Projet urbain Une zone scientifique à transformer en quartier central

A Grenoble, la restructuration de la zone du polygone scientifique -– où s’est concentrée depuis 40 ans une grande partie des établissements de recherche -– est à l’ordre du jour. Objectif : prolonger le centre-ville selon un plan directeur élaboré par l’architecte Claude Vasconi.

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Avec 250 ha et 1 ­million de m2 à construire, c’est, dans ses dimensions, l’un des plus importants projets urbains pour une ville française pour les 15 prochaines années. Un projet non pas d’extension mais de construction de la ville sur la ville, de densification et de diversification d’une zone déjà urbanisée, le « polygone scientifique ». Celui-ci s’est constitué après la guerre, entre les deux rivières tumultueuses qui baignent la ville, le Drac et l’Isère. Sur ces terrains en marge du ­centre-ville, au-delà de la voie ferrée qui mène à Lyon, la fine fleur des laboratoires de recherche grenoblois relevant notamment du CNRS et du CEA (dont l’accélérateur de particules, le synchrotron) ont fait la renommée mondiale de la capitale alpine dans le domaine des hautes technologies.

« Nous voulons profiter du fait que les recherches liées au nucléaire – qui nécessitaient une zone de ­sécurité importante – sont devenues moins dominantes pour ouvrir ce quartier et l’inclure complètement à la ville, explique Michel Destot, maire de Grenoble et physicien. Nous ­allons le désenclaver et profiter de sa ­faible densité pour construire les logements, les équipements, les commerces dont il a besoin pour devenir un prolongement du centre-ville. » Actuellement, la zone est en ­effet désertée la nuit puisque, si 13 000 personnes y travaillent, ­elles ne sont que 300 à y résider. En matière de logements, tout reste à faire : le site pourrait en accueillir 4 000, dont une bonne part de logements étudiants, qui profiteraient de l’accueil de ­nouvelles écoles scientifiques en relation avec les laboratoires existants. Il s’agit de construire 1 million de m2 au total.

Pour définir les grandes lignes urbanistiques de ce projet, c’est l’architecte Claude Vasconi – maître d’œuvre en 2002 du nouveau palais de justice de Grenoble ­– qui a été choisi sur consultation. Ses propositions ont été validées l’été dernier par les différents acteurs : la Ville, le département et le comité scientifique, où siègent le CEA et le CNRS. Elles ont pris la forme d’un plan directeur qui s’articule sur deux idées forces.

Ruban photovoltaïque

La première est la définition d’un grand axe, une avenue arborée qui accueillera sur ses rives une partie importante des nouveaux programmes et qui pourra être ponctuée de quelques tours. « Il ne faut pas s’interdire ce type de bâtiments, qui peut donner la mesure à une ville comme sur une portée musicale. Il s’agirait de tours poly­valentes, groupées en bouquets, comme celles existant à l’entrée est, de l’autre côté de la ville », ­précise Claude Vasconi. L’avenue reprend le tracé d’une rue existante, la rue des Martyrs, qui sera prolongée pour passer sous la ­ligne de chemin de fer – en accusant une légère pente – et rejoindre le ­centre-ville devant la gare TGV. Cette avenue sera également desservie dans toute sa longueur par la ligne B du tramway. La deuxième proposition prévoit de créer, le long du Drac et de l’A480, une verrière oblique de 2 kilomètres, sorte de grand ruban couvert de panneaux photo­voltaïques sur une hauteur de 25 m. Confortant une image écologique et technologique de Grenoble bien visible depuis l’autoroute, elle viendrait s’accrocher sur toutes les façades des nouveaux bâtiments en les alimentant en énergie et en abritant une rue piétonne couverte.

Enfin, le plan directeur intègre le tracé de la future rocade autoroutière nord de Grenoble qui, passant en tunnel sous la colline de la Bastille, débouche sur le site en le coupant en deux : « Un vrai défi pour rendre cette coupure moins brutale dans le paysage et l’intégrer le mieux possible au futur quartier », dit Georgina Campos, chef de projet chez Vasconi.

Après les phases de concertation actuellement en cours, le projet urbain sera précisé à partir du printemps 2009. A cette date, une ZAC sera créée, un architecte en chef désigné par une nouvelle consultation – Claude Vasconi est bien évidemment candidat – et un aménageur choisi pour le suivi opérationnel du projet.

Maître d’ouvrage : Ville de Grenoble, conseil général de l’Isère, Commissariat à l’énergie atomique

Maîtrise d’œuvre du plan directeur : Claude Vasconi, architecte ; Georgina Campos, chef de projet

Programme : restructuration de voiries et d’espaces publics, construction d’environ 4 000 logements de tous types (y compris étudiants), de bureaux, de laboratoires scientifiques, d’hôtels, de commerces, d’équipements.

Superficie totale : 250 ha

Surfaces à construire : 1 million de m2.

Calendrier : 2009-2025

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