« Je ne suis ni concepteur lumière, ni éclairagiste : je suis un artiste », prévient d’entrée de jeu Yann Kersalé, auteur de « La Vague », une installation lumineuse réalisée au Havre (Seine-Maritime), en hommage au peintre Gustave Courbet (1819-1877). Sur la digue nord qui protège le port et la ville des humeurs fantasques de la Manche, « un lieu de promenade par temps calme, lieu de spectacle par tempête », le plasticien a reçu commande directe d’une installation dynamique qu’il a voulu assujettir aux états de la mer. « Lorsque les éléments se déchaînent, les visiteurs viennent de toutes parts assister à l’explosion des déferlantes sur cette ligne de béton, explique Yann Kersalé. Le projet est donc double qui consiste à prendre en compte et sublimer deux moments radicalement opposés. » Par temps calme, une bande de lumière bleue est créée au sol (via 78 balises équipées chacune de quatre LED d’une puissance de 3 W), sorte de « tapis » sur lequel le visiteur marche sans être ébloui. « Cela permet de voir la ville de nuit, les flots et les ciels crépusculaires. Un effet qui crée une rémanence visuelle matérialisant une ligne horizontale, en contraste avec les feux de balisage d’entrée et de sortie du port. » A l’heure des tempêtes - une dizaine de fois l’an -, un dispositif lumineux placé côté port se déclenche, à l’abri du mur de la digue, qui « embrase » les gerbes d’eau qui viennent s’y fracasser (30 projecteurs de 36 LED d’une puissance de 1,2 W chacune). « Ici, c’est la nature qui commande. » Les gouttelettes d’écume, à l’instar de microprismes liquides, décomposent alors la lumière blanche en un arc-en-ciel perpétuellement mouvant. « La grandeur et la force de l’élément liquide se trouvent sublimées dans la nuit, par cette lumière de dessous qui apporte une autre vision de la vague. Courbet n’en croirait pas ses yeux ! », assure Yann Kersalé.

