En 2002, Alstom annonçait la fermeture de la quasi-totalité de ses sites industriels implantés à côté des anciens chantiers navals, dans la partie ouest de l'île de Nantes (Loire-Atlantique), où un nouveau quartier était en train de naître. « A l'époque, on avait imaginé fonder la ville sur les éléments préexistants avec l'idée que l'usine Alstom pouvait servir de point de départ au projet », raconte l'architecte paysagiste Alexandre Chemetoff, qui fut en charge de la maîtrise d'œuvre urbaine de l'île de Nantes de 2000 à 2010.
Vingt ans après, le dernier site d'Alstom, une usine de pompes de grande capacité d'Alstom Fluides et Mécanique installée dans les halles Bergeron, face au parc des chantiers, vient de fermer. Propriété du promoteur Quartus, cet ultime vestige va disparaître (la démolition commence en mai) pour laisser place à une opération mixte, conçue par celui par qui tout a commencé, lauréat d'une consultation lancée en 2021. « Ce projet réinterprète la mémoire industrielle, explique Alexandre Chemetoff. Avec l'architecte Christophe Theilmann, dont j'avais repéré les interventions pour la compagnie La Machine installée juste en face, nous avons imaginé une sorte de cour végétalisée, comme le seuil du parc des chantiers, autour de laquelle s'articule un programme mixte. »
Dialogue entre logements et bureaux. Sur une parcelle de plus de 5 000 m2, dont une partie donnant sur le boulevard Léon-Bureau sera rétrocédée à l'espace public, trois bâtiments en structure béton, avec des façades, coursives et balcons en bois et des toitures en sheds viendront terminer le quartier de la création dessiné par Franklin Azzi à partir des 13 halles du site Alstom. Le chantier devrait démarrer en septembre, et fin 2024, cette dernière opération accueillera 7 800 m2 SP de bureaux à destination d'un utilisateur unique, 39 logements (dont 14 sociaux ou abordables avec Nantes Métropole Habitat), 780 m2 de commerces et un petit immeuble de 700 m2 SP dédié à l'industrie culturelle et créative. « Il sera difficile de distinguer les logements des bureaux car tous sont dans une relation de dialogue par un jeu de balcons, coursives, escaliers et passerelles », détaille Alexandre Chemetoff.
L'opération, d'environ 50 M€, a profité du fait que Quartus soit propriétaire de 70 places de stationnement dans le parking des Machines voisin. « Ces places vont être attribuées et font partie du permis de construire qui est en cours d'instruction, explique Yann Pigeard, directeur de Quartus Grand Ouest. Elles nous ont permis d'éviter d'aménager un sous-sol, en ne réalisant qu'un parking réversible de 32 places en rez-de-chaussée ».
Engagé au sein du Booster du réemploi, le promoteur va bénéficier d'un accompagnement pour réutiliser au mieux les matériaux. C'est ainsi qu'une énorme cuve d'essai sera transformée en réservoir d'eau pluviale qui servira à alimenter les toilettes de bureaux en eaux grises et à arroser un jardin conçu comme un îlot de fraîcheur.