Mulhouse, dans le Haut-Rhin, est une de ces villes qui a construit sa prospérité sur l'eau avant de la renier. S'appuyant sur des plans anciens, Catherine Rapp, l'adjointe à la maire en charge de la nature en ville, décrit la cité comme une ancienne « Venise » alsacienne, lieu propice au développement de l'industrie textile, dont les filatures DMC ont été un fleuron. « Mais avec l'urbanisation des années 1960-1970, on a beaucoup canalisé et recouvert », poursuit l'élue. Désormais revenue à de meilleurs sentiments, la ville a décidé de remettre ses rivières à l'honneur.

Ainsi, sur l'ancien site DMC, appelé à être réaménagé, le Steinbaechlein est ressorti de terre en 2020 pour redevenir sur quelques centaines de mètres « le ruisselet caillouteux » que suggère son nom. D'autres tranches devraient suivre « mais nous avons commencé par la zone la plus facile, là où le cours n'était pas enfoui trop profondément et au-dessus duquel rien n'avait été construit. Dans le secteur urbain en amont, l'opération sera plus complexe », explique Olivia Ghazarian, directrice de Rivières de Haute Alsace, le syndicat mixte qui mène une partie des chantiers lancés par la Ville. Mulhouse privilégie en effet une vision globale et de long terme, à la fois sur le Steinbaechlein, l'Ill ou encore la Doller. « Huit interventions sont déjà programmées, des redécouvertes telle celle en cours devant la gare ou des réaménagements de berges, et ce pour un budget de 32 millions d'euros, signale Catherine Rapp. A mon sens, ce projet majeur lancé en 2018 pourrait s'étendre sur trois décennies. » Ce quadrillage bleu de la ville s'accompagne de la constitution d'une trame verte, l'objectif affiché étant de faire de Mulhouse « une ville nature ». Tant au profit de ses habitants que de la faune.
