Vous avez adressé à Jean-Louis Borloo dix propositions pour doubler la part du rail sur les Alpes en quinze ans. Est-ce réaliste ?
Cela l’est, à condition de limiter le nombre de poids lourds sur les Alpes à trois millions par an. Pour contingenter ce trafic, l’idée serait de créer une bourse du transit alpin : les transporteurs achèteraient des droits de passage qui seraient limités, comme le font les industriels avec les droits d’émission de CO2.
Il faut savoir qu’aujourd’hui, 68 % du trafic routier traversant les Alpes franco-italiennes se réalisent sur plus de 600 kilomètres, distance pertinente pour le ferroviaire.
Comment se développe ce dernier ?
Le transfert de marchandises de la route vers le rail progresse chez tous nos voisins européens, mais pas en France. Cette situation s’explique en partie par des éléments conjoncturels pénalisants tels la mise au gabarit de la ligne historique du Mont-Cenis, qui implique des interruptions régulières de la circulation. Elle sera opérationnelle en 2009, il faudra alors l’utiliser au maximum.
Parmi vos dix propositions, quelles sont les plus urgentes ?
La taxe au kilomètre parcouru pour les poids lourds, dont les recettes seraient affectées à la construction d’infrastructures ferroviaires. Ce système fonctionne déjà en Allemagne, où les camions sont suivis par GPS et reçoivent une facture en fonction de leur parcours. Nous militons également pour la création d’une autorité franco-italienne de régulation des transports alpins. Si cette idée est dans les esprits, les Etats doivent maintenant se mettre d’accord pour choisir le patron… Il le faut dès 2008. Les travaux préparatoires du Lyon-Turin se terminent cette année, la mise en place d’une gouvernance unique nous semble indispensable avant que ne soient lancés les appels d’offres.
Quelle suite attendez-vous ?
Nos dix propositions sont une contribution aux débats préparatoires du Grenelle de l’environnement. Nous espérons que des décisions seront prises à ce moment-là. Le Lyon-Turin est indispensable pour l’économie du sud européen. Mais il manque aujourd’hui une volonté politique forte pour avancer.
