Le ballet des engins de terrassement s’est ouvert ce printemps, sur le flanc ouest du faisceau ferroviaire qui traverse Chartres. A l’extrémité de la passerelle ouverte en mai 2021 pour desservir les quais sans passer par le hall de gare, un belvédère surplombe les travaux.
Ce poste d’observation laisse facilement imaginer l’avenir tracé par Chartres Aménagement, avec l’urbaniste Garcia Diaz, maître d’œuvre de la zone d’aménagement concerté de 30 hectares qui mobilise 122 millions d’euros d’investissements : à droite, Bouygues construction pilote les travaux du futur parking de 1190 places et de la gare routière qui le coiffera, selon les plans de l’agence d’architecture Jacquez-Azema ; à gauche, Briand construit le futur complexe culturel et sportif qui contribuera à justifier les nouveaux stationnements.
Longue haleine
Ce chantier prolonge une stratégie municipale constante depuis 2001 : « Face à la droite et à la gauche, j’ai gagné ma première élection sur l’idée de construire 3000 places en centre-ville. Avec la gare, nous y serons », se réjouit le maire Jean-Pierre Gorges. Son soulagement se nourrit du souvenir des interminables négociations foncières avec l’opérateur ferroviaire national, qui ne tolère aucun aléa : pour construire la passerelle, il a fallu décider du calendrier quatre ans à l’avance, au jour près.

Chantier phare du premier mandat de Jean-Pierre Gorges à la mairie de Chartres en 2005, le parking Coeur de ville a ouvert la voie vers une métamorphose de l'ambiance urbaine.
Dans des chantiers urbains de grande ampleur, la dialectique entre équipement culturel et stationnement automobile s’est installée dès le premier mandat de Jean-Pierre Gorges : ponctué par le cinéma, le théâtre et la médiathèque en surface, l’aménagement d’un « Boulevard de la Culture », confié à Reichen & Robert, donne au centre-ville l’attractivité qui garantit sa clientèle à l’exploitant des 1100 places du parking Cœur de ville, sur 600 m de long.
Pari gagnant gagnant
« Je me souviendrai toujours du chèque que nous avons remis solennellement au maire après l’année d’exploitation qui a suivi le chantier de 2004 et 2005, en paiement des premières redevances issues de l’exploitation », témoigne Michèle Salvadoretti, directrice générale de Q-Park.
Le résultat ne semblait pourtant pas couler de source, à en croire le maire : « Aux quatre candidats à la concession qui réclamaient 12 à 17 millions d’euros de subvention d’équilibre, j’ai répondu non. Faisons plutôt un pari gagnant gagnant avec partage des risques, au cas où l’exploitation n’atteindrait pas le seuil de rentabilité ».
L’engagement écrit du maire a convaincu la directrice générale de Q-Park, dans une ville qui sert alors de test à la nouvelle maison mère néerlandaise du numéro trois français des parkings : comme l’espéraient les deux parties, les équipements culturels et la nouvelle ambiance urbaine amènent la clientèle.
Amodiations en vue
Entre ce premier investissement de 27 millions d’euros et le début du chantier de la gare, une réhabilitation lourde a offert l’opportunité de l’acte II, bouclé en septembre dernier sous la préfecture : « C’est le seul exemple de mise aux normes publiques d’un ancien parking privé », souligne la dirigeante de Q-Park. Trois millions d’euros de travaux de mise aux normes et d’embellissement, conduits en lots séparé par le concessionnaire avec des entreprises locales, ont présidé à cette transformation.

Rénové en septembre 2020, le parking République offre "le seul exemple de mise aux normes publiques d'un ancien parking privé", selon Michèle Salvadoretti, directrice générale de Q-Park.
Forts de ce bilan, l’exploitant et le maire songent déjà à l’acte IV nécessité par le boom immobilier post-covid de la ville moyenne du bassin parisien. Cette nouvelle phase appelle des montages différents des traditionnelles concessions : la ville envisage de proposer des amodiations à des groupements de promoteurs, pour des parkings mutualisés.