La transformation du siège social de Groupama Rhône-Alpes-Auvergne à Lyon répond à une double préoccupation : réadaptation fonctionnelle du bâti autour du vide avec la création d’un atrium et d’une rue intérieure et transformation de l’image architecturale avec le souci de passer de l’ère du confidentiel à l’ère de la communication. « En symbiose avec l’évolution de cet assureur, dans le respect de la conception architecturale d’origine de Bissuel et Chamussy », complète Jean-Paul Rouillat, architecte lauréat.
Sièges de quatre mutuellesd’assurance. Dans les années 1970, La Mutualité construit un nouveau bâtiment. Sur 19 600 m2 HON en R 5, il abrite le siège de quatre mutuelles d’assurance selon un concept architectural logiquement quadripolaire : chaque entité y travaille sans communiquer avec les autres. Ce bâtiment illustre la génération des immeubles de bureaux à structure béton, de type poteaux-planchers caissons dont la trame (7,2 x 7,2 m) dégage de grands plateaux organisés autour d’un noyau central qui regroupe toutes les circulations verticales. Depuis l’origine, il cohabite avec un terrain de sports d’envergure, développe une imposante façade linéaire en front de Saône, et tourne le dos au quartier de Vaise, alors au développement incertain. Au fil de regroupements naît Groupama Rhône-Alpes-Auvergne, soucieux de s’agrandir de 5 200 m2 HON : une transformation de l’image architecturale épouse ce remodelage fonctionnel.
La spectaculaire restructuration du quartier ne manque pas d’interférer sur cette rénovation (voir encadré en page 72). « Il ne s’agit pas d’opposer le passé et la modernité mais au contraire de révéler la succession des modernités, explique Jean-Paul Rouillat. C’est par cette sédimentation que ce bâtiment évolue en s’appuyant sur ses origines. » Remodelage et simplification des plateaux de bureaux illustrent la réadaptation fonctionnelle : assez vastes et standards, ils laissent une liberté d’organisation, aujourd’hui et demain. Du fonctionnement à l’architecture, la fluidité et la transparence sont la règle pour cette société qui veut désormais se placer sous le signe de l’ouverture.
La transformation architecturale se caractérise par une simplification de la forme et la réalisation, au fil des niveaux, de toutes les possibilités d’extension offertes dès l’origine et facilitées par une faisabilité technique et structurelle de l’existant. L’extension passe par une construction neuve sur 48 modules (7,2 x 7,2 m), une construction programmée dès la création sur 25 modules, une autre non programmée à la construction sur 16 modules, et la déconstruction (pour créer un atrium) sur 9 modules (pour créer l’atrium). A l’est, naît une façade à la vocation unificatrice et, au sud, une extension complète la composition en harmonie avec l’espace paysager.
De l’architecture initiale en gradins – avec des habillages arrondis en aluminium pour souligner les diverses strates et toitures terrasses – le bâtiment mute vers une architecture plus compacte, plus légère et transparente par l’ajout d’une façade contemporaine double peau en verre clair. Elle préserve l’original : la trame continue d’apparaître clairement en façade et rythme les volumes et les baies filantes (voir encadré page 71). Une mutation qui s’appuie sur les volumes d’origine de qualité.
La création d’un atrium d’envergure (450 m2 sur 6 niveaux) et d’une rue intérieure de 80 x 7 m est le point central de la transformation. Conquis sur l’extérieur, l’atrium organise les circulations verticales tel un puits de lumière qui s’affirme comme le principal signal du bâtiment. Tourné volontairement vers le centre du quartier, il permet de voir la ville et d’être vu, de jour et surtout de nuit. Desservi par deux ascenseurs panoramiques, il se développe devant un pan de verre orienté au sud qui symbolise la nouvelle image de l’assureur.
Quel que soit le niveau du bâtiment, quel que soit le service où l’on se trouve, il organise la transparence et la covisibilité intérieures. « C’est le seul endroit d’où l’on bénéficie d’une perception complète de cet ensemble que la conception initiale avait volontairement ignorée », explique Jean-Paul Rouillat. La rue intérieure, orientée nord-sud, mène à l’atrium, animée par une succession de patios, de petits salons d’exposition et de divers points de rencontre. Dans un bâtiment désormais retourné vers la ville, le Nord, ex-entrée principale, conserve sa vocation d’entrée pour le personnel (côté parkings) et ajoute un rôle de réception avec une salle de réunion et un auditorium. Le Sud est dédié à l’accueil des visiteurs à pied qui franchissent pour arriver un espace urbain de composition si unitaire qu’il est impossible de faire la part entre l’espace public réalisé par le Grand Lyon et l’espace privé réalisé par Groupama.
Quelle gageure qu’une extension-restructuration en site occupé et sensible (énergie et informatique) ! La lutte contre les bruits liés au chantier est une donnée essentielle. Le lot génie civil est riche en démolitions et constructions : nouvelles constructions fondées sur pieux et micropieux, réalisation de dents creuses et autres extensions en appui sur structure existante avec renfort des fondations par micropieux, nouvelles structures avec poteau en béton armé et planchers caissons, etc.
Enveloppe étanche. « Nous avons rédigé un cahier des charges définissant les moyens à mettre en œuvre pour hiérarchiser les nuisances phoniques afin de les programmer en fonction de l’activité du chantier et les bureaux en exploitation », détaille Jean-Paul Rouillat. Enfin, la pose systématique d’une enveloppe étanche permet l’isolement du site occupé de chaque phase du chantier, renforcé par la mise en place de circuits chantier individualisés.




