« Après la promulgation de la loi, il revenait à l’Etat de fixer les règles du jeu ». Le ministre des Transports Patrice Vergriete justifie en ces termes la réunion qu’il a présidée le 23 avril à Paris, avec les représentants de la trentaine de territoires qui se sont déclaré candidats à la réalisation d’un Service express régional métropolitain (Serm), tel que prévu par la loi du 27 décembre dernier.

Consensus territoriaux
Annoncées sous deux mois, les premières labellisations de projets résulteront d’un accord entre l’Etat et les territoires sur le périmètre, la gouvernance et la stratégie. « Les candidatures de Grenoble et de Chambéry méritent un débat, au vu des interconnexions entre ces deux territoires : faut-il les regrouper dans un seul Serm ? » Par cette question à laquelle il se garde de répondre, Patrice Vergriete pointe l’importance de la définition de la région métropolitaine.

Cette dernière peut-elle se confondre avec une région administrative, comme semble le penser la Bretagne, forte du consensus des autorités organisatrices de la mobilité (AOM) dans son territoire ? Le ministre craint surtout la tentation inverse de périmètres étriqués : « Je ne veux pas donner prise au sentiment qu’il y aurait des citoyens de seconde zone, exclus des Serm », martèle-t-il, heureux de présider à un processus issu des territoires et inscrit dans la durée : le parcours de labellisation se poursuivra après la désignation des premiers lauréats.
Non au dogme ferroviaire !
Sans surprise, l’Etat ne validera les projets qu’après avoir constaté le consensus entre l’ensemble des AOM présentes dans le périmètre d’un Serm. La labellisation tiendra aussi compte de l’association des citoyens au projet, conformément à la philosophie du ministre, initiateur de la convention citoyenne des mobilités.
La notion de « socle ferroviaire » n’appartient pas à son vocabulaire. Prenant le contrepied du « dogme du rail », le ministre précise : « Un Serm, c’est une vision globale et articulée du transport à l’échelle d’une région métropolitaine ». Patrice Vergriete voit une opportunité pour la France de combler un retard dans l’organisation de l’intermodalité.
Plus c’est cher, plus c’est long !
Et pour mettre les points sur les i, l’ancien maire de Dunkerque prend l’exemple de sa propre région urbaine : « Faut-il mettre 120 M€ dans la relance de la ligne Calais Dunkerque ? Ou bien le car express est-il plus pertinent ? Il reviendra aux régions et aux autres autorités organisatrices de s’accorder », insiste le ministre.
Annoncée pour l’été, en léger décalage par rapport au texte de la loi qui fixait l’échéance au 30 juin prochain, la convention de financement posera l’équation du temps ainsi formulée par le ministre : « Plus c’est cher, plus c’est long ». Là encore, le message concerne sa propre région, avec le projet lillois évalué à 9 Mds€, soit dix fois le coût du RER bordelais et girondin.
Pointe d’investissements entre 2028 et 2032
Or, et même s’il anticipe la montée en charge des investissements pour le contrat de plan 2028-2032, Patrice Vergriete ne veut pas laisser les Français penser que le débat sur le financement concerne des projets pour les années 2040 ou 2050. D’où l’idée de « penser le phasage, avec d’autres solutions que le rail ».
Sans tirer des plans sur la comète, le ministre des Transports ne cache pas l’espoir qu’il place dans l’Union européenne, pour contribuer à la décarbonation des transports, y compris à travers les Serm. « Tous mes collègues sont d’accord pour exprimer les besoins d’augmenter les fonds affectés au mécanisme d’interconnexion européen. Le sujet viendra prochainement sur la table de l’Union », déclare Patrice Vergriete.
Rendez-vous européen
La campagne électorale européenne en cours offre l’occasion d’approfondir cette réflexion, à travers le débat proposé ce jeudi 25 avril par l’association Objectif RER métropolitains, avec les principales listes candidates. Rendez-vous à 14 h au siège de la Fédération nationale des travaux publics !