- Comment imaginez-vous l’agglomération de Caen dans une quinzaine d’années ?
Je rêve d’une agglomération qui soit à la fois plus grande, mais aussi plus cohérente géographiquement. Car si le choix a été fait d’aller chercher la mer, cette volonté n’a pas permis de tisser un territoire cohérent au plan économique, notamment au sud et à l’ouest. Il nous faut tendre davantage vers cette entité géographique cohérente qu’est le pays.
- Quel est l’enjeu principal du projet d’agglomération ?
Nous avons défini notre projet autour de trois objectifs principaux que sont l’ambition, la solidarité et l’écoresponsabilité mais, derrière cela, un de nos enjeux majeurs est clairement de donner une image renouvelée de la ville-centre. Pour nous, le grand sujet est d’épouser la modernité afin de modifier l’image que Caen donne d’elle-même. Notre action vise à renforcer l’attractivité économique du territoire. Pour cela, Caen la mer doit conforter ses compétences en matière d’innovation. Il nous faut coproduire l’avenir, notamment en mariant la recherche et la production des services de demain.
- Concrètement, quelle est votre méthode ?
Un petit rappel tout d’abord. A l’issue des élections de mars 2008, nous avons souhaité définir un projet d’agglomération sur lequel a travaillé une équipe d’élus, pilotée par Colin Sueur, le maire de Colombelles. Aujourd’hui, ce projet est partagé, et nous entrons dans la phase « action ». Sur le plan de la gouvernance, il nous faut retisser du lien entre la ville et l’agglomération. Nous avons déjà une direction des ressources humaines commune et nous sommes en train de mutualiser les services du bâtiment. C’est un début. Il nous faut également mettre de l’ordre dans nos outils que sont l’agence de développement économique Synergia, Normandie Aménagement et la Shema. Aujourd’hui, ces deux SEM sont trop concurrentes et pas assez complémentaires. Il va certainement falloir redéfinir leur périmètre. Car l’aménagement est au cœur de notre projet, la reconquête de la presqu’île en particulier.
- Justement, un projet va marquer la presqu’île, la fameuse BMVR qui sera réalisée par Rem Koolhaas. Doit-on y voir un symbole ?
La Bibliothèque multimédia à vocation régionale (BMVR) sera l’étendard de Caen, mais j’espère qu’il y en aura d’autres. L’excellence et l’innovation dont je parlais tout à l’heure, c’est aussi dans la culture qu’il nous faut aller les chercher. Nous avons toujours été une grande région d’imprimerie, nous accueillons l’Imec (ndrl, les archives des éditeurs français) à l’abbaye d’Ardenne. J’aimerais que nous allions plus loin en constituant un cluster des supports du texte, afin de croiser l’écrit et le numérique.
- Dans ce projet, le logement reste un point faible.
Effectivement, l’aire urbaine progresse de 1 500 emplois nets par an et il nous faut produire entre 740 et 750 logements pour être au point mort. Or, dans la dernière mandature, nous étions à 300 logements annuels. Nous sommes en retard dans l’élaboration de nos documents d’urbanisme et nous n’avons pas su nous doter d’outils de maîtrise foncière. Aussi avons-nous dû procéder à cinq révisions de notre POS ! Mais le Scot de Caen Métropole sera achevé à la fin de l’année et nous aurons un PLU en 2012.
Pour nous, ce dossier est d’une importance capitale, c’est pourquoi nous avons mis en place un PLH ambitieux qui vise les 400 000 habitants à horizon 2030 dans une agglomération très étalée avec des populations regroupées autour de pôles de vie.
- Dans cette perspective, quelles seraient les relations avec les agglomérations voisines ?
A la différence d’un certain projet du Grand Paris qui dévale le long de la Seine et qui risque de faire de Rouen et du Havre des territoires satellites de la capitale, je pense au contraire que nos trois agglomérations doivent jouer groupées pour une métropole millionnaire. Dans le même ordre d’idée, réunifier la Normandie aurait du sens. Ce territoire est une marque forte. En Chine ou aux Etats-Unis, on ne connaît de la France que Paris, la Côte d’Azur… et la Normandie.
