Ressource en eau : la région Paca mobilisée

Les Etats régionaux de l’eau, occasion de lancer une campagne de sensibilisation à la préservation de la ressource, étaient organisés à Marseille le 7 juin et ont réuni quelque 400 personnes autour de Renaud Muselier, le président de la région Sud-Provence-Alpes-Côte d’Azur. En parallèle, la collectivité a lancé un plan « Or bleu » doté d’un budget de 3,5 milliards d’euros, abondé, notamment, par l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse.

Réservé aux abonnés
Renaud Muselier lors des Etats régionaux de l'eau Paca, le 7 juin 2023
Le 7 juin à Marseille, les Etats régionaux de l’eau ont réuni quelque 400 personnes autour du président de région Renaud Muselier.

Un an après la sécheresse qui a touché notre pays, la région Paca se met en ordre de bataille.

Renaud Muselier, chef de l’exécutif régional, a notamment profité des Etats régionaux de l’eau, le 7 juin, pour lancer la campagne « Chaque goutte compte, L’eau, c’est la vie » et ainsi réaffirmer l’urgence de préserver la ressource dans le contexte de changement climatique. « Des aqueducs romains de l’antiquité jusqu’au barrage de Serre-Ponçon, en passant par l’eau des collines de Marcel Pagnol, les hommes du Sud ont toujours cherché à amener l’eau là où elle n’était pas. Aujourd’hui, réutiliser l’eau, la préserver et moderniser les canaux sont les principales solutions pour lutter contre la sécheresse », a-t-il déclaré en préambule de la manifestation qui a réuni quelque 400 personnes dont des invités de marque : de Christophe Mirmand, le préfet de région, à Loïc Fauchon, président du conseil de l’eau, en passant par Antoine Frérot, président du conseil d’administration de Veolia, Sabrina Soussan, présidente-directrice générale de Suez, Laurence Borie-Bancel, présidente de la Compagnie nationale du Rhône, les présidents des départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes, Martial Saddier et Laurent Roy, respectivement président et directeur de l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, Pere Aragonès, président de la Catalogne…

Visuel de la campagne de communication «Chaque goutte compte, L’eau, c’est la vie» lancée par la région Sud-Paca
Visuel de la campagne de communication «Chaque goutte compte, L’eau, c’est la vie» lancée par la région Sud-Paca Visuel de la campagne de communication «Chaque goutte compte, L’eau, c’est la vie» lancée par la région Sud-Paca

Les Alpes, le château d’eau de la Provence

Se succédant pour expliquer en quelques minutes les enjeux et leurs pistes d’actions, tous était d’accord pour insister sur la nécessité d’une eau mieux utilisée, mieux économisée et mieux répartie. En ce sens, le préfet de région a annoncé la prise d’un arrêté interdépartementale par les préfets des six départements de la région pour « plus de coordination, plus de capacité à agir ensemble et plus de réactivité ».

Comme l’a rappelé Laurent Roy, directeur de l’agence de l’eau, la région Paca est singulière en France. « En Paca, dans 80 % des cas, la ressource provient des eaux de surface. Alors qu’ailleurs en France, elle vient des nappes phréatiques. Sur les 2,8 milliards de mètres cubes prélevés par an, plus d’un milliard descend des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes via la Durance et le Verdon », a-t-il précisé. Ce système original de prélèvement d’eau de surface, qui vient de l’amont par un système d’infrastructures de distribution et de capacités de stockage (retenues, lacs de barrage) sert à plus de 60 % à l’agriculture et un peu moins de 30 % à l’eau potable. Mais la demande augmente et la ressource se raréfie. En dix ans, les prélèvements pour l’eau potable, compte tenu de l’essor démographique, ont augmenté de 33 %.

On a coutume de parler des Alpes comme du « château d’eau de la Provence ». Or, le niveau de l’eau stockée dans les réserves, - notamment les lacs des barrages de Serre-Ponçon et de Sainte-Croix -, a baissé de manière inquiétante l’an dernier faute de neige suffisante dans les Alpes. De plus, un tiers de la région Paca n’est pas desservi par le système Durance-Verdon. Or, dans les Alpes-Maritimes non alimentés, les débits d’eau dans les cours d’eau baissent. Les infrastructures de stockage de l’eau et les canaux d’irrigation déployés en Provence, dont une partie dès la Renaissance, mettent la région Paca à l’abri d’une pénurie totale. Mais pour combien de temps ?

Sobriété de l’eau

Le plan « Or bleu » chiffré à 3,5 milliards d’euros(1), voté par la région en mars dernier, vise justement à encourager l’innovation, assurer les solidarités entre les bassins versants et soutenir les actions allant vers davantage d’économies et de sobriété dans les usages de l’eau (cf. encadré ci-dessous).

Par exemple, la région va lancer une cartographie de l’état des réseaux pour réduire les pertes en eau estimées à 20 % en moyenne et réalise actuellement un diagnostic régional sur la réutilisation des eaux usées traitées.

Dans cette idée d’action concertée dont le but est d’interroger systématiquement la question de l’eau dans toutes les politiques, le plan « Or bleu » régional va de pair avec ceux adoptés par les six départements. Certains ont tenu des assises départementales de l’eau, d’autres ont pris des mesures. Lors des Etats régionaux de l’eau, Dominique Santoni, présidente du conseil départemental de Vaucluse, a, par exemple, annoncé un plan de 50 millions d’euros basé sur une meilleure connaissance de la ressource, sa sécurisation notamment par des investissements sur le plateau de Sault, la protection du grand cycle de l’eau et enfin l’aide à la désimperméabilisation des sols.

Les quatre axes du plan « Or bleu » de la région Paca :

1 - Economiser l’eau
► Accompagner la réduction de consommation d’eau du grand public
• Installation de récupérateurs d’eau de pluie, sur l’ensemble du patrimoine régional (lycées, bureaux, bâtiments) d’ici à 2025
• Equipements de 100 % de nos lycées en matériel d’économies d’eau d’ici à 2026 : robinets, toilettes, douches, arrosages d’espaces verts…
• Achat de récupérateurs d’eau de pluie pour les particuliers, à partir de janvier 2024
► Accompagner les projets de lutte contre les fuites en complément du financement de l’agence de l’eau pour les territoires ruraux
► Récupérer l’eau douce de Saint-Chamas (1,3 milliard de mètres cubes) grâce à un projet de dérivation dont le budget est 1,7 milliard d’euros
► Mobiliser l’Europe : l’exemple de l’appel à projet Feder sur la restauration des milieux (15 millions d’euros).

2 - Lancer, en septembre, d’un appel d’offres pour le développement d’une unité mobile de production d’eau potable : achat de trois générateurs d’eau itinérants, appelés « tulipes », pour transformer l’atmosphère en eau ; générateurs pouvant produire 800 litres d’eau par jour et 100 % autonomes, fonctionnant avec des panneaux solaires, pour mise en œuvre début 2024

3 - Réutiliser les eaux usées, pour passer à 10 % de réutilisation soit 50 millions de mètres cubes, en lien avec l’Université d’Aix-Marseille, la société du Canal de Provence, Suez et Veolia

4 - Modifier l’arrêté sécheresse. La région souhaite contribuer à la modification de l’arrêté sécheresse afin de prendre en compte l’origine des prélèvements, selon qu’ils affectent ou non les milieux naturels. Le projet prendrait aussi en compte les ressources, qu’elles soient prises dans des réserves artificielles ou naturelles.

Quatre axes de travail entre l’Etat et les collectivités de Paca pour la gestion de l’eau :

► La sobriété et le partage de la ressource entre les différents usages, agricoles, industriels et, bien sûr, eau potable, tout en innovant pour davantage mobiliser les eaux non conventionnelles (eaux usées notamment)
► La sécurisation de l’accès de tous à une eau potable de qualité (résilience de la distribution d’eau y compris en cas de crise, qualité de l’eau potable, tarification incitative et solidaire, lutte contre les fuites)
► la préservation et la restauration des écosystèmes (zones humides, milieux aquatiques)
► la lutte contre l’imperméabilisation et la prévention des inondations

(1) Répartition des 3,5 milliards d’euros : 2,5 milliards d’euros de l’agence de l’eau, 1 milliard d’euros consacré à l’hydraulique agricole, dont 620 millions d’euros investissement porté par la société Canal de Provence, 105 millions d’euros investis dans le projet Hauts de Provence Rhodanienne-Nord Vaucluse, et 315 millions d’euros d’investissements issus de l’étude Prohydra qui a servi à recenser les besoins en matière d’hydraulique agricole.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires