Chaque bulletin de restitution de l’année écoulée chez Mader est l’occasion pour Jean-Marc Kornacker, dirigeant du groupe d’entreprises de construction alsaciennes de 200 salariés, de marteler quelques vérités frappées du coin du bon sens qu’il incarne. Le conducteur de travaux devenu dirigeant par la reprise de la société en mode coopératif (Scop) garde les pieds bien dans le terrain, loin des paraphrases ampoulées qu’il laisse volontiers à d’autres.
L’édition de ce début 2019 ne déroge pas à la règle. Elle fait même partie des millésimes toniques. Retards de chantiers, études pas poussées jusqu’au bout, effets pervers du numérique, lacunes dans les bases de la formation des jeunes : dans son édito, le P-DG du groupe de bâtiment balance.
2018 aura été l’« année la plus complexe pour moi du haut de mes 60 ans dont un peu plus de 32 dans notre entreprise et la compliquée depuis 1995 en tant que dirigeant », commence-t-il par écrire. En cause : « un gros retard de volume, du jamais vu malgré un carnet de commandes important (…) », poursuit Jean-Marc Kornacker, qui pointe « les multiples attentes de plans d’exécution non produits en temps et en heure » et le cas d’une « opération décrochée pour seule raison de démarrage immédiat, marché que nous avons finalement rompu car non démarré six mois plus tard ! »
« Le constat est brutal : pas une affaire ne démarre dans les délais prévus (…) A l’obtention de l’ordre de service de démarrage, les études sont à peine lancées mais pire, souvent la conception détaillée de l’ouvrage ne fait que commencer », poursuit-il. La liste des points concrets défectueux à reprendre est longue chez Jean-Marc Kornacker : « trémie de cages d’escalier oubliée, percements nouveaux à créer, réservations inutiles à reboucher ».

« Manque certain de communication »
« Comment en sommes-nous arrivés à ce degré de non-qualité dans le BTP », s’interroge-t-il ? Le dirigeant avance ses explications : « Un manque certain de communication : les réunions autour d’une table où nous faisons la synthèses thème par thème disparaissent, les innombrables mails les ont remplacées dans un jeu de ping-pong ». Au lieu d’un « dialogue ouvert » pour une « volonté commune d’aboutir vers une satisfaction du client, chacun campe sur ses positions et ses certitudes ». Autre sujet de préoccupation pour le dirigeant : « Une formation de nos jeunes inadaptée : la technique, les mathématiques, le français… aux oubliettes ».
Sans oublier « le numérique omniprésent : 100 courriels apportent-ils un gain de temps par rapport à un rendez-vous ? L’ordinateur a remplacé le cerveau humain, mais que d’erreurs. Il y a quinze ans, le projeteur avait la mémoire du trait tracé et du nombre marqué sur son plan, aujourd’hui nous passons plus de temps à corriger un plan qu’à l’exploiter. Aujourd’hui, le calcul mental fait défaut à nos jeunes et les règles d’un bon métré (à apprendre à l’école) sont bafouées ».
Jean-Marc Kornacker espère le retour de la « communication intelligente ». C’est son vœu pour 2019.