Inaugurée en septembre dernier, l’école de la Cigogne à Bois-Colombes (Hauts-de-Seine) s’est installée dans la soufflerie Hispano-Suiza, délaissée dans les années 1950. Le bâtiment – façades et toiture – est inscrit depuis 2000 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Construit en 1937, il se présente comme un parallélépipède de béton de 55 m x 16 m flanqué de deux tuyères en évent sur ses pignons. « Une trompette dans une boîte à chaussures ! », soulignent les architectes Patrice Novarina et Alain Béraud.
Pour mener à bien le projet (4 classes maternelles, 5 classes élémentaires, un centre de loisirs et les bureaux de l’Inspection académique), les architectes souhaitaient conjuguer modestie et rigueur. « Notre règle a été de reprendre ce qui est utile et de mettre en valeur ce que notre époque juge intéressant. Le respect de l’ancien ne doit pas nuire à la fonctionnalité du bâtiment. Alors on l’a un peu brusqué… », exposent-ils. Novarina et Béraud appliquent une règle d’or : respect et audace. Ils ajoutent une extension de 656 m2 en rez-de-chaussée pour le centre de loisirs.
Réversibilité. Volumes simples et bas, piliers circulaires, les architectes jouent ici la carte de la réversibilité qui permettra de retrouver, si besoin est, la configuration initiale du bâtiment. Audace aussi : deux pans des façades sont arrachés pour faire apparaître le cône de la soufflerie et entrer la lumière. « On a redessiné ces façades défigurées en 1951 pour y installer des bureaux ». Les architectes ont été moins interventionnistes pour les pignons percés par les tuyères, l’une de 5 m de diamètre, à l’ouest, l’autre de 13 m à l’est. « Nous les avons simplement remis en valeur. » Une petite bavette en zinc a été rajoutée sur la plus petite, la tuyère d’entrée, pour éviter les salissures. L’autre, avec ses déflecteurs de sortie, a été plus minutieusement restaurée.
A l’intérieur, la couleur structure le bâtiment et se combine avec les fenêtres, les impostes et les puits de lumière. Bleus, jaunes et rouges apportent du dynamisme. « Nous sommes partis d’une palette de 20 nuances issues des couleurs primaires ». Gris cassé et bleu ciel luminescent pour le béton d’origine, bleu nuit pour les dortoirs ; rouge, vert et rose vifs pour les escaliers. Un chromatisme qui accentue ou corrige les volumes, fait disparaître des poteaux et estompe les décrochages.