Après les travaux de viabilisation menés en 2022 et 2023, la friche ferroviaire Hébert (Paris XVIIIe) poursuivra sa mue dans les prochains mois avec, courant 2025, le lancement des premiers chantiers de logements. Délimité par les rues de l'Evangile et Cugnot et le faisceau ferré de la gare de l'Est, le site de 5,2 ha, jusqu'alors dédié au stockage et totalement clos, accueillera un programme mixte de 103 000 m2 SP. « Hébert s'inscrit dans la démarche d'ensemble de renouvellement urbain engagée par la Ville de Paris sur le quartier de la porte de la Chapelle. Il vient s'insérer dans le tissu disparate et fragmentaire de cette partie du XVIIIe arrondissement et se connectera par sa forme urbaine et architecturale aux quartiers voisins », commente David Lucas, directeur aménagement Ile-de-France à Espaces Ferroviaires, filiale d'aménagement et de développement immobilier du groupe SNCF, qui porte cette opération.
Elaboré par l'agence d'architectes-urbanistes de Claire Schorter (Grand prix de l'urbanisme 2024) LAQ, Osty & associés (paysagiste), les BET OGI/TPFI (VRD) et Elioth (développement durable), le plan-guide opère une synthèse entre les trois scénarios exploratoires débattus en ateliers avec les habitants. « Les riverains se sont prononcés en faveur d'une diversité des formes urbaines plutôt que pour des îlots homogènes à R + 7 sur l'ensemble du site », indique Charlotte Cratchley, directrice du projet Hébert à Espaces Ferroviaires. Les immeubles de logements s'échelonneront ainsi du R +3 sous la forme de duplex superposés à R +11 en passant par une hauteur plus classique (R +4/R +7). « Ce projet proposera différents modes d'habiter. Il répond à notre conviction que l'urbanité doit être source de commun, de diversité et d'altérité. Cette variété des typologies permet aussi de venir s'accrocher au plus près du tissu urbain existant », énonce Myriam Toulouse, architecte- urbaniste associée de l'agence LAQ.
Venelle végétalisée. Les maisons superposées (RDC/R +1 et R +2/R +3) s'installeront le long des allées-jardins qui séparent les lots F, E et M. Chacun de ces îlots, appelés « square-rail », comprendra aussi une émergence à R +11 côté faisceau ferré, et un bâtiment à R +4 en bordure du square central. Les habitants des duplex accéderont à leur appartement depuis la venelle. Celle-ci, de statut privé, sera ouverte au public la journée mais fermée la nuit par une clôture. D'une largeur de 12 m à 14 m, cette voie sera largement végétalisée, de part et d'autre d'un cheminement central.
« Les rez-de-chaussée habités participent - comme ceux occupés par des commerces, des locaux artisanaux ou des vélos - au développement d'un quartier vivant et ils favorisent la “co-veil-lance” des espaces publics. Mais habiter le sol à Paris ne va pas de soi », reconnaît Myriam Toulouse. Cette configuration doit donc remplir plusieurs conditions : des logements traversants et en duplex, des chambres situées à l'étage ou sur les cœurs d'îlots plantés, des seuils extérieurs paysagés, des séquences d'entrée travaillées en creux ou par filtres pour éviter de pénétrer dans les logements par le séjour. Les îlots F, E et M ainsi que le G proposeront 25 logements en rez-de-ville. S'y ajouteront ceux aménagés dans les duplex superposés des lots B et C.
« Mise à distance du bruit ». Autre option retenue par l'aménageur et l'urbaniste : l'implantation de bâtiments résidentiels le long des voies ferrées. « Les études ont montré que les nuisances acoustiques liées au faisceau n'étaient pas plus importantes que celles de la rue de l'Evangile. Il nous a donc semblé intéressant d'y réaliser des édifices bénéficiant d'une exposition au sud-est et de vues lointaines. Un linéaire artisanal et des entrées d'immeubles seront implantés sur la promenade du Faisceau pour éviter que cette zone bordant le réseau de la gare de l'Est ne devienne un arrière de quartier, sans flux, ni animation », explique Charlotte Cratchley. Là aussi, les constructions devront respecter certaines exigences : au moins une chambre au calme et au frais sur cour à partir du T2, des façades rugueuses et la mise en œuvre de dispositifs pour atteindre a minima le niveau 3 du label NF Habitat HQE. « Le bruit de l'activité ferroviaire sera aussi mis à distance par la promenade du Faisceau, large de 14 m et composée d'une voie circulée et d'un jardin en léger décaissé », précise Myriam Toulouse.
Les îlots E, M et G seront les premiers livrés en 2027 - les permis de construire devraient être délivrés fin septembre. Ils seront suivis du lot F en 2028. La première phase dans laquelle ils s'inscrivent et qui représente les deux tiers du projet, soit environ 500 logements, fait l'objet d'un permis d'aménager obtenu en 2020. Elle devrait s'achever en 2030. Espaces Ferroviaires prévoit trois autres tranches conditionnées au départ des activités encore présentes sur le site (police régionale des transports, base Iris, emprises du chantier du CDG Express). L'ensemble de l'opération pourrait être livré à l'horizon 2034.

Lot F : les émergences en bordure du faisceau ferré offriront des vues lointaines (MOA : Foncière Ville de Paris et Paris Habitat, 71 logements BRS ; architecte : Avenier Cornejo). © Avenier Cornejo Architectes

Lot M : les appartements donnant sur les voies disposeront d’au moins une chambre au calme et au frais sur une cour intérieure (MOA : ICF Habitat La Sablière, 71 logements sociaux et 27 intermédiaires ; architectes : Armand Nouvet - Julien Boidot). © Armand Nouvet Architecture

Lot E : les duplex superposés s’installeront en bordure des allées-jardins reliant la promenade du Faisceau au square central (MOA : Espaces Ferroviaires, 87 logements libres ; architecte : LAN). © LAN Architecture
Retrouvez le détail des projets ici : « Paris : premières architectures pour le futur quartier Hébert »
Programme : 103 000 m2 SP avec 49 000 m2 de logements (environ 800) dont 60 % sociaux et 10 % intermédiaires ; 39 500 m2 dédiés au développement économique ; 8 200 m2 d'activités ; 1 500 m2 de services et commerces ; un équipement d'enseignement (Ecole normale sociale, 2 000 m2 dans le lot D) et un de petite enfance (en RDC du lot H).