A l'invitation d'Espaces Ferroviaires, filiale aménagement et promotion immobilière de la SNCF, les Parisiens ont pu découvrir, le 30 septembre, le site du futur quartier des Messageries, qui se déploiera sur 6 ha le long du faisceau de la gare de Lyon, dans le XIIe arrondissement. Le terrain, également délimité par les rues du Charolais et de Rambouillet, s'insère dans une zone dédiée jusqu'en 2015 à des activités postales, de maintenance et de réparation des locomotives. « La capacité de dégager des réserves foncières sur les emprises SNCF pour fabriquer de la ville s'inscrit dans une stratégie de long terme. Le faisceau de la gare de Lyon représente une opportunité historique sur laquelle nous avons déjà beaucoup travaillé », a souligné Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, notamment chargé de l'urbanisme, présent lors de cette visite, aux côtés d'Emmanuelle Pierre-Marie, maire de l'arrondissement, et de Fadia Karam, directrice générale d'Espaces Ferroviaires.
Cette nouvelle pièce urbaine, composée principalement de 600 logements et de 44 000 m2 de bureaux, jouxtera le quartier Charolais-Rotonde, lui aussi aménagé par Espaces Ferroviaires entre 2010 et 2016. Le projet préserve trois édifices qui datent des années 1920 et forment un ensemble cohérent : la halle des messageries où Ground Control s'est installé temporairement dès 2017 (tiers-lieu de création et de diffusion culturelle et artistique) et dont la programmation reste à définir, et deux autres bâtiments occupés par des bureaux et un centre de formation de la SNCF. « Les Messageries s'organiseront autour d'un parc de 1 ha qui s'étirera sur 550 m de long, assurant la jonction entre le quartier de la gare de Lyon et le secteur Dugommier », a précisé Emmanuel Grégoire.
Immeuble réversible. L'opération se déroulera en deux phases. La première (2,7 ha) a fait l'objet d'un permis d'aménager en 2019. Après la démolition de plusieurs halles et ateliers (entreprise Occamat), les travaux de viabilisation engagés en septembre 2022 par Razel-Bec et Terideal s'achèveront fin 2023. La construction du quartier démarrera dans la foulée par les travaux de Messager, un programme tertiaire de 10 618 m2 SP développé par Espaces Ferroviaires et conçu par les agences Franklin Azzi Architecture et Hame. Pensé dès sa conception pour être intégralement réversible, il pourra se transformer en un immeuble de logements sans modifications majeures de sa structure ni de ses façades. Son permis de construire est purgé de tout recours. C'est aussi le cas de celui du bâtiment de 3 185 m2 SP sous maîtrise d'ouvrage de la Ville de Paris et signé Atelier Serge Joly Architectes, qui abritera une école de 8 classes et une crèche de 68 berceaux. En bois, pierre, paille et terre crue, l'équipement public vise le niveau E4 C2 du label E+ C- et le niveau 3 du label Bâtiment biosourcé.
Le nouveau quartier s'organisera autour d'un parc de 1 ha
Cette première séquence inclut la réalisation de la quasi-totalité du jardin (0,8 ha) et la plantation de 244 arbres. « Sur les 6 ha du site, 3 ha seront désimperméabilisés et végétalisés, dont 2 ha de pleine terre. Nous allons créer un quartier “éponge” sans rejet d'eaux pluviales dans les réseaux », a détaillé Fadia Karam. L'aménageur a aussi pris l'option d'un quartier sans stationnement afin de favoriser les modes de déplacements doux (piétons, vélos).
Quant à la seconde phase, sa mise en œuvre dépend de la reconstitution préalable du centre d'avitaillement de 15 000 m2 . Installé sous une partie du plateau ferroviaire et de la halle des messageries, il approvisionne en produits alimentaires TGV et commerces de la gare. « Les discussions sont en cours et j'espère que nous aboutirons fin 2023 à une décision sur ses conditions de transfert », a expliqué Fadia Karam. Et de conclure : « Nous avons lancé les études en 2014, il y a donc bientôt dix ans et nous avons encore dix ans de travail devant nous. »

Informations techniques
Aménageur : Espaces Ferroviaires.
Maîtrise d'œuvre urbaine : Rogers Stirk Harbour and Partners (urbaniste, mandataire), Michel Desvigne (paysagiste), Tolila+Gilliland (architecte), Franck Boutté Consultants (développement durable), Ingérop (BET).
Programme global : 44 000 m2 de logements (60 % social, 20 % intermédiaire, 20 % en accession), 44 000 m2 de bureaux, 600 m2 de logistique urbaine, 10 000 m2 de services de quartier, une école et une crèche (3 185 m2 ), une maison de santé (300 m2 ).
Phase 1 : 290 logements dont 198 sociaux et intermédiaires (MOA : ICF Habitat La Sablière ; architectes : Clément Vergély, Béal & Blanckaert, Bond Society et Le Studio Sanna Baldé) ; des bureaux (10 618 m2 ), une école et une crèche.