Lors du comité interministériel à la ville du 30 juin 1998, Claude Bartolone, ministre délégué à la Ville, confiait à Philippe Vignaud, architecte, la mission de réaliser une charte de qualité urbaine pour les quartiers difficiles, et notamment les sites des grands projets urbains (GPU). Elle servira de base de négociation entre les collectivités locales et l'Etat pour le déblocage de crédits dans le cadre des contrats de ville 2000-2006. S'ils sont d'accord pour respecter la philosophie de la charte, les quartiers difficiles recevront le label de grands projets pour la ville (GPV) à partir de janvier 2000. Les actuels grands projets urbains ont également vocation à devenir des grands projets pour la ville s'ils signent cette charte.
Le lancement officiel de la charte et de cette nouvelle génération de grands projets aura lieu en octobre lors des Assises nationales pour le renouvellement urbain. La liste des sites retenus sera également rendue publique à cette occasion. « Mais c'en est fini des grands projets urbains décidés par l'Etat et imposés sur le terrain. La volonté de devenir un grand projet pour la ville doit venir des collectivités locales », a précisé Claude Bartolone lors d'une rencontre nationale avec les élus locaux, le 6 mai dernier.
« L'application de la charte devrait permettre d'éviter les dérives parfois constatées dans les GPU », explique-t-on au ministère de la Ville.
Première dérive : les GPU ont souvent été considérés comme des opérations d'aménagement urbain ne comprenant plus que des restructurations du bâti et des espaces publics sans préoccupation des problèmes sociaux et économiques.
Deuxième dérive : les GPU ont parfois oublié le reste de l'agglomération, et la réflexion a porté sur le quartier seul, sans lien avec le reste du territoire.
Troisième dérive : les habitants n'ont pas toujours été associés au projet.
Un groupe de confrontation pour élaborer la charte
Afin de résoudre ces problèmes, Philippe Vignaud a reçu la mission d'identifier les questions essentielles auxquelles doit répondre un projet urbain réussi. En particulier, celui de mettre en lumière les problèmes d'articulation et de phasage dans la réalisation des projets urbains.
La mission doit également poser la question de la communication des projets urbains auprès des habitants et proposer des solutions pour ouvrir le dialogue entre ceux-ci, les concepteurs urbains, les élus et autres maîtres d'ouvrage. « Nous pourrons aussi évoquer, si le besoin s'en fait sentir, des propositions d'ordre architectural et urbain », explique Philippe Vignaud.
Ces analyses seront illustrées par des réalisations exemplaires et confrontées aux situations locales des quatorze GPU, d'où émergent des problématiques et des réponses. Philippe Vignaud animera un groupe de confrontation constitué de personnalités ayant une pratique de l'action sur le cadre bâti et l'environnement urbain dans les métiers de l'urbanisme, l'architecture, le paysage, les transports, le financement et la gestion. Le groupe auditionnera des concepteurs urbains et d'autres partenaires ayant une expérience à faire partager.
Cela conduira à l'élaboration de la charte de qualité et d'un fichier pratique recensant les projets exemplaires, des fiches techniques et des témoignages. Un rapport d'étape, prévu en juin, devrait donner une idée plus précise du contenu de la charte.
GRAPHIQUE : Evolution des crédits engagés par l'Etat (ministère de la ville) en millions de francs (1994-1999) - Depuis 1994, on assiste à une augmentation des crédits engagés par le ministère délégué à la Ville dans les grands projets urbains. Parmi les exemples les plus significatifs, on peut citer Grigny (9,4 millions de francs de crédits engagés entre 1994 et 1996, et 37,9 millions prévus pour 1999) ou Roubaix-Tourcoing (14,9 millions de francs entre 1994 et 1996, et 180,3 millions de francs en 1999).