Construit dans les années 60 à partir de petites barres en r 4 disposées très grossièrement de façon orthogonale, le quartier de la Rocade à Sablé-sur-Sarthe a fait l'objet à partir du début des années 90 d'une démarche de requalification importante. Isolé à l'est de la ville entre les deux routes nationales qui mènent au Mans et à Tours, au contact des zones d'activités qui s'étendent en couronne autour de la ville, le quartier de la Rocade souffrait de son manque de liaison avec le centre, de discontinuités fortes entre les volumes bâtis et de l'abandon de ses espaces extérieurs. Au-delà de la réhabilitation de 550 logements, le principal propriétaire, l'office HLM Sarthe-Habitat, en a construit une soixantaine d'autres, une école maternelle, une maison de l'enfance et une maison de quartier. Cette densification, préconisée par une étude de programmation réalisée par l'architecte Francis Nordemann, a permis de recomposer certains îlots et d'affirmer plus fortement les deux axes principaux (rue Saint-Exupéry et avenue des Bazinières) qui structurent le quartier.
Elle s'est accompagnée d'un réaménagement de la totalité de la surface au sol, c'est-à-dire des voiries, des zones de stationnement, des pieds d'immeubles et de tous les espaces résiduels compris entre les immeubles « où les sols défoncés et l'absence d'éclairage renforçaient le sentiment d'insécurité », indique la paysagiste Dominique Caire, chargée du projet d'aménagement paysager. Celle-ci a travaillé en étroite relation avec la Ville de Sablé, maître d'ouvrage des espaces extérieurs, et à l'écoute de la population. Sa démarche de requalification a privilégié deux échelles d'intervention. A l'échelle du quartier, elle s'est attachée à retrouver des espaces publics majeurs : redonner une lisibilité aux deux rues principales, créer une grande place piétonne, aménager un vrai parc susceptible d'accueillir tous les habitants. A l'échelle de chaque coeur d'îlot, il fallait créer des ambiances végétales fortes à même de les caractériser et de les différencier.
Sur les deux voies principales, les alignements d'arbres ont donc été régénérés et valorisés (plantations de bouleaux, entourage des arbres, décompactage du sol) et de larges bandes végétales ont été plantées (cornouillers et pommiers à fleurs en cépées) le long des immeubles apportant une meilleure intimité aux seuils d'habitation. Les soubassements opaques (qui abritent les caves) ont systématiquement été dissimulés par des plantations de lauriers qui assurent un écran homogène et dense. Enfin, des haies de charmilles taillées à hauteur de voiture ont structuré les espaces de stationnement. Cette nouvelle trame végétale articule les vides avec les pleins et établit des continuités spatiales inexistantes auparavant. D'autre part, un vrai parc urbain de 1,5 hectare a remplacé l'espace vert informe qui en tenait lieu jusqu'à présent : un glacis en pente douce ponctué de cèdres de l'Atlantique conduit à une grande prairie centrale qui se prête aux jeux de ballon. Les lisières du parc ont fait l'objet d'une attention particulière, densément plantées de masses arborées et arbustives.
Le traitement des intérieurs d'îlots s'est concentré sur l'aménagement de jardins, tous différents, leur conférant une véritable identité : talus engazonnés et plantés de pins sylvestres et d'amélanchiers pour l'îlot des Bazinières, lignes de noisetiers et pommiers à fleurs pour l'îlot Hélène-Boucher, cadre de tilleuls soulignant l'espace carré de l'îlot Mermoz-Guynemer, modelage du sol accueillant des bouleaux blancs, des arbres de Judée et des pommiers à fleurs pour l'îlot de Nicolay. Chacun des jardins abrite une aire de jeux. Les cheminements piétons nouvellement créés qui relient les intérieurs d'îlots aux rues et au parc ont bénéficié d'un soin particulier (pavés béton et marbre gris rose, emmarchements en azobé), malgré un budget global (environ 350-400 francs le mètre carré) particulièrement serré.
FICHE TECHNIQUE (p.131) :
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Sablé-sur-Sarthe
Maîtrise d'oeuvre : agence Feuille à feuille (Dominique Caire, paysagiste)
Calendrier : réalisation en 4 phases entre 1993 et 2001
Coût total : 14,3 millions de francs TTC
Entreprises : Sacer Atlantique (Le Mans), VRD et sol ; Cheve, éclairage ; Huet paysage, espaces verts et jeux
PLAN :
Plan de l'aménagement des espaces publics : une aire informe a été transformée en un parc de 1,5 hectare.
PHOTOS :
La paysagiste Dominique Caire a caractérisé les coeurs d'îlots par des ambiances végétales.
Des arbres et arbustes balisent les cheminements piétons et structurent les divers espaces de voirie.