Dès la fin juillet, un bulldozer D11 de 104 tonnes rejoindra le chantier EPR2 de Penly où les équipes d’Eiffage réalisent actuellement les travaux préparatoires. C’est tout à fait inédit d’exploiter un tel engin, le plus gros de la gamme des bouteurs Caterpillar, sur un chantier de travaux publics en France mais quelques D11 sont néanmoins déjà exploités en carrière sur le territoire national. « Il s’agit de la 5e machine distribuée en France et l’unique D11 Next Gen d’Europe à être exploité », précise Benoît Poussou, directeur général de Bergerat Monnoyeur France.
« En raison de la centrale nucléaire située à proximité, le minage n’est pas une technique envisageable sur le chantier pour ne pas générer de vibrations » explique Laurent Juillard, directeur Infra Linéaires et Terrassements d’Eiffage Génie Civil. « Et, si nous avions à disposition un bulldozer D10 de 70 t, nos études nous ont permis d'acter qu'il n'était pas dimensionné pour la craie dure de type R11, géologie particulière du site, ce qu'un test de l’engin nous a aussi confirmé. Il nous fallait donc un modèle plus puissant », ajoute Antoine Bour, directeur matériel DOP Infra Linéaires et Terrassements d'Eiffage GC.
Avant de retrouver son terrain de jeu, le géant en acier a subi plusieurs étapes de préparation au sein de l’atelier Bergerat Monnoyeur de Moissy-Cramayel (77). « La partie mécanique du montage de la machine a requis 70 heures de travail et plus de 160 heures de main d’œuvre ont été nécessaires pour le peindre », précise David Guenot, responsable national activité montage de Bergerat Monnoyeur. Pour cette dernière étape à l’atelier peinture, les équipes techniques ont fait entrer l’engin d’un côté du bâtiment et la lame de type SU (semi-universal) d’une capacité de 27,2 m3 de l’autre, compte tenu du gabarit de la machine.
Un engin à la dent dure
Produit aux Etats-Unis, à Peoria (Illinois), le D11 est mû par le moteur diesel V12 C32 d’une cylindrée de 32 litres et délivrant une puissance de 850 ch en marche avant et de 957 ch en marche arrière pour garantir un maximum de passes. Particularité de taille pour le chantier de Penly, son ripper monodent atteint une profondeur de pénétration maximale de 2,18 m pour une force de pénétration à la dent de 32 t et une inclinaison de celle-ci de 63 t. « Ses caractéristiques techniques garantissent 50 % de production de plus qu’un D10 », déclare Sébastien Levallois, responsable grands comptes de Bergerat Monnoyeur. De quoi venir à bout des 500 000 m3 de matériaux les plus durs à dérocter en bas de la falaise sur plusieurs dizaines de mètres de profondeur que l’engin rencontrera une fois avoir géré la partie meuble, soit très certainement à partir de septembre. « Un autre enjeu aussi de ces travaux est d’obtenir des fractions de matériaux nous permettant de remblayer derrière. Nous avons donc hâte que le ripper et la craie se rencontrent », ironise Laurent Juillard.
Au total, sur le chantier de Penly 5 500 000 m3 de matériaux sont à terrasser parmi lesquels les 2 500 000 m3 de la falaise, dont les 500 000 m3 de craie dure en bas de la falaise. Ensuite, il y a le futur bloc usine, se trouvant environ à 20 m au-dessus du niveau de la mer, qui pèse aussi 1 500 000 m3 de matériaux durs.
Une partie de l'équipe matériels d'Eiffage GC (Antoine Bour, Romain Rousselot et Fabrice Blanc) surplombant le ripper monodent.
Une semaine de montage sera nécessaire avant la mise en route du D11 qui sera mobilisé à 80 % sur du ripage. Un seul opérateur se verra confier les commandes. Il sera accompagné au départ par un démonstrateur Bergerat Monnoyeur.
Des services convaincants
Outre les caractéristiques hors normes de la machine, l’accompagnement de Bergerat Monnoyeur est un autre paramètre clé pour Eiffage qui a par ailleurs aussi fait l’acquisition d’une niveleuse 14, dont la remise des clés est intervenue ce 27 juin en même tant que celle du D11, en plus de huit autres machines Cat déjà réceptionnées, essentiellement pour le chantier de Penly.
Dans les faits, Bergerat Monnoyeur s’engage auprès de son client à maintenir la connectivité de ses engins à tout moment, à anticiper et signaler lorsque des composants peuvent être reconditionnés pour gagner en efficacité, à réaliser des diagnostics à distance des machines, à partager les performances de ses services et à verser des compensations financières si certains engagements ne sont pas tenus.
Prochainement, deux autres pelles de production, des EX1200-7 de Hitachi de plus de 140 tonnes rejoindront six autres excavatrices de 90 à 120 t déjà opérationnelles sur le chantier et la soixantaine de tombereaux mobilisés.
