Adopté le 11 septembre après trois ans d'élaboration, le schéma directeur de la région Ile-de-France-Environnemental (Sdrif-E), qui constitue la clé de voûte de tous les documents de planification régionale à l'horizon 2040, repose sur deux piliers : la sobriété foncière et le polycentrisme. « Le Sdrif-E marque une rupture profonde par rapport aux schémas précédents. Nous passons de l'aménagement au ménagement du territoire. Avant, il s'agissait de savoir où et comment nous allions consommer la terre. Aujourd'hui, nous avons le devoir d'ériger la sobriété en ligne d'action », expliquent Valérie Pécresse, présidente de la région, et Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président chargé du logement et de l'aménagement durable du territoire.
Le document, qui vise le zéro artificialisation nette (ZAN) à l'horizon 2050, cible une réduction du rythme d'urbanisation des espaces naturels, agricoles et forestiers (Enaf) de 176 ha/ an à chaque nouvelle décennie avec comme point de départ les 774 ha/an consommés en moyenne entre 2011 et 2021 (voir ci-dessous) . Cette trajectoire conduirait d'ici 2040 à une artificialisation globale de l'Ile-de-France de 9 787 ha sans prendre en compte les projets d'envergure nationale ou européenne (10 816 ha en les intégrant).
Cet objectif de sobriété foncière s'articule à une stratégie régionale de renaturation. Le schéma directeur prévoit notamment la réalisation de 140 nouveaux espaces verts et préconise un taux de 30 % de surfaces de pleine terre à atteindre dans les communes carencées. Il définit par ailleurs 500 km de fronts verts (trois fois plus que dans le Sdrif de 2013), ces lisières entre espaces bâtis et ouverts ayant vocation à fixer une limite à l'urbanisation, et il sanctuarise 178 000 ha d'Enaf. « Le Sdrif-E organise un nouvel équilibre entre ville et nature », soulignent les deux élus.
Région des 20 minutes. Autre grand fondement du schéma directeur, le polycentrisme vise à construire une « région des 20 minutes » où tous les équipements seront accessibles à moins de 20 minutes en transport. Dans ce but, l'exécutif a identifié 27 centralités et 117 polarités qui mailleront l'ensemble du territoire et devront permettre de rapprocher logements, emplois, commerces et écoles tout en offrant des équipements sportifs et culturels, des espaces verts… « Ces pôles attractifs disposeront de davantage de droits à urbaniser, mais cela implique des devoirs en termes de création de logements et d'équipements publics », prévient Valérie Pécresse.
La collectivité maintient en effet le cap des 70 000 logements par an dont les deux tiers d'abordables. « Quelque 90 % d'entre eux seront produits en renouvellement urbain », précise le vice-président. Hors de l'hypercentre (voir ci-contre), le nombre de logements au sein des espaces urbanisés devra progresser en moyenne de 13 % à l'horizon 2040. Dans le détail, il devra augmenter de 15 % au moins dans les communes situées dans un rayon de l'ordre de 2 km autour d'une gare ou dans les polarités de l'espace rural et de 17 % au minimum dans celles inscrites dans les polarités du cœur ou de la couronne de l'agglomération. Les villes carencées en logement social bénéficieront de capacités supplémentaires d'artificialisation, de l'ordre d'1 ha pour celles disposant de moins de 3 ha d'urbanisation. Quelque 412 communes rurales disposeront elles aussi d'1 ha garanti pour mener leurs projets. « Le développement urbain sera modéré dans l'hypercentre, important dans le cœur et la couronne de l'agglomération et fort dans les villes moyennes (plus de 10 000 habitants) de l'espace rural destinées à devenir les points d'appui du polycentrisme régional », commente Jean-Philippe Dugoin-Clément.
Le Sdrif-E prévoit aussi 27 000 ha dédiés à la souveraineté productive, et inclut un important volet mobilité avec 790 km de lignes de transport en commun supplémentaires.
Avant son entrée en vigueur, le Sdrif doit franchir une dernière étape : son approbation définitive par décret en Conseil d'Etat d'ici trois à quatre mois.
