Centre privé de recherche appliquée dont le siège est installé à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), Nobatek a fait de la terre l'un de ses sujets de recherche. Il envisage de lancer à la fin de l'année le label Nexterre, concrétisation de son travail sur la valorisation des terres d'excavation, démarré en 2023 avec les laboratoires Siame (université de Pau et des pays de l'Adour) et Alios. « Beaucoup de terres issues des excavations sont considérées comme un déchet alors que dans le même temps, les professionnels vont en chercher dans les carrières, parfois à une longue distance », relève Thomas Garnesson, responsable des activités matériaux et systèmes constructifs chez Nobatek. En 2021, dans les Pyrénées-Atlantiques, 688 000 t ont été excavées tandis que 533 000 t étaient stockées dans des carrières.
Nobatek s'appuie dans cette démarche sur des centres de collecte de déchets inertes à qui il propose d'accueillir cette nouvelle valorisation, comparable au process mis en place pour le béton. « La terre est préparée et qualifiée, puis caractérisée grâce à des analyses en laboratoire. Elle peut alors être triée en fonction des usages », détaille l'ingénieur. « La demande en terre crue est faible et le gisement important : nous serons donc exigeants sur la sélection, et le produit sera de même qualité que la terre de carrière », précise-t-il.
Différentes typologies et différents usages
Les plateformes Goyhetche TP, le syndicat mixte BilTaGarbi et Cemex sont les premiers partenaires. Elles pourront ainsi vendre différentes typologies de terre pour réaliser du pisé, de l'enduit, des briques ou du mortier et de la terre allégée avec granulats végétaux, à projeter ou en remplissage de coffrages. Il n'y a pas d'investissement majeur à faire - hormis les analyses - et une tonne de terre conditionnée en big-bag peut être vendue entre 50 et 100 € HT, en fonction des plateformes. Reste à convaincre les maîtres d'ouvrage de prescrire ce matériau. « Nous sommes en contact avec eux pour les sensibiliser afin d'intégrer des clauses “terre crue issue d'excavation” dans les marchés », indique Maxime Deru, ingénieur matériaux et systèmes constructifs chez Nobatek.
Autre produit qui émerge actuellement dans le laboratoire angloy : la plaque de terre crue et laine de mouton comprimée, appelée PAC0 (pour panneau carbone 0). Une centaine de panneaux ont été produits et Nobatek cherche un fabricant qui pourrait passer à l'industrialisation. Il s'agit de valoriser la laine de manech, une race ovine du Pays basque. Longue et rêche, elle n'est pas utilisée pour le textile, et, pour l'heure, est stockée ou même brûlée. Dans les plaques de terre, elle apporte de la résistance.
La terre crue est comprimée avec la laine de mouton hachée et les plaques sont séchées à température ambiante, durant une semaine en moyenne. « D'une épaisseur de 25 mm, elles apportent de l'inertie sur une structure légère », précise Maxime Deru. En outre, ce panneau de revêtement ne nécessite pas d'enduit de finition. Si les premières formulations ont été réalisées avec de la terre de carrière, les plaques pourraient également être produites avec de la terre d'excavation, et ainsi élargir le panel du label Nexterre.