Quand les zoos deviennent « écolos »

Cages et fossés, synonymes d’enfermement, disparaissent de l’environnement zoologique, l’enjeu consistant désormais à installer les animaux dans des biotopes similaires à ceux dont ils sont issus.

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La ville est tout le contraire de la nature… Et c’est probablement pour cela qu’elle lui fait les yeux doux, cherchant par tous les moyens à l’attirer dans les méandres de ses quartiers où le minéral est roi. Si les parcs et jardins publics s’y multiplient, tout comme les plantations d’alignement, ce besoin de la retrouver va aujourd’hui encore plus loin. Beaucoup plus loin même… À tel point qu’un nombre grandissant d’agglomérations - grandes, moyennes et parfois petites - éprouvent cette indicible nécessité de la « recréer » dans sa globalité, végétale et surtout animale, ce qui, il faut bien l’avouer, apparaît de prime abord assez compliqué !

Des écosystèmes appropriés.

Jusqu’au début des années 80, les zoos constituaient une réponse plus ou moins satisfaisante. « Ils avaient alors pour but d’affirmer la domination et la maîtrise des hommes sur les animaux exotiques et dangereux (…), les systèmes de cages et de fossés indiquant bien ce rapport de force. Ils permettaient à l’époque de connaître et donc de s’approprier les animaux* ». Mais ils ne pouvaient répondre que de façon très partielle à ce nouvel engouement des citadins désireux de « toucher du doigt » ce qu’ils ne connaissent finalement que fort mal : une nature qui n’a pas encore été transformée par la main humaine. Progressivement, un nouveau type et une nouvelle génération d’espaces se sont fait jour, aussi bien en agglomérations que sur des sites plus ruraux. Les cages disparaissent peu à peu au profit d’une mise en scène aussi proche que possible de la vraie nature, celle que l’on qualifie de « sauvage ». Autrement dit, on s’efforce de montrer la gente animale dans ses propres écosystèmes, parfois de façon très simple, en faisant appel à des décors peu coûteux, parfois avec l’aide technique plus sophistiquée comme cela peut être le cas dans les zoos des grandes métropoles et ce, même si les mises en scène ne permettent pas toujours une vision aussi parfaite que ne l’étaient les cages.

Cultiver, en permanence, l’imaginaire du visiteur.

Le but de l’opération est clair : il faut, immédiatement après son entrée dans le « sanctuaire », que le visiteur soit transporté sur d’autres continents lointains. La faune, la flore et même la température doivent lui donner l’impression d’être à des milliers de kilomètres de chez lui. Ainsi, le fameux Biodôme de Montréal apparaît-il comme « un lieu où la nature a été totalement récréée, donc totalement contrôlée, depuis le degré d’humidité à la date de chute des feuilles en passant par les espèces d’animaux qui y sont présentes et la façon dont elles sont disposées* ». La légitimité des zoos classiques est par conséquent remise en cause et même battue en brèche. L’imaginaire de ceux qui parcourent les allées de ces nouveaux équipements doit fonctionner à « plein rendement ! ». Pour cela, les concepteurs travaillent en totale concertation avec des zoologues, des paysagistes, des botanistes, des écologues, des naturalistes…

Un contrôle permanent.

« Ces nouveaux modes de conception s’appuient ainsi sur une présentation illusoire de la nature libre, le visiteur devant être persuadé de déambuler dans un espace ouvert alors qu’il se trouve en permanence à l’abri d’une quelconque agression extérieure. Exemple : le célèbre jardin zoologique du Parc de la Tête d’Or à Lyon qui a été équipé d’une clôture en mailles métalliques irrégulières qui évoque « un enchaînement de toiles d’araignée géantes tendues à des troncs eux aussi métalliques** ». De même, fait-on appel à de faux rochers pour construire des fossés plus vrais que nature, à des pontons et à des passerelles qui se fondent dans le paysage tout en permettant une circulation aérienne au-dessus des biotopes et des animaux. Quant aux batraciens, toujours au même endroit, ils peuvent être observés à travers des vitres invisibles… L’ingéniosité des architectes permet ainsi un contrôle permanent des locataires des lieux de manière beaucoup plus discrète qu’à l’époque d es cages grâce à ces installations de camouflage appropriées et souvent insoupçonnables.

Un milieu hostile et inconnu.

Cette nouvelle approche des parcs zoologiques oblige les gestionnaires à une surveillance sanitaire du patrimoine végétal mis en place beaucoup plus pointue qu’elle ne l’était sur les sites de première génération. Créé de toutes pièces dans un milieu qui bien souvent lui est inconnu et hostile, il doit en effet être soutenu dans sa défense contre les attaques d’agents pathogènes auxquels il n’a jamais été confronté. Cela ne doit cependant pas décourager les initiatives qui peuvent se manifester ici ou là afin, comme l’a expliqué Geneviève Beraud-Brienne, directrice du département des jardins botaniques et zoologiques, que « l’animal soit vraiment chez lui et que l’homme ne soit plus qu’un visiteur ». Même si ce dernier doit concentrer tous ses efforts pour que la vraie nature sauvage reste l’habitat le plus souhaitable pour toutes les espèces animales.

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