Une curiosité, ou plutôt une anomalie : Ouistreham, porte d’entrée du port de Caen et terminal des ferries transmanche, ne fait pas partie de la communauté d’agglomération Caen la mer ! La façade maritime de l’agglo se limite à Hermanville-sur-mer et Lion-sur-mer, sur quatre kilomètres. Au conseil communautaire, d’aucuns promettent que l’erreur aura été corrigée d’ici à deux ans, mais ils sont au moins aussi nombreux à ne pas y croire. Même fortement endettée, Ouistreham, qui touche 15 % du produit des jeux de son casino, peut encore adopter un moment la posture du village gaulois.
Le lien, c’est Ports normands associés (PNA) - syndicat mixte propriétaire et gestionnaire des ports de Caen-Ouistreham et de Cherbourg depuis le 1er janvier 2007, suite aux lois de décentralisation de 2004 - qui le fait. Car PNA est partie prenante dans la Spla Caen-Presqu’île. « Un territoire sur lequel nous n’avons toutefois pas d’ambition portuaire », précise son directeur général Jean-Michel Sévin. Le fait que les installations portuaires caennaises soient la propriété de PNA justifie néanmoins l’implication du syndicat mixte dans ce projet d’aménagement et, au-delà, dans son prolongement jusqu’à la Manche. Ainsi PNA a-t-il adopté au printemps un schéma directeur d’aménagement portuaire, qui trace les grandes lignes de ce que pourrait être le port de Caen à l’avenir. Ce schéma scinde les quinze kilomètres qui séparent Caen de la mer en quatre secteurs. De l’aval vers l’amont : l’estuaire d’abord, dont l’ambiance naturelle fait alliance avec deux réserves de développement identifiées DTA - Ranville et Ouistreham ; puis, au-delà de l’écluse, la zone de Blainville/Hérouville, port de commerce de Caen ; le secteur transitoire du viaduc de Calix, lequel marque la limite est du périmètre d’études de la presqu’île ; et la presqu’île, donc.
Plate-forme conteneurs ou écoquartier avec marina
Prochainement, 18 millions d’euros vont être investis dans l’extension du terminal de Ouistreham pour améliorer sa fonctionnalité. Chaque année, un million de passagers et trois millions de tonnes de marchandises y transitent. Les travaux de terrassement devraient être achevés avant l’été. C’est le groupement EMCC/Botte Fondations/TPC qui a été choisi pour les effectuer. Un deuxième appel d’offres sera bientôt lancé pour le bâti. La mise en service de la nouvelle plate-forme (4,2 ha) est programmée pour le printemps 2012. Mais le nœud du schéma d’aménagement c’est le secteur Hérouville/Blainville.
PNA a le projet d’y développer une plate-forme conteneurs de 24 ha, en lien avec Port 2000 au Havre. « L’agglomération caennaise fait une consommation de conteneurs assez importante, cette plate-forme lui offrirait un meilleur service de desserte, à moindre coût », explique Jean-Michel Sévin. Mais la Ville d’Hérouville s’y oppose. Sa contre-proposition : un écoquartier avec marina. Projet un peu surprenant dans la mesure où l’on construirait des logements à proximité d’une déchetterie et de terrains pollués. Pour autant, le débat n’est pas tranché. Il y a là un protocole urbain à trouver, qui pourrait d’ailleurs tenir dans la réalisation des deux projets, des terrains étant disponibles en aval pour de l’habitat.
Autre grand débat qui n’a pas trouvé son point d’équilibre : la fameuse liaison interquartiers nord (LIQN) dont on parle depuis plus de quinze ans pour relier l’A13 (Paris-Caen) à la N13 (Caen-Cherbourg) sans passer par le périphérique et rendre ainsi le trafic plus fluide au nord de l’agglomération. Mais le franchissement du canal coûte cher et plus personne ne semble décidé à le payer…
