Cette opération de restructuration urbaine du quartier Vauban-Neppert menée par ANMA qui comporte 150 logements – 11 500 m² SHON – a pour objectif de faire du square Neppert un équipement majeur. Les nouveaux logements habitent le parc et participent à son désenclavement tout en créant une transition avec les îlots existants. Le jardin central et les différents espaces publics de la ZAC Lefèvre ont été confiés à l’équipe de paysagistes Territoires. Ils s’articulent le long d’un cheminement nord sud qui lie et organise par son dessin les jardins et les espaces publics constitutifs du parc Vauban Neppert pour façonner les pièces d’un bocage urbain. Il permet d’afficher une nouvelle identité pour le quartier, de souligner et renforcer des éléments existants dans les espaces traversés (murs, seuils, plantations). Les différents jardins qui constituent les pièces de ce bocage sont légèrement creusés et renouent avec le sous-sol graveleux de la plaine mulhousienne. Ils recueillent les eaux pluviales des habitations périphériques et participent à leur infiltration. Ils sont plantés d’une végétation qui s’inspire de la flore spontanée, étagée selon un gradient d’humidité dans le sol.
Le jardin Lefebvre est marqué par trois creusements qui tirent à eux les eaux de pluie mais aussi contribuent à une lecture particulière de la nature du sous-sol mulhousien. Le principe du jardin consiste en la mise en scène de cette strate pédologique issue du Rhin. Pour chacun des trois creux, le point bas est affirmé par un impluvium, élément maçonné de recueil des eaux qui participe au projet à plusieurs titres :
- en permettant, par son creusement, de se rapprocher du matériau alluvial et d’en éprouver physiquement la nature ;
- en infiltrant les eaux pluviales. Les eaux des toitures ruissellent le long des pentes puis sont captées par ce dispositif ;
- en révélant le principe végétal qui régit le jardin. Dans cet œil, sont installées des plantes qui ont la capacité à pousser dans un sol de graviers et à coloniser de berges rhénanes.
Les impluviums sont constitués d’un muret circulaire en béton d’environ 90 cm de hauteur. Une rampe hélicoïdale – qui se poursuit sous le gravier – mène au centre de l’impluvium planté d’espèces végétales basses et d’essences à pousse rapide de type saules, peupliers, aulnes, ormes. En périphérie, un dallage de 1,50 m de largeur au même niveau que l’arase du muret, assure le passage des eaux pluviales des pentes engazonnées vers le centre de l’impluvium.
Les eaux de pluies récupérées par l’impluvium aboutissent à un bassin tampon qui constitue la réserve destinée à l’arrosage du jardin. Il est doté d’un dispositif de trop-plein avec soupape, qui déverse l’eau vers un deuxième bassin ou vers une zone d’infiltration qui alimente indirectement la nappe phréatique. En période sèche, si la réserve devient insuffisante, le bassin peut être rechargé en eau de ville. Le branchement sur le réseau étant réglementaire pour le nettoyage.
La végétation du jardin est une évocation de la flore qui colonise régulièrement les berges du Rhin, habituée à s’établir dans des sols à fortes proportions de galets tels que ceux charriés par le fleuve. Les impluviums en tant que lien physique avec ce sous-sol particulier sont le cœur du principe de plantation. Cette végétation des milieux particuliers inféodés aux effets du Rhin, supporte des périodes d’humidité très marquées comme des passages prolongés de sécheresse liée à un sol drainant. A partir des trois points bas, et fonction de la teneur du sol en eau (les espèces hygrophiles étant concentrées aux environs des impluviums), la végétation essaime dans tout le jardin à travers un espace de pelouse intensive planté d’arbres aux environs des impluviums, puis une pelouse extensive jusqu’aux limites privatives. La végétation liée aux impluviums constitue la partie la plus fraîche et la plus précieuse du jardin.
