différents cheminements et même de donner une certaine concavité à la longue perspective » constate Jean-Claude Boutthelau, signalant la matérialisation au sol des différents usages et des traversées. De même, le traitement particulier de l’avenue de la Mer, parcourue par un long serpent en pavés de granit, est éclairé par des lampadaires « Cobra » pour rester dans l’ambiance ! « Un plan lumière permettra de poursuivre ce travail dans les différents quartiers selon leurs vocations : balnéaire, résidentielle ou forestière, certains sentiers étant déjà éclairés par des candélabres en lamellé-collé ». Autre intervention majeure : l’ouverture vers la mer et la suppression des passages souterrains piétons pour offrir une accessibilité de plain-pied et une découverte visuelle du site. « La longue balustrade en inox, conçue et réalisée en régie, participe à cette mise en scène maritime » ajoute Jean-Claude Bouthellau.
Du sable, du sel et du vent. Au fur et à mesure des tranches, se déroule un autre paysage, conquis contre vents et marées, par Marc Chevalier, responsable du SEV et son équipe selon les indications du paysagiste Jean Restoueix (Site et Cité) sur cette ligne de côte où la dune disparue cherche sa place. D’où les accumulations sournoises et subites de véritables « congères » de sable dans les emmarchements, les recoins et les massifs, sans compter les 250 kg de cristaux de sel déposés par hectare et par an sur les pins de la forêt. « Ce cocktail sable-sel-vent, bien toléré par les oliviers de Bohême, malheureusement trop épineux, est redoutable pour les tamaris et les mûriers platanes » reconnaît le responsable du SEV. Il lui faut donc ruser devant l’ennemi, créer des obstacles, ralentir le flux, protéger les arrières, choisir des espèces aguerries à la fois décoratives, sobres, proliférantes, souples, estivales mais aussi hivernales. « Un éventail plus large qu’on l’imagine qui permet de créer et de renouveler les ambiances, d’occuper du terrain et de moduler les espaces ». Même si rien n’est jamais gagné, le sauvetage de la dune reconstituée depuis une quinzaine d’années sur une laisse de mer prouve peut-être le contraire.
